Orthèse ODRA pour le mal de genou : le principe de distraction est très intéressant pour les douleurs osseuses dans les arthroses évoluées (alternative à l'opération pour des gens âgés), ou en prévention dans les désaxations marquées de genou (genuvarum, jambe en parenthèse). Efficacité à vérifier à l'usage. N'hésitez pas à nous envoyer vos retours d'expérience
Le genou est une
articulation portante. Les extrémités osseuses
du fémur et du tibia sont recouvertes par du cartilage, une
couche plus élastique que l'os. C'est le "pneu" de
l'articulation. Quand il a complètement disparu, dans l'arthrose évoluée,
vous roulez sur les "jantes", os contre os, et comme une
voiture aux pneus crevés vous n'allez pas bien loin. Le cartilage
normal est humecté d'une petite quantité de synovie,
un liquide visqueux qui facilite le glissement, fabriqué par
la membrane synoviale, la première couche de l'enveloppe articulaire.
En cas d'irritation de l'articulation, la membrane synoviale sécrète
de grosses quantités supplémentaires de synovie pour
mieux "matelasser"
l'articulation et diluer la source de l'irritation. C'est "l'épanchement
de synovie", qui fait doubler votre genou de volume. L'extémité du fémur a
la forme de 2 sphères accolées (les condyles), tandis que
l'extrémité du tibia est un plateau en forme de haricot.
Pour mieux articuler ces formes différentes, mère Nature
nous a pourvu de 2 ménisques, des croissants de cartilages qui
doublent le tour du plateau tibial et dont la partie extérieure
est plus relevée: ils rendent ainsi le plateau plus creux et mieux
adapté à contenir les condyles schéma.
Le genou reste cependant une articulation moins "encastrée"
et plus instable que la hanche. Les ménisques sont soumis à
des contraintes importantes lors des mouvements en rotation du genou,
ce qui favorise leur fissuration au fil des années. L'instabilité
peut être considérablement majorée par la rupture
des ligaments croisés, liaison la plus serrée entre fémur
et tibia.
La détérioration du genou est aussi favorisée par
les anomalies d'axe du membre inférieur. Elles sont de 2 types:
genoux normaux - genuvarum - genuvalgum
1) Le membre n'est
pas droit, les genoux sont soit trop écartés (genuvarum,
aspect de "jambes de cavalier"), soit trop rapprochés
(genuvalgum, les genoux se touchent mais pas les chevilles); normalement
chevilles jointes on doit pouvoir passer un ou deux doigts entre les genoux;
attention, le surpoids fausse l'appréciation de cet axe, seules
les radios sont fiables.
2) Le squelette du membre présente une rotation qui fait regarder
la rotule vers l'extérieur ou l'intérieur. De plus, la forme
de l'extrémité du fémur peut varier: la "vallée"
entre les condyles à l'avant, où glisse la rotule, peut
être plus ou moins profonde et la rotule s'engage plus ou moins
bien dedans.
En cas de genuvarum ou genuvalgum, la pression sur la partie intérieure
ou extérieure du genou augmente, risquant d'user plus rapidement
le cartilage et le ménisque de ce côté. En cas de
rotation du squelette de la jambe, c'est la rotule qui va subir des contraintes
anormales sur sa face intérieure ou extérieure.
Ainsi, le destin d'un genou est déterminé par de nombreux
facteurs, que l'on peut classer en:
-ceux sur lesquels on ne peut pas agir (pour l'instant): les gènes
qui influencent la résistance du cartilage, les traumatismes du
genou et leurs séquelles.
-ceux sur lesquels on peut agir par des moyens simples: le surpoids,
la façon dont on se sert de ses genoux dans la journée, les
anomalies modérées de position de la rotule (rééducation),
les instabilités modérées (genouillère et
rééducation).
-ceux sur lesquels on peut agir par des moyens lourds (chirurgie): l'axe
des membres inférieurs, l'instabilité par rupture des ligaments
croisés, les anomalies marquées de la rotule.
Le cartilage, comme tout tissu de l'organisme, s'auto-répare en
permanence. Il n'est pas alimenté par des vaisseaux sanguins et
les nutriments nécessaires à son entretien diffusent à
partir de l'os sous-jacent. Ce processus se fait essentiellement quand
l'articulation n'est pas en charge: la pression sur le cartilage et l'os
sous-jacent gène la diffusion. Mais la pression et donc l'activité
physique n'est pas que mauvaise: c'est elle qui incite le cartilage à
se réparer. Ainsi les douleurs cartilagineuses qui suivent un effort
sportif inhabituel ne sont pas forcément inquiétantes: avant
50 ans, c'est en général une réaction normale de
votre cartilage, qui active sa réparation avec un afflux sanguin
dans la région ressenti comme pénible. N'insistez pas si
des douleurs vives reprennent dès que vous insistez trop longtemps.
Mais si vous vous "dérouillez" rapidement, c'est bon
signe; votre articulation est sans doute en train de s'adapter.
Globalement il vaut mieux pour ses genoux avoir des activités qui
stimulent activement le cartilage pendant des durées brèves
(marche rapide, sports, efforts physiques ponctuels) et être assis
le reste du temps, plutôt que piétiner toute la journée
sans faire d'efforts physiques violents*.
Diagnostic d'une douleur du genou - pour les novices (en cours...)
L'arthrose débute
quand la capacité de réparation
du cartilage est dépassée: sa surface, normalement ferme
et élastique, se ramollit. Le poids et les frottements vont
arracher des lambeaux de cartilage. Ces débris sont irritants
pour l'articulation, ont un effet abrasif surtout quand l'articulation
reste sèche (habituellement
elle réagit par une poussée de synovite, liquide abondant
qui vient diluer tout cela), avec production de nouveaux débris.
Parfois ce cercle vicieux va très vite et on assiste à une arthrose
destructrice rapide, avec un cartilage complètement raboté en
l'espace de quelques mois.
Mais habituellement c'est un processus lent, alternant des phases de
destruction et des phases de stabilisation, où le cartilage retrouve sa fermeté.
Cela explique l'évolution de l'arthrose par poussées
successives.
Pour les adhérents:évolution
de l'arthrose en arthroscopie.
A la première crise d'arthrose, les radios peuvent être normales:
le ramollissement de surface n'a pas encore modifié l'épaisseur
du cartilage. Petit à petit un amincissement apparaît, rapprochant
les extrémités du fémur et du tibia. Ces rebords
osseux sont soumis à des pressions plus importantes, et le tissu
osseux est contraint de se renouveler plus rapidement. C'est la congestion
des tissus environnants, dont l'os, qui fait souffrir dans l'arthrose
car le cartilage lui-même est dépourvu de nerfs. Le renouvellement
accéléré de l'os a tendance à être un
peu anarchique et produit les rebords osseux épaissis responsables
des déformations de l'arthrose. Vous avez ainsi les 3 signes radiologiques
classiques enseignés à tous les étudiants en médecine:
diminution de l'interligne entre les os, consensation osseuse, et becs
osseux déformant les rebords.
La poussée congestive de l'arthrose correspond à une phase
de dégradation rapide du cartilage: des débris sont libérés
dans l'articulation et l'irritent considérablement. Le genou est
enflé, difficile à plier, douloureux en permanence même
sans appui. Votre médecin vous prescrira des anti-inflammatoires.
Le repos doit être strict. Si le gonflement est net, il est judicieux
de ponctionner le
liquide. Ces vilaines aiguilles vous semblent bien agressives mais
avec une anesthésie locale c'est très supportable. Précisez
si vous prenez des anti-coagulants, il faudra les arrêter 2 jours
avant la ponction. 3 avantages de la ponction: Elle retire un liquide
chargé en débris et en produits de dégradation du
cartilage, très irritants pour l'articulation. Si le gonflement
se reforme, ce n'est pas grave: reponctionnons. Cela fait un excellent
lavage, le liquide de lavage étant fourni par le genou lui-même.
La ponction permet aussi d'éviter la distension prolongée
des enveloppes articulaires (favorise une instabilité ultérieure
du genou). Enfin, plus accessoirement, la ponction permet d'injecter à
la fin un dérivé de la cortisone, dont l'effet sur vos douleurs
sera nettement supérieur aux comprimés d'anti-inflammatoires.
Cette injection n'est pas obligatoire si vous êtes méfiant
vis à vis de la cortisone. Elle est surtout conseillée en
cas de douleurs importantes, remplaçant un grand nombre de pilules
aux effets secondaires potentiellement plus embêtants.
Quand l'arthrose vous donne des douleurs très pénibles dès
le moindre appui alors qu'au repos c'est supportable, c'est qu'il existe
de véritables microfractures de l'os sous-jacent. Les anti-inflammatoires
même en infiltration ne seront pas efficaces. Seule solution: la
décharge. Cela ne veut pas dire repos complet car vu la
durée
nécessaire (4 à 6 semaines comme toute fracture), vous avez
le temps de perdre tout votre tonus musculaire. Il faut éviter
l'appui, comme pour une petite fracture de l'avant-pied, par 2 cannes
anglaises: vous devez bouger, mais sans mettre de poids sur ce genou.
Une activité d'entretien conseillée: la natation. Si vous
vous déplacez beaucoup avec vos cannes anglaises, méfiez-vous
des épaules: une tendinite est facilement déclenchée.
Gardez vos épaules en position basse pour l'éviter.
Dans l'arthrose du genou, les médicaments n'ont qu'un rôle
de confort. A l'heure actuelle, les nombreux anti-arthrosiques de fond
n'ont pas pu démontrer être capables d'éviter une
seule prothèse de genou. Il existe pourtant des traitements de
fond efficaces, non médicamenteux, moins simples à mettre
en oeuvre. Citons-les du plus simple vers le plus lourd:
- L'hygiène
de vie du genou,
Pour les adhérents:fiche,
dont le repos en période de crise, est un véritable traitement
de fond. Le soulagement apporté par les médicaments ne peut
pas vous permettre d'y échapper. Il est même néfaste
d'ignorer la douleur à coup de calmants pour continuer à se
servir de son genou au milieu d'une crise.
- Les semelles peuvent être utiles, en particulier le coin talonnier
soulevant l'intérieur du talon dans l'arthrose de l'intérieur
du genou. Le but est de modifier légèrement l'axe de la
jambe pour soulager la partie interne surmenée du genou. L'effet
est améliorée par un strapping élastique de la
cheville: il empêche celle-ci de basculer trop sous l'effet
du coin talonnier, ce qui annulerait l'effet sur le genou. Dans toutes
les arthroses du genou, une semelle visco-élastique amortit
efficacement les chocs et réduit
l'agression du cartilage. Des études n'ont pas montré d'efficacité
des semelles. L'effet est sans doute très individuel et dépendant d'autres
facteurs d'hygiène de vie. La façon d'utiliser son genou
est le plus important.
- Les orthèses correctrices des déviations du genou sont
assez contraignantes mais ont démontré leur efficacité.
Elles sont très utilisées aux USA, peu en France. Elles
sont à conseiller pour les genoux instables et déviés,
surtout chez ceux qui n'envisagent pas de se faire opérer.
- Les injections de hyaluronate
sont probablement un vrai traitement de fond*.
Ce gel injecté dans l'articulation capte les débris, diminue les frottements,
nourrit le cartilage. Les études ne permettent pas de juger des
résultats à long terme (prothèses évitées?). Mais c'est parce qu'elles
ne sont pas réalisées: très coûteuses, les labos hésitent à les réaliser
parce que le produit n'est pas brevetable.
Sur le blog: Injection “d’huile” dans le genou: N’attendez
pas!
- La greffe de cartilage consiste à prendre des ronds de cartilage
dans une partie saine du genou (à l'arrière, zone beaucoup
moins sollicitée) et à les greffer sur la zone abîmée.
Séduisante en théorie, ses indications sont en fait très
réduites: elle se pratique après traumatisme du cartilage
(sportif le plus souvent) chez une personne jeune (avant 45 ans de préférence).
Ce n'est pas une solution dans l'arthrose étendue habituellement
constatée après 50 ans: la greffe se détériore
très vite. Présentation
très complète et très claire de la greffe de
cartilage par un kiné.
- La chirurgie de réaxation du membre est beaucoup plus lourde
mais est également un traitement de fond en stoppant la dégradation
d'un compartiment du genou.
Enfin certains traitements sont à mi-chemin entre le confort et
l'effet de fond et ne doivent pas être négligés: ce
sont ceux pratiqués chez le kinésithérapeute: physiothérapie
(certaines méthodes favorisent peut-être la réparation
en activant la circulation locale), étirements, reconditionnement
musculaire du genou.
A un stade évolué de l'arthrose (disparition complète
du cartilage sur une zone plus ou moins large), aucun traitement de
fond n'a d'effet spectaculaire et durable. Il faut discuter le remplacement
de votre genou par une prothèse.
Retenez bien que ces traitements sont indiqués à des moments
différents: La poussée congestive se traite par repos et
ponctions, les injections de hyaluronate n'ont aucun intérêt
à ce stade alors qu'elles sont très utiles dans les douleurs
chroniques. Si le genou reste enflé mais n'est plus (très)
douloureux, ces injections redeviennent possibles. Le médecin vous
ponctionnera le liquide résiduel avant la première. Le genou
ré-enflera sans doute légèrement mais ce n'est pas
grave: la viscosité du liquide sera très amélioré
par le hyaluronate et votre articulation va se réparer dans
de meilleures conditions.
Le ménisque
est un croissant de cartilage dont le bord extérieur est relevé.
Chaque genou en comporte deux, un placé à l'intérieur,
l'autre à l'extérieur. Ils servent à stabiliser le
genou, les extrémités du fémur (2 boules) et du tibia
(un plateau en forme de haricot) n'étant pas bien congruentes (elles
ne collent pas bien l'une à l'autre). Les ménisques sont
donc sollicités en permanence dans les mouvements qui tendraient
à "déboîter" le genou: mouvements de rotation
et en particulier un mouvement de flexion avec une contrainte en rotation.
C'est pourquoi les sports qui "cassent" classiquement du ménisque
sont ceux avec fréquents démarrages rapides et changements
de direction brutaux: sports de ballons, de raquettes, arts martiaux. Chez un jeune (avant 40 ans):
Les lésions du ménisque sont généralement
traumatiques: fracture plus ou moins étendue d'une corne de ménisque,
le plus souvent horizontale dans son épaisseur: l'extrémité
du ménisque s'ouvrirait comme une langue fourchue si l'on tirait
sur les bords de la fracture. Si la fracture est importante, un morceau
du ménisque peut se replier et former un "volet" ou un
"clapet" de cartilage: le genou peut être alors complètement
bloqué dans son fonctionnement. Ce n'est pas juste la douleur qui
vous empêche de fléchir. Vous sentez une véritable
opposition au mouvement. Il est peut-être possible de manipuler
ces genoux pour les débloquer, mais l'importance de la lésion
méniscale rend préférable une arthroscopie d'emblée
pour la suturer ou l'enlever.
A une époque les chirurgiens ôtaient facilement de bonnes
portions voire la totalité du ménisque: les patients en
étaient très satisfaits: aucune douleur résiduelle,
les extrémités du fémur et du tibia étant
recouvertes de cartilage en bon état, tout refonctionnait très
bien. Mais le ménisque n'est pas si inutile: élément
de stabilisation important, son absence entraîne ultérieurement
une arthrose beaucoup plus rapide que prévu. Quand on s'est aperçu
que tous ces footballeurs sans ménisques commençait une
gonarthrose à 40 ans, on s'est mis à essayer de les conserver
un peu mieux. Actuellement chez un jeune, c'est la suture du ménisque
qui est privilégiée: on coud tout bêtement les 2 bords
de la fracture. Malheureusement un cartilage ne cicatrise pas aussi vite
que la peau et les suites de ces arthroscopies sont nettement plus longues
et douloureuses que les classiques ablations du ménisque. Vous
en bavez un peu plus, mais vous préservez votre avenir.
Si vous avez déjà perdu un ménisque et que vous commencez
à souffrir d'une arthrose avec beaucoup d'années d'avance,
il existe une solution: le remplacement du ménisque. 2 techniques:
1) La greffe méniscale, n'est pas pratiquée en France en
l'absence de banque de ménisques (nécessaire compatibilité
génétique entre le donneur et le receveur).
2) Le ménisque artificiel, est posé en France. Les 2 techniques
donnent de très bons résultats pour les ménisques
internes remplacés avant 40 ans. Après cet âge il
faut juger au cas par cas. Les lésions d'arthrose doivent rester
limitées pour espérer un bon résultat.
Mais d'abord, doit-on opérer toutes les lésions méniscales?
Comme n'importe quelle fracture, un ménisque va consolider si on
laisse la réparation se faire tranquillement. Le ménisque
étant très mal alimenté, elle est très lente.
On ne plâtre pas un ménisque abîmé, l'immobilisation
devrait durer 2 à 3 mois. C'est encore plus long qu'une fracture
osseuse. L'os saigne plus et se répare mieux: le sang apporte les
cellules réparatrices et les nutriments en abondance sur le site.
Le seul moyen de laisser la lésion méniscale tranquille
est d'esquiver soigneusement la douleur. Si elle se déclenche dès
les premiers pas, le moindre changement de position, vous avez peu de
chances de vous en sortir seul: tous ces mouvements vont mobiliser la
lésion et l'empêcher de consolider. Par contre, si la douleur
ne survient dans des circonstances évitables (sport, genou gardé
fléchi longtemps), vous pouvez faire les compromis nécessaires
et espérer éviter une opération. Fréquemment
tous les sports ne réveillent pas la douleur. La course à
pied est à éviter: chocs répétés sur
le genou; le vélo, avec son mouvement de jambe très régulier,
est souvent possible. Votre guide principal est toujours la douleur. Elle
ne doit pas se réveiller, surtout pendant l'activité, ni
de préférence après. Au bout de 2 à 3 mois
sans avoir pratiqué les sports qui réveillent votre douleur,
vous pouvez les reprendre avec prudence. Un traitement d'avenir?
Les injections de hyaluronate,
sorte de synovie (le liquide qui humecte les surfaces des cartilages)
traitée chimiquement pour augmenter sa viscosité, sont essentiellement
utilisées dans l'arthrose, mais ont été testées
chez l'animal sur des fractures provoquées du ménisque et
ont nettement accéléré sa cicatrisation. Affaire
à suivre. De 40 à 60 ans:
Les lésions méniscales sont encore souvent traumatiques,
mais commencent aussi à être liées à une usure
de l'articulation: ménisque dit "dégénératif".
Les examens apprécient la part des choses et permettent de choisir
au cas par cas entre réparation et ablation (quand les douleurs
traînent bien sûr). Attention à ne pas enlever trop
facilement un ménisque dégénératif même
s'il semble clairement responsable des douleurs. L'usure se fait par définition
sur la partie la plus sollicitée du genou, et quand on enlève
un bout de ménisque à cet endroit, les cartilages du fémur
et du tibia vont trinquer directement, précipitant parfois une
arthrose rapide. La réparation doit être privilégiée
en particulier pour les lésions du ménisque externe et pour
les genoux laxes (ligaments détendus ou rompus entraînant
des mouvements anormaux ou trop amples de l'articulation). Une réparation
de ligament croisé rompu sera éventuellement conseillée.
Cependant la suture du ménisque ne peut être qu'envisagée
avec les examens pré-opératoires. C'est pendant l'intervention
que le chirurgien juge des possibilités réelles de réparation.
Ne soyez pas trop déçu si votre ménisque subit une
classique "régularisation", c'est-à-dire l'ablation
de la partie abîmée. Au moins, vous aurez des suites opératoires
beaucoup plus faciles. Après 60 ans:
Les ménisques sont rarement seuls en cause dans les douleurs du
genou. L'arthrose est fréquemment associée et il est difficile
même avec des examens sophistiqués de préciser la
part du ménisque dans le handicap. Or c'est lui seul qui sera amélioré
par un traitement arthroscopique. Comme c'est une intervention peu agressive,
on peut s'y résoudre en cas de doute, mais il ne faut pas en espérer
un résultat garanti. L'arthroscopiste vous annoncera seulement
après l'opération quel est l'état exact de votre
cartilage et le bénéfice que vous pouvez espérer
de ce qu'il a fait. Ne vous désespérez pas: le traitement
médical de l'arthrose fait de grands progrès au genou
(hyaluronate).
Le kyste
poplité n'est pas un kyste au sens propre (bulle de liquide fermée
et indépendante). C'est une "poche" de l'articulation
du genou. L'articulation, rappelons-le, est fermée par une enveloppe
assez lache, la membrane synoviale, qui fabrique la synovie. Cette enveloppe
se glisse entre des muscles à l'arrière du genou pour former
une "annexe", que l'on appelle en temps normal la bourse poplitée.
Elle communique avec le reste de l'articulation par l'orifice, assez étroit,
entre les muscles. Quand un problème quelconque affecte l'intérieur
du genou, arthrose, ménisque, entorse, arthrite rhumatismale, la
membrane synoviale réagit par la fabrication de synovie en larges
quantités: c'est l'épanchement de synovie. Cet afflux vient
remplir tous les recoins de l'articulations, en particulier les plus laches
que sont le cul-de-sac sous-quadricipital (au-dessus de la rotule, c'est
là que le genou est visiblement le plus empâté) et
la bourse poplitée. Si l'épanchement traîne en longueur
ou se reproduit, ces culs-de-sac vont finir par se dilater. On parle alors
de "kyste" poplité parce que la bourse a une taille augmentée
et devient perceptible. Elle entraîne une tension pénible
à l'arrière du genou, particulièrement si on le fléchit.
Mais la bourse communique généralement encore avec l'articulation.
C'est très important. Car le vrai problème n'est pas le
traitement du kyste, mais de la maladie du genou qui a abouti à
sa formation. Les douleurs sont trop souvent attribuées au kyste
alors qu'elles proviennent du ménisque ou de la zone de cartilage
lésée. Un bon test pour le vérifier: la tension liée
au kyste est rapidement soulagée par la ponction de l'épanchement.
Dans la plupart des cas, la ponction par voie habituelle, sur le côté
du genou, est suffisante. Parfois, le liquide du kyste a vieilli, est
devenu plus épais, ou la paroi du kyste s'est enflammée:
la communication avec l'avant de l'articulation s'est obturée.
C'est la seule situation où l'on peut vraiment parler de kyste.
Le médecin le devine à l'examen car la tension retrouvée
en le palpant est nettement plus forte que sur le reste du genou. Le
plus souvent la ponction reste efficace, mais il faut la faire directement
dans le kyste, et injecter ensuite un anti-inflammatoire.
Les opérations de kyste poplité devraient ainsi rester exceptionnelles.
Beaucoup d'opérés sont déçus, avec une amélioration
partielle ou temporaire, parce qu'on a pas traité le problème
primitif du genou.
Tendinites
du genou
Les tendinites du
genou sont l'apanage du sportif. Etonnez-vous que l'on vous aie fait
ce diagnostic si vous avez passé la cinquantaine et n'avez pas forcé depuis
longtemps sur un terrain de sport. Les tendinites habituelles au genou
sont:
- La tendinite patellaire (du tendon rotulien, qui va de la rotule à l'avant
du tibia)
- La tendinite du fascia lata, ou syndrome de la bandelette ilio-tibiale:
c'est une bandelette tendineuse qui balaye l'extérieur du genou
lors des mouvements de flexion-extension et qui peut s'irriter des frottements
répétés sur l'os.
- La tendinite de la patte d'oie, à l'intérieur du genou.
Le traitement est identique dans les grandes lignes: arrêt du geste
sportif responsable ou, mieux accepté, remplacement provisoire
par une autre activité sportive, ce qui peut avoir les meilleurs
résultats à long terme par une modification des conditions
de travail des groupes musculaires locaux. Physiothérapie, étirements.
Les tendinites les plus traînantes sont celles du tendon rotulien,
surtout quand il s'agit de la zone d'attache du tendon sur la rotule (enthésopathie)
car les tissus se renouvellent très lentement à cet endroit.
Certaines techniques de rééducation donnent de bons résultats. Pour les adhérents:Le renforcement excentrique
Il est préférable d'avoir affaire à
un kinésithérapeute habitué aux problèmes sportifs.
Entorse
du genou
Les
entorses regroupent des situations très différentes,
avec des degrés de gravité très variables. Prenons
2 situations radicalement opposées:
1) L'entorse sévère en milieu sportif d'un jeune: traumatisme
grave, gonflement du genou qui devient impotent immédiatement,
la ponction du gonflement ramène du sang. Il s'agit d'une déchirure
ligamentaire, probablement touchant les ligaments croisés. L'immobilisation
stricte et prolongée (6 semaines) est de rigueur. Chez les grands
sportifs se discute une visite d'emblée du genou par arthroscopie
pour assurer la meilleure cicatrisation possible des ligaments croisés,
essentiels à la stabilité ultérieure de l'articulation.
2) Une torsion banale chez une personne plus âgée, dont les
douleurs du genou traînent en longueur: les ligaments n'ont pas
été très abîmés et sont probablement
déjà cicatrisés, mais l'entorse a décompensé
une maladie sous-jacente du genou, arthrose ou lésion méniscale,
qui prend le relai. Nous vous renvoyons au traitement de ces affections.
Entre ces 2 âges, il faut se méfier des ruptures de ligament
croisé qui ne sont pas toujours très gênantes. La
douleur aiguë initiale peut s'être atténuée rapidement
et persiste une simple impression de fonctionnement anormal du genou.
Ces ruptures entraînent une instabilité qui favorisera ultérieurement
une arthrose. Un spécialiste doit examiner votre genou, juger du
degré d'instabilité et de son retentissement en fonction
de votre activité physique, et vous proposer éventuellement
une réparation Pour les adhérents:réparation
chirurgicale d'une rupture du ligament croisé antérieur
Douleurs irradiées
au genou
Nombreuses sont
les douleurs du genou qui ne proviennent pas de cette articulation.
Le genou est en effet la terminaison d'un gros nerf de la jambe, le
nerf crural. Les terminaisons d'un nerf, c'est l'endroit où vous
allez ressentir violemment toute irritation de ce nerf en un point
quelconque de son trajet. Le crural part des vertèbres lombaires,
passe devant la hanche et se termine au genou. Quelques filets nerveux
peuvent continuer
à la jambe sur le devant du tibia. Une cruralgie
et les maladies de la hanche peuvent
donner une douleur localisée exclusivement au genou. Ce sont
les cas les plus piégeants. Habituellement la douleur irradie
davantage sur le territoire du nerf crural: elle prend aussi le devant
de la cuisse et la région de l'aine, fait parfois le tour du
bassin pour remonter vers son origine vertébrale.
Il est facile de se rendre compte que votre genou n'est pas en cause:
alors que la douleur peut être très violente, votre articulation
se plie facilement et aucun effort dessus ne réveille spécialement
votre gêne. Attention de ne pas bouger la hanche ou les lombaires
en même temps! Si un doute persiste, une radio démontrera l'intégrité
de votre genou. Le médecin pensera judicieusement à profiter
de votre visite au radiologue pour faire vérifier votre hanche et
votre colonne lombaire. Vous aurez par exemple la surprise de découvrir
que vous avez une arthrose évoluée de la hanche, qui s'est
révélée par cette douleur de genou. Le traitement est
bien sûr celui de la maladie véritablement en cause.
Algodystrophie
Affection longue
et continuellement douloureuse, elle est traitée
en détail à algodystrophie
du bras. Au genou elle est presque toujours secondaire à un
traumatisme, entorse, fracture, intervention chirurgicale. Il y a
un intervalle de quelques semaines entre l'algodystrophie et sa cause
déclenchante. C'est une
des causes principales de résultat médiocre d'une opération.
Mais au moins ces douleurs finissent toujours par disparaître
complètement.