Accueil/Recherche - Index des pages adhérents - Examens - Traitements - Exercices - Question? - Index alphabétique - Vocabulaire

Les pages spéciales adhérents

Maladies > Arthrose généralités > Arthrose en détail pour les adhérents >
Protocole de traitement d'une arthrose en phase congestive Mise à jour 10/08

Qu'est-ce qui caractérise cette période de l'arthrose?
La détérioration du cartilage, ce "pneu" ferme et élastique qui recouvre les extrémités osseuses, passe par plusieurs étapes:
-ramollissement
-effilochage en surface -> production de débris cartilagineux
-fissures de plus en plus profondes, jusqu'à l'os
-ulcérations: mise à nu de l'os sur des surfaces de plus en plus larges.

Les phases congestives sont les périodes les plus douloureuses: elles peuvent survenir à n'importe quel stade de l'arthrose et correspondent à une libération de débris dans l'articulation:
Ces fragments de cartilage sont irritants: libres dans l'articulation, ils sont comme des corps étrangers, comme du sable dans une mécanique: abrasifs, gênant le fonctionnement normalement très fluide de l'articulation.
Celle-ci cherche donc à s'en débarrasser par une réaction inflammatoire des enveloppes articulaires. L'inflammation, ça fait mal (pour vous inciter à ne pas trop forcer sur cette articulation), mais c'est aussi le processus de nettoyage et de réparation des tissus: La membrane synoviale, 1ère enveloppe de la cavité articulaire, se charge de cellules "éboueuses", qui captent les débris et les éliminent.
Ce processus est lent, se poursuit tant qu'il existe de nouveaux fragments libérés par le cartilage. La réaction inflammatoire et donc la douleur, finira par disparaître quand la surface du cartilage sera "stabilisée", éventuellement amincie, mais capable de supporter à nouveau les pressions articulaires sans s'effilocher à nouveau.

Ainsi l'arthrose n'est pas une douleur qui s'aggrave régulièrement et inéluctablement: c'est une succession de phases douloureuses qui ont tendance à se rapprocher si le cartilage devient de plus en plus mince et fragile et qu'aucune mesure de fond n'a été prise pour soulager les contraintes sur l'articulation (perte de poids!).

Quel comportement adopter en phase congestive?
Vous avez compris qu'une articulation gonflée et douloureuse ne doit pas être contrainte: un genou, une hanche, une cheville: pas de station debout ou de marche prolongée. Un disque intervertébral: pas de station debout ou assise prolongée. Une base de pouce: pas de pression dans l'axe de la colonne du pouce.
Mais le repos complet a néanmoins deux gros inconvénients:
-L'articulation est immobilisée: la micro-circulation locale est ralentie, et la réaction inflammatoire stagne davantage (pas de renouvellement aussi rapide des cellules éboueuses et des micro-nutriments dont se sert le métabolisme inflammatoire).
-Les muscles, protecteurs de l'articulation, vont en prendre un coup si le repos se prolonge: l'atrophie commence en effet très rapidement quand l'activité du muscle se réduit: elle est déjà perceptible au bout d'une dizaine de jours, et touche plus vite les muscles les plus puissants, comme le quadriceps à la cuisse, essentiel à la marche.

Il faut donc rester actif pendant une phase congestive: 2 objectifs:
-Améliorer la micro-circulation: massages et physiothérapie.
*La physiothérapie est mise en avant par les kinésithérapeutes: infra-rouges, ultra-sons, cryothérapie... En fait vous pouvez la réaliser tout seul à domicile, plus souvent et à moindres frais: utilisation de compresses thermiques une chaude alternée avec une froide. Nous ne conseillons pas les ionisations (diffusion d'anti-inflammatoires entre 2 électrodes) pas plus que les anti-inflammatoires en comprimés ou en gels, car le confort qu'ils apportent est au prix d'une inhibition de la réaction inflammatoire, processus finalement salvateur. Ce n'est qu'en cas de congestion très importante et de douleurs très prononcées que vous pouvez les utiliser temporairement, mais il est bien plus judicieux dans ce cas de faire une ponction articulaire, voire un lavage si c'est une grosse articulation (genou), et en fin de geste injecter éventuellement un corticoïde à l'action anti-inflammatoire puissante et brève: la justification est meilleure dans ce cas précis puisque l'on a aspiré une partie des débris dans le liquide de ponction.
Ne diabolisons pas trop quand même les anti-inflammatoires: ils gardent un intérêt quand l'amélioration spontanée est très lente, car il vaut mieux calmer davantage les douleurs et permettent au malade de recommencer à bouger rapidement, que le laisser immobilisé par un handicap interminable.
*Aucune physiothérapie ne peut remplacer le massage tissulaire, simple à effectuer soi-même et souvent. Il faut apprendre à le faire correctement. Frictionner la peau ne sert à rien. Il faut placer fermement ses mains sur la zone congestionnée, et masser très lentement, sans forcément les déplacer sur la peau, en essayant d'appuyer progressivement pour mobiliser les tissus superficiels en premier, puis de plus en plus vers la profondeur, jusqu'au contact osseux si possible (même le périoste, la zone la plus externe de l'os, très riche en vaisseaux sanguins, se masse).
Le début du massage d'une zone congestionnée est pénible. Vous pouvez le faciliter en glaçant la zone quelques minutes avant, ou mieux en prenant des antalgiques purs 1 heure avant. Puis l'action de drainage de cette congestion et la stimulation des terminaisons nerveuses commence à rendre le massage un peu moins pénible, et enfin dès que vous lacherez votre "proie", le bénéfice deviendra clair, limitant en réalité votre consommation de médicaments, et stimulant vos processus de réparation naturels plutôt qu'en les inhibant.
Quand, grâce au massage, vous avez réussi à atténuer la douleur et les contractures musculaires, n'hésitez pas finir par des tractions douces mais fermes dans l'axe de l'articulation: vous séparerez ainsi les surfaces articulaires et faciliterez la circulation des liquides dans la cavité articulaire. La captation des débris en sera facilitée, et vous améliorez aussi la circulation dans le cartilage, qui est dépourvu de vaisseaux sanguins et qui est alimenté un peu à la façon d'une éponge, par les pressions/dépressions.

-Entretenir le tonus musculaire:
Des muscles affaiblis, c'est un rempart articulaire qui s'effondre, et des contraintes supplémentaires sur cartilages et ligaments, d'autant qu'avec le repos forcé vous aurez peut-être vu l'aiguille de la balance partir dans le mauvais sens...
Muscler sans déclencher de nouvelles lésions, c'est contracter les muscles sans mettre de pression sur les zones abîmées. Décharge donc: faites de l'exercice allongé, en milieu aquatique, la tête en bas... Esquivez le poids sur les endroits lésés, en analysant soigneusement les mouvements pratiqués, degré de flexion, de rotation de chaque mouvement. En règle générale, la musculation isométrique est la moins risquée: vous contractez sans bouger l'articulation, dans la posture qui vous semble la moins douloureuse. Par exemple pour le genou, les jambes allongées par terre, vous cherchez à presser l'arrière du genou contre le sol, ce qui fait contracter votre quadriceps.
Plus accessoirement, il est utile d'entretenir la coordination, sous le contrôle du système nerveux: c'est la fluidité et la bonne synchronisation avec laquelle vous effectuez vos mouvements automatiquement. Vous pouvez ainsi faire effectuer les mouvements les plus complexes que permettent vos articulations, mais très lentement, à vide (sans résistance), et en évitant les secteurs les plus sensibles.

Résumé pratique du traitement:
1) Alternance de chaud et froid sur la zone douloureuse (un peu accessoire)
2) Massage lent, prolongé sur plusieurs minutes, et de plus insistant en profondeur (très important)
3) Traction dans l'axe de l'articulation, douce mais insistante pendant 30 secondes, terminer par quelques secousses brèves, toujours dans l'axe, pour mieux faire céder les contractures
4) Mouvements lents mais amples préservant les amplitudes et la coordination articulaire, sans forcer dans les zones trop douloureuses
5) Contractions sans bouger l'articulation et sans mettre de pression dans son axe principal
A faire une dizaine de fois par jour.
Quand la congestion diminue, remettre très progressivement l'articulation en charge.

Enfin, plus l'articulation est à l'extrémité du membre, supérieur mais surtout inférieur, plus la surélévation du membre est conseillée, pour éviter la stase circulatoire.
Soyez particulièrement attentif pour les pieds et les genoux, encore plus si vous avez déjà des problèmes de circulation. C'est le meilleur moyen d'éviter les gonflements résiduels, séquelles de dilatation prolongée des tissus.
Une surélévation de la jambe pendant 10mn toutes les demi-heures est une bonne idée. Entamez un bon bouquin !


Maladies > Arthrose généralités > Arthrose en détail pour les adhérents >