Névralgie cervico-brachiale La névralgie cervico-brachiale (NCB) est l'équivalent
d'une sciatique au bras. Le conflit irritant le nerf se situe au niveau
d'une vertèbre cervicale au lieu d'une lombaire, et le territoire
douloureux des racines nerveuses concernées se fait dans la région
de la clavicule, le haut du dos et de la poitrine, et et le bras. Les
6ème, 7ème et 8ème racines sont les plus souvent
concernées. C'est au niveau des doigts que l'on identifie le mieux
le nerf exactement concerné.
Comme les autres névralgies, c'est une douleur particulière
par son caractère lancinant, les sensations anormales qui l'accompagnent
(fourmillements, engourdissements, gonflement, courant électrique),
et le fait qu'elle ne soit pas directement influencée par les mouvements
du bras: la douleur est quasi-permanente, que vous soyez actif ou pas.
Le repos n'est pas efficace. Vous pouvez ressentir des points douloureux
plus précis dans le bras qui vous font penser à une tendinite
à cet endroit. Ils correspondent aux terminaisons nerveuses les
plus irritées. Mais vous avez en fait du mal à localiser
une zone bien précise et permanente, les douleurs sont souvent
changeantes et migratrices, et vous n'arrivez pas à trouver de
position pour vous en débarrasser.
Les 2 causes principales
de NCB sont l'arthrose cervicale et la hernie discale. Contrairement aux
vertèbres lombaires, ces 2 causes sont souvent associées,
même chez une personne jeune. L' "arthrose" cervicale
démarre en effet assez tôt, ces vertèbres étant
très mobiles et soumises à de nombreuses contraintes voire
traumatismes (entorses cervicales). On voit couramment dès la trentaine
des disques détériorés et une déformation
des rebords des vertèbres de chaque côté. Ces déformations,
les fameux "becs de perroquet", empiètent sur le trou
de conjugaison, orifice par lequel la racine nerveuse sort sur le côté
de la vertèbre (schéma). Une hernie discale empiète
aussi au même endroit. Les disques étant plus petits et les
contraintes moins importantes qu'au niveau lombaire, il est rare d'expulser
brutalement une grosse hernie. Ce sont souvent de petites hernies bien
tolérées qui ont "poussé" progressivement.
Elles durcissent en vieillissant et rétrécissent de façon
permanente le trou de conjugaison comme l'arthrose. La douleur du nerf,
la NCB, apparaît en fait quand des activités énergiques
de votre bras (tiraillements sur le nerf) ou une mauvaise posture de votre
tête (nerf au contact de l'arthrose) viennent irriter le nerf. La
racine nerveuse gonfle, se retrouve encore plus coincée, et vous
vous engagez dans un cercle vicieux pour plusieurs semaines à plusieurs
mois.
Sur la présentation on distingue 2
formes de NCB très différentes: 1) La forme très inflammatoire:
douleurs invalidantes, permanentes, particulièrement nocturnes.
C'est la plus susceptible de réagir aux traitements anti-inflammatoires:
anti-inflammatoires classiques, cortisone en infiltration ou en comprimés.
Des antalgiques de niveau 2 minimum seront utilisés, et s'ils ne
sont pas assez efficaces, il ne faut pas hésiter à réclamer
de la morphine à votre médecin: elle a moins d'inconvénients
que l'abus d'antalgiques plus simples mais insuffisants. Une mise au repos
du cou (collier cervical voire minerve) et du bras (utilisation coude
au corps) est conseillée, bien que peu spectaculaire sur le moment. 2) La forme peu inflammatoire:
douleurs modérées, intermittentes, réveillée
dans les jours suivant une agitation inhabituelle (bricolage, travaux
domestiques, jardinage, sport utilisant ce bras), médicaments inefficaces.
C'est la situation sur laquelle tous les thérapeutes se cassent
les dents: infiltrations inefficaces, manipulations sans effet si elles
sont prudentes, aggravant parfois si elles sont plus agressives, minerve
ne faisant qu'apporter une gêne supplémentaire. Le moins
inefficace est une rééducation posturale visant à
modifier de la façon la plus permanente possible la position de
votre tête. Il s'agit en général d'exercices tête
droite et de musculation de l'arrière du cou, mais ils sont à
personnaliser en fonction de la posture où vous vous sentez le
plus à l'aise. Il faut revoir également toutes vos positions
habituelles dans la vie quotidienne et les corriger, faire des adaptations
du poste de travail, s'interrompre régulièrement pour faire
des exercices de postures.
Les radios de la colonne cervicale sont utiles pour apprécier globalement
l'arthrose et son retentissement sur les trous de conjugaison. Les autres
examens complémentaires, scanner et IRM, ne sont pas nécessaire
au début d'une NCB car n'influencent pas la conduite du traitement
et ne permettent pas de faire un pronostic: de grosses hernies guérissent
parfois facilement et réciproquement des arthroses minimes vont
irriter longtemps. Il existe cependant à notre avis une exception:
quand les signes sont peu typiques et que le médecin hésite
entre un simple "dérangement" vertébral (le populaire
"blocage" de vertèbre) et une véritable névralgie
cervico-brachiale. Il est prudent, avant de faire une manipulation (traitement
de choix du blocage) de vérifier l'absence de hernie par un scanner
ou une IRM. Paradoxalement ce n'est donc pas si vos douleurs sont très
importantes que ces examens sont justifiés dès le début,
mais au contraire si elles sont peu étendues et que l'on doute
de leur origine.
Bien évidemment l'échec d'un traitement médical bien
conduit entraînera la prescription systématique de ces examens
par votre médecin. Vous arrivez à l'orée du traitement
chirurgical. Une dernière solution si vous n'êtes pas très
tenté par le bistouri: l'infiltration par voie foraminale radio-guidée:
un peu pénible car la proximité de la moelle épinière
empêche d'utiliser une anesthésie locale, cette injection
aborde votre colonne par le côté et vise à déposer
un corticoïde directement dans le trou de conjugaison, au contact
de la racine nerveuse irritée. Principale condition: être
sûr du trou concerné, car l'arthrose touche souvent plusieurs
vertèbres, et même si scanner et IRM précisent beaucoup
mieux les choses, ils ne déterminent pas avec certitude la racine
enflammée. C'est le boulot du médecin d'établir la
cohérence avec le trajet de votre douleur et une éventuelle
zone d'insensibilité ou un réflexe disparu au bras.
Chirurgicalement, on
distingue également 2 formes pronostiques de NCB:
1) Celles qui sont liées principalement à une franche hernie
discale, "molle" (récente), avec peu d'arthrose: le résultat
est habituellement excellent, sans douleurs résiduelles.
2) Celles qui sont liées à une association d'arthrose et
de hernie: les résultats sont moins constants. Si l'arthrose est
diffuse, vous risquez ne pas être opéré au site exact
du conflit. Vous aurez sans doute des douleurs résiduelles car
contrairement à la hanche ou au genou, on ne "change"
pas tout. Si avez eu un avis chirurgical enthousiaste, vous pouvez légitimement
en prendre un second, de préférence à l'hôpital
où les promesses sont en général plus mesurées.
Ne soyez pas surpris de l'emplacement de votre cicatrice post-opératoire:
la voie habituelle des chirurgiens se situe en effet en avant de la carotide,
le disque intervertébral étant beaucoup plus au centre du
cou qu'on ne l'imagine.
Algodystrophie
du bras Lalgodystrophie est une maladie longue et pénible, bien
que finissant toujours par guérir quasiment sans séquelles.
Sa cause est
encore sujet de discussions. Lexplication classique, dont vous entendrez
parler chez la plupart des médecins, fait intervenir un dérèglement
du système nerveux sympathique. Ce système est indépendant
de la volonté. Les nerfs qui le constituent sont ceux qui font fonctionner
nos automatismes: respiration, sphincters, battements cardiaques Cest
en quelque sort le système de maintenance de lorganisme.
Sympathique, en loccurrence ce système ne lest pas quand
il se dérègle, puisque tout déraille dans la région
concernée par les troubles: microcirculation (oedème, chaleur
anormale), peau et autres tissus mous, tendons (rétractions,
aspect cicatriciel), glandes sudoripares (excès de sueur), os (décalcification).
Les nerfs soumis à la volonté sont également touchés.
Cela explique les douleurs importantes, hors de proportion avec ce que vous
voyez: ce bras na pourtant pas lair dêtre passé
dans une broyeuse! Vos sensations sont anormales: quelquun vous effleure,
vous ressentez un choc électrique! Vous êtes intouchable. Une
catastrophe pour la relation de couple! Des sensations normalement anodines,
comme le froid ou le chaud, deviennent douloureuses. La commande des muscles
est souvent perturbée, mais habituellement de façon discrète:
crispations, tremblements, perte de force. Cest aussi parce que la
douleur est omniprésente que vous nosez pas vous servir de
votre bras. Il ny a pas de véritable paralysie.
Les conceptions sur lorigine de lalgodystrophie ont évolué:
on pense maintenant quil sagit dune stimulation anormale
et prolongée de la moelle épinière par les nerfs de
la région où vous allez faire votre algodystrophie. Dans certains
cas cette zone a été traumatisée (choc, étirement
brutal, opération ) mais pas toujours. Sil y a eu traumatisme,
la stimulation anormale vient dune lésion dun nerf, qui
ne se répare pas ou qui va mettre tellement longtemps à se
réparer quelle provoque entretemps des perturbations sur la
moelle épinière, qui est la destination de ce nerf. Quand
il ny a pas eu de traumatisme beaucoup de médecins constatent
quil existe souvent un tempérament particulier chez les personnes
atteintes dalgodystrophie: ce sont souvent des grands nerveux. Mais
ce nest pas le tempérament qui déclenche directement
la maladie. Alors? Sagit-il de personnes qui négligent trop
une douleur banale mais insistante dans leurs activités quotidiennes,
ou au contraire qui se crispent trop à cause de ces douleurs banales,
ce qui perturberait leurs automatismes? Ces personnes ont une grande fréquence
de douleurs vertébrales antérieures à l'algodystrophie,
à type de "blocages" fréquents. Une souffrance chronique
des nerfs au niveau de la colonne déclenche-t-elle l'algodystrophie?
En tout cas, quand cette maladie sest installée, elle devient
autonome et ce nest plus lamélioration de
lhygiène de vie ou les manipulations vertébrales qui
peuvent la guérir rapidement.
Lalgodystrophie est aussi appelée Syndrome
Douloureux Régional Complexe (SDRC).
Cest plus parlant! Il existe en fait 2 variétés
de SDRC:
-Le SDRC type 1 fait suite à un traumatisme souvent indirect où
on ne retrouve pas de lésion nerveuse précise, ou alors il
ny a pas eu de traumatisme du tout. Les douleurs concernent une large
région, voire tout un membre. Les troubles de circulation (oedème,
chaleur) sont fréquents, de même que la décalcification
et laspect cicatriciel de la peau. Cest la forme la plus fréquente,
que lon continue à appeler algodystrophie.
-Le SDRC type 2 ou causalgie: un nerf
a été
lésé localement, après un traumatisme ou une répétition
de micro-traumatismes. Les tissus où se termine ce nerf deviennent
hypersensibles alors quon ne voit rien danormal. Cest
une grande cause de conflit entre un patient et son chirurgien, le premier
se trouvant très insatisfait des douleurs quil ressent dans
la zone opérée, le second étant techniquement satisfait
de son travail. Il ne sagit pas réellement dune faute
chirurgicale. Les opérateurs sont entraînés à
éviter lagression des principaux troncs nerveux et choisissent
leurs voies dincision en conséquence. Mais il peut arriver
quils lèsent un plus petit rameau nerveux, en létirant
quand ils écartent les tissus. Comme dans lalgodystrophie,
ces douleurs vont durer plusieurs mois, voire jusquà 1 ou 2
ans, avant de sestomper.
Lalgodystrophieévolue
en 3 phases: 1) La phase chaude: rien à voir avec les calipettes nocturnes. Cest la partie la
moins marrante en fait: douleurs disproportionnées, exacerbées
par le moindre contact, se prolongeant au-delà du raisonnable, des
sensations banales comme le froid deviennent insupportables, un effort minime
rebute. Il est important de comprendre que ces douleurs proviennent dun
mauvais fonctionnement des nerfs et non de lésions réelles
de ce bras. Cest ainsi que vous accepterez les mobilisations du kiné
pour ne pas trop vous enraidir. La peau est rouge, enflée, chaude.
La surélévation du bras soulage un peu. Cette phase dure
habituellement 1 mois, parfois beaucoup plus. 2) La phase froide: pendant
3 à 6 mois: la peau pâlit, devient moite, satrophie,
les poils tombent et les ongles deviennent cassants. La douleur nest
plus permanente mais réapparaît dès le moindre mouvement
un peu forcé. 3) La phase atrophique: loedème disparaît et fait place à des rétractions
des tissus. La raideur sinstalle.