Accueil/Recherche - Index des pages adhérents - Examens - Traitements - Exercices - Question? - Index alphabétique - Vocabulaire

Les pages spéciales adhérents

Région > Rachis > Douleurs cervicales > Diagnostic des douleurs cervicales et irradiées au bras >
FAQ Douleurs cervicales et irradiations Mise à jour: 11/09


Terminons par les questions, qui résument (pour les pressés) ou développent (quand vous hésitez sur le numéro de tableau) notre article.
Vous pouvez également relire les anciennes pages consacrées à la cervicalgie et à la névralgie cervico-brachiale, plus simplifiées.

Les douleurs cervicales musculaires pures existent-elles?
Dans les histoires de "chasse" médicale (les diagnostics exceptionnels): oui. C'est seulement à citer: tumeurs musculaires primitives, inflammations musculaires d'origine rhumatismale, abcès musculaires purs.
Comme cause habituelle de cervicalgie quotidienne: non. Les douleurs qui vous semblent musculaires sont le plus souvent des douleurs d'une région de la peau: la sensibilité est altérée par l'irritation du nerf qui transmet les sensations de cette zone. Des "cellulo-myalgies" sont possibles: points douloureux précis sous-cutanés ou musculaires avec parfois perception d'une boule hyper-sensible. Tout ceci donne l'impression d'un trouble musculaire. Mais ce ne sont que les conséquences de l'irritation des terminaisons nerveuses. La source est sur la colonne.
Pourtant la contracture musculaire existe. Elle est même quasi-constante. Pas toujours perceptible. Elle concerne souvent un petit muscle en profondeur. La comparaison avec l'autre côté permet de la repérer. Elle n'est pas toujours douloureuse. Elle a un rôle essentiel dans le maintien du dysfonctionnement articulaire. Elle l'immobilise. Mais n'en est pas responsable.
Le traitement musculaire pur (massage, chauffage, étirement) peut améliorer complètement le blocage en permettant une mobilité normale à l'articulation. Mais souvent il est insuffisant. Adhérence des surfaces articulaires? Stimulation persistante d'un nerf qui recrée la contracture? Décalage articulaire? Il faut une mobilisation articulaire ou une stimulation réflexe pour redonner un fonctionnement normal.
En fait les douleurs cervicales les plus "musculaires" sont les souffrances vertébrales par insuffisance musculaire. La vie moderne ne donne pas beaucoup l'occasion de travailler sa musculature. Même ceux qui prennent la peine de fréquenter régulièrement les salles de sport, n'y passent qu'un nombre d'heures réduit proportionnellement aux postures professionnelles statiques: travail de bureau, saisie sur écran, conduite, lecture, TV. Il y a un surmenage cervical, mais il n'est pas musculaire. La musculature est peu active dans ces situations. Un simple tonus de base maintient la posture. Le poids de la tête est supporté par l'axe osseux, très peu par les muscles (qui peuvent assurer normalement jusqu'à 20% de cette charge).
Le traitement du "surmenage" cervical n'est donc pas le repos, mais au contraire la musculation du cou. En utilisant une méthode adaptée. Sinon les contraintes accentuées sur votre colonne déjà souffrante vous donnent l'impression d'aggraver les choses.

Je pense que mes positions au travail sont responsables des douleurs. Le médecin évite le sujet.
La grande omerta des douleurs vertébrales et du contexte professionnel: patient et médecin campent sur 2 collines voisines et fortifiées: le patient s'est retranché face à l'armée des contraintes et tracas professionnels, qu'il rend volontiers responsables de ses douleurs. Le médecin s'est également retranché face à l'armée des plaignants peu enthousiastes à l'idée de reprendre un métier contraignant. Le statu quo s'achète à coups d'arrêts de travail répétés ou très prolongés. Alors que le repos n'est pas conseillé dans les douleurs vertébrales chroniques, plutôt des modifications d'hygiène de vie, qui concernent davantage les loisirs que le travail. Le travail sur écran entretient vos douleurs cervicales, mais si en rentrant vous vous détendez devant l'ordi, la TV ou un livre...
Les choses doivent être dites. Le pronostic d'une douleur vertébrale repose moins sur les constatations des examens complémentaires que sur la situation personnelle du patient. C'est un élément incontournable de la prise en charge. Les douleurs vertébrales chroniques sont plus fréquentes chez les personnes aux positions statiques que chez ceux qui ont des activités variées. Les déménageurs, qui véhiculent des tonnes quotidiennement, consultent rarement chez le rhumatologue. N'accusez pas LE travail. C'est la façon d'exécuter ses gestes, leur répétitivité, les positions figées, mais aussi les mêmes postures à la maison, et l'entretien sportif que vous vous imposez. Il faut voir tout ceci dans le détail. Parfois changer de boulot est une bonne solution. Mais n'insistez pas sur le prétexte de la maladie: recyclé dans l'entreprise, vous risquez de finir dans un placard. Ailleurs, les employeurs ne donnent pas leurs jobs en priorité aux douloureux chroniques, alors n'en parlez pas.

Vous ne parlez pas beaucoup des examens complémentaires.
Ils sont volontairement peu évoqués, car ils ne permettent que rarement de se positionner dans ce schéma diagnostique. Ils ne sont pas dynamiques (vous ne bougez pas pendant l'examen, la fonction vertébrale n'est pas analysée, c'est pourtant elle qui est en cause dans beaucoup de cervicalgies). Ils ne datent pas les lésions. Ils ne disent pas si une hernie est molle ou dure. Leur valeur pronostique est médiocre. Ils vous inquiètent souvent inutilement (hernie = opération), peuvent induire une attitude de victimisation vis à vis du travail ou d'un accident.
Ils sont parfois obligatoires d'emblée: suspicion de lésion osseuse, tumorale, infectieuse, inflammatoire (une longue liste mais une fréquence très faible par rapport aux causes mécaniques).
Ce n'est pas l'intensité de votre douleur qui amène à les pratiquer. Un simple blocage vertébral est très pénible. La névralgie est une des douleurs les moins supportables, même quand elle est destinée à disparaître au bout d'une semaine.
C'est l'évolution stagnante ou inattendue malgré un traitement bien conduit qui les rend nécessaires, dans le but de redresser un diagnostic ou le confirmer en pré-opératoire.
Ces examens sont: habituellement radios, puis scanner ou IRM, prise de sang dans certains contextes. L'IRM serait plus facile d'accès qu'elle serait l'examen de base.

Mon médecin ne va-t-il pas se vexer si je lui dis ce qu'il faut faire?
Sûrement. La plupart du temps parce qu'il pense que vous vous êtes informé auprès de la concierge ou en lisant Top Santé, et que vous n'y connaissez toujours rien. Soyez diplomate. Evitez de parler tout au long de la consultation: vous n'en tirerez pas grand-chose. Lachez des petites phrases, déjà pour voir si le médecin n'évite pas simplement de perdre du temps en vous donnant un minimum d'explications. Tous les généralistes et les rhumatos voient beaucoup de cervicalgiques. Ils connaissent les bonnes adresses. Vous ne risquez rien à dire par exemple: "On m'a dit sur un forum que j'avais sans doute une instabilité vertébrale. Est-ce c'est embêtant?" Vous saurez vite si le médecin s'intéresse au sujet ou non. Les plus malins vous enverront quêter des détails chez un spécialiste.


Craquements, grincements, “sable” dans les articulations, quelle signification?
Le discours de l’ostéopathe, "je suis bloqué de partout"


Le dérangement vertébral: Une boucle réflexe à départ mécanique

Qu'est-ce qu'un "blocage" vertébral?

C'est une boucle réflexe auto-entretenue: dysfonctionnement articulaire initial -> irritation des nerfs autour de l'articulation -> contracture musculaire paravertébrale -> maintien du dysfonctionnement.
Ce "court-circuit" est fréquent et peut être durable au rachis cervical pour plusieurs raisons:
-richesse des terminaisons nerveuses propres à ces articulations (beaucoup plus sensibles qu'une hanche ou un genou). Cela provient sans doute d'un intérêt évolutif: importance des structures abritées par le rachis -> nous rend particulièrement attentif à ce qui s'y passe...
-grande mobilité du rachis cervical -> amplitude et caractère multidirectionnel des déplacements articulaires postérieurs
-fréquence des micro-étirements ligamentaires aboutissant à des instabilités vertébrales localisées
-contraintes statiques imposées par l'omniprésente bureautique

Pourquoi les gens nerveux les subissent plus souvent et plus longtemps?

Ces douleurs vertébrales ne sont pas psychosomatiques. Il y a un effet facilitateur sur la boucle réflexe par le stress et l'état neurotonique*: Comme il n'y a pas réellement de lésion, il y a très peu de processus inflammatoire, de cicatrisation, et de réduction du signal nociceptif*. La douleur est inadaptée: trop importante par rapport aux dégâts, en rapport surtout avec la richesse de l'innervation locale. Les personnes dotées d'une bonne proprioceptivité* le ressentent ainsi, maintiennent leurs activités et font de moins en moins attention à cette douleur, favorisant la sortie de la boucle réflexe. D'autres ont un système nerveux toujours très attentif à cette épine douloureuse (facteurs favorisants: neurotonie, stress, inquiétude de maladie grave, contexte traumatique, accident du travail...) et continuent à entretenir le court-circuit douloureux.
*neurotonie = tempérament nerveux
signal nociceptif = signal nerveux transmis par une lésion des tissus
proprioceptivité = faculté à utiliser les signaux de l'organisme pour adapter ses gestes et ses comportements de la meilleure façon

La vertèbre est-elle réellement déplacée?

Peut-on répondre scientifiquement à cette question? La littérature dit que l'aspect morphologique des articulations vertébrales n'est pas corrélé à la présence ou non de cervicalgies. Mais on devine facilement la grossièreté de cette approche: Il faudrait, pour chaque individu étudié, faire une analyse dynamique juste avant et après le début d'un épisode cervicalgique. Très difficile, aucune étude n'en a eu les moyens jusqu'à présent, et les outils ne sont pas adaptés: la radio peut faire du cinéma (au prix d'une irradiation non négligeable) mais ne montre pas le périarticulaire, IRM et scanner ne sont pas adaptés à l'étude dynamique et ont une résolution trop basse pour le périarticulaire postérieur.

N'imaginez pas qu'une vertèbre puisse avoir une position normale "de référence", valable pour tout le monde. Nous sommes tous construits de façon légèrement différente, en taille, courbures, et asymétries. Nos mouvements sont également très personnels, résultat de nombreuses années de croissance, de modelage, puis d'usure.
Le "déplacement" est une sortie du mode de fonctionnement habituel. Le travail du thérapeute manuel est de vous aider à y revenir... quand vous n'y arrivez pas tout seul, car ces incidents sont extrêmement fréquents, et vous pouvez les résoudre en étant moins attentif à la douleur et plus à ce qui la modifie.

La manipulation est-elle obligatoire?

Non. Il y a de nombreuses méthodes pour rompre la boucle réflexe sans forcer le mouvement vertébral. La manipulation est juste une des plus rapides. Elle demande une excellente technique, et de l'entretenir souvent (pratique régulière sans être systématique). Souvent votre choix de technique va dépendre de qui exerce près de chez vous et de la relation de votre vertèbre avec son thérapeute ;-) mais il est judicieux d'essayer des méthodes non forcées avant une manipulation. Ca vaut le coup de faire quelques kilomètres pour les essayer.

Faut-il systématiquement faire une radio avant manipulation?

La médecine le recommande de façon très ferme, en grande partie sous pression médico-légale.
Mais cela reste une protection très insuffisante, qui ne dépiste que des tumeurs ou des infections difficiles à confondre avec un simple blocage vertébral. Le sens clinique est plus important pour prévenir les problèmes, qui ne disparaîtraient pas complètement même si on passait tout le monde à l'IRM: une dissection artérielle survient sur des colonne parfaitement banales.
Mais ne vous effrayez pas de ces risques qui restent exceptionnels, plus faible que celui de décéder d'accident en prenant votre voiture pour aller vous faire soigner, ou même celui d'avoir une hémorragie digestive mortelle avec une boîte d'anti-inflammatoires.
Craindre une manipulation en augmente les risques: crispé, vous allez perturber la technique du manipulateur avec une réaction inattendue. Mieux vaut alors faire le tour des méthodes douces.
Il n'y a aucune situation où une manipulation soit indispensable.

Est-ce qu'un massage chez un kiné peut suffire?

Il existe différentes techniques de massages: certaines, comme les effleurements, aggravent plutôt la gêne ressentie en titillant les terminaisons nerveuses irritables. Seuls les massages profonds et ciblés, beaucoup plus pénibles (on force les fibres contractées à se détendre), sont efficaces. Mais il faut généralement associer un travail articulaire pour obtenir un bon résultat, que ne pratique pas le kiné formé traditionnellement. Faire céder la contracture, qui est protectrice, sans résoudre le dysfonctionnement articulaire peut même aggraver l'irritation du nerf.
A la décharge des kinés, signalons que c'est à cause des pressions de l'autorité médicale que leur formation est restée aussi strictement encadrée, d'une façon excessive car toutes les techniques manuelles étaient assimilées à des manipulations par les grands mandarins qui ne connaissaient à vrai dire pas grand chose au sujet. La situation s'assouplit nettement à présent dans les écoles de kiné.

Et si je me repose?

Le repos n'est pas rapidement efficace et l'immobilisation ne devrait concerner que l'étage vertébral concerné par le blocage.
Le repos est en gros une catastrophe pour ceux qui subissent des pressions extérieures excessives et auraient envie de se reposer tout le temps, car l'arrêt de leurs activités va être trop complet et durable pour une maladie aussi bénigne, et ils risquent de devenir addictifs au repos.
A l'inverse, le repos temporaire est souhaitable pour les hyperactifs spontanés, qui se font marcher tous seuls au fouet, et auront tendance à maintenir leur blocage en négligeant les signaux de leur colonne.

Le collier cervical, conseillé ou pas?

Du paragraphe précédent, vous déduisez que le collier est également plus conseillé à certaines personnes qu'à d'autres. On peut développer une dépendance au collier. Il est accusé de démuscler le cou. Cependant il ne faut pas non plus le diaboliser: les colliers mousse n'offrent pas un maintien assez efficace pour menacer sérieusement le tonus de la musculature. Ils sont un élément d'un programme thérapeutique, très utiles en cas d'hyperalgie, quand le cou est très peu mobilisable, ou cas d'aggravation par une tentative de traitement manuel: si on n'arrive pas à libérer le nerf, il vaut mieux lui foutre la paix ! Une minerve rigide est, de ce point de vue, plus efficace: il faut que vous arriviez à vous détendre dans le collier, et donc que celui-ci maintienne assez fermement, et surtout en bonne position, qui n'est pas forcément la position tête droite.
Il faut toujours préparer la sortie du collier, impérative et progressive: elle débute dès la diminution des douleurs aiguës en cas de blocage banal sans traumatisme, au bout de 8 à 10 jours en cas de traumatisme avec entorse ligamentaire (sans lésion osseuse). Bien sûr plus le traumatisme a été sévère, plus les mouvements doivent prudents et réduits au début. Mais trop souvent, la contention après choc est trop militaire: 2 semaines de minerve 24H sur 24, puis on enlève tout. Il faut être plus précoce dans le début du sevrage de minerve, car la cicatrice ligamentaire commence à avoir un peu de tenue au bout de 8 jours, mais beaucoup moins rapide dans le sevrage complet. C'est valable pour n'importe quelle entorse, où l'on devrait utiliser des attelles amovibles plutôt que des plâtres ou résines.


Région > Rachis > Douleurs cervicales > Diagnostic des douleurs cervicales et irradiées au bras >