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Douleurs lombaires Mise à jour: 11/06
Cette page est un bon débrouillage de la lombalgie. Mais le sujet est complexe et les ramifications nombreuses (sciatique, cruralgie, travail, sport). Vous n'avez pas encore trouvé une solution claire à vos douleurs? Complétez votre information à l'aide de ces pages:

Pour les adhérents: La grande histoire naturelle de la colonne, de 9 à 99 ans

Pour les adhérents: Diagnostiquez vous-même l'origine de vos douleurs lombaires, de votre sciatique ou cruralgie, en déterminant dans laquelle des 15 catégories vous vous situez, avec pour chacune, l'explication de la lésion, son histoire, les conséquences ressenties, le traitement adapté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Vertèbre normale


Vertèbre arthrosique

Quelle lombalgie avez-vous?
Le mal du bas du dos recouvre des situations bien différentes, expliquant la variété des histoires et des conseils que vous entendrez autour de vous: untel ne jure que par son ostéopathe, un autre a repris vie depuis qu'il s'est fait opérer, celui-ci avale une boîte d'anti-inflammatoires quand il a une crise, un autre opéré est handicapé à vie...
C'est encore plus perturbant quand un cas unique, le vôtre, amène des conclusions très différentes de la part des différents thérapeutes du dos: le généraliste vous prescrit votre Xième boîte d'anti-inflammatoires, le chirurgien veut vous opérer, le rhumatologue parle de vous mettre une satanée aiguille dans le dos, l'ostéo vous promet qu'en une dizaine de séances il va vous effacer tout ça...
Cela reflète la difficulté à définir avec certitude les motifs de la lombalgie: lésion du disque, contracture, entorse ou blocage, hypersensibilité à la douleur? Presque toujours, ces différentes causes sont intriquées, et c'est selon les traitements qu'il pratique et sa sensibilité personnelle qu'un thérapeute va vous faire des propositions: le chirurgien pensera plus facilement résoudre le problème avec un bistouri, l'ostéopathe avec des manipulations, le rhumato avec ses piqûres et son lombostat. Vous reconnaîtrez le bon diagnosticien du dos au fait qu'il ne vous proposera pas forcément d'emblée le traitement qu'il pratique lui-même. De nombreux chirurgiens refusent l'indication opératoire qu'on leur propose, des rhumato manipulent ou font manipuler, des ostéo non-médecins ne voudront pas vous toucher.
Pour compliquer encore les choses, la cause de la douleur change chez une même personne au fil du temps: les simples blocages se transforment en véritable détériorations, les lésions discales deviennent de l'arthrose.
C'est pourquoi, cette fois-ci, nous allons raconter l'histoire de la lombalgie du début à la fin, plutôt que tracer des catégories trop figées. Vous vous situerez dans cette évolution, et nous préciserons à chaque stade ce que vous pouvez faire pour en sortir.


Un peu d'anatomie:
Le disque intervertébral est un anneau aplati intercalé entre 2 vertèbres et permettant leur articulation. Il a aussi un rôle d'amortissement, tout le poids du haut du corps se portant sur cette surface d'environ 4 cm de diamètre. C'est un fibro-cartilage fait de 2 parties: un anneau de fibres épaisses et résistantes, contenant un noyau gélatineux. Le disque amortit les pressions comme le ferait un ballon dégonflé: appuyer sur un bord (infléchir la colonne) chasse l'air (pousse le noyau) de l'autre côté. Le noyau discal exerce ainsi des pressions répétées sur son anneau fibreux, qui peut finir par se fissurer. Une partie du noyau peut s'insinuer à travers les fibres de l'anneau et venir appuyer sur le ligament vertébral postérieur. C'est un ligament très riche en nerfs. C'est ce qui rend le lumbago si pénible: expulsé par un effort, le noyau discal vient soulever brutalement ce ligament. La douleur peut aller jusqu'à provoquer une perte de connaissance. Voir aussi sciatique.
Un pan d'histoire:
La lombalgie a des racines anciennes: nous étions des quadrupèdes, et quand nous sommes passés à la station debout, la nature n'a pas eu le temps de s'adapter assez vite aux contraintes supplémentaires qui se sont exercés sur les derniers disques lombaires*. L'usure précoce de ces disques n'est donc pas un phénomène récent, mais le retentissement semble s'accentuer avec les problèmes d'hygiène de vie et de vieillissement qui accompagnent notre société moderne. L'évolution naturelle de l'usure des disques se fait en effet vers l'enraidissement progressif, ce qui évite d'en souffrir: de nombreuses personnes ayant des disques très détériorés sur les radios ne se sont jamais plaintes de lombalgies. Mais l'enraidissement n'est possible que si la colonne est protégée par une musculature tonique: il faut du béton autour de cette tige peu épaisse, seule armature rigide entre bas et haut du corps. Or notre mode de vie s'oriente vers une réduction des efforts physiques. Notre espérance de vie s'allonge, mais pas d'années physiquement les plus actives. La colonne détériorée est de moins en moins protégée.



Ce qui favorise la détérioration discale:
-Les pressions prolongées et asymétriques (position infléchie de la colonne) sur le disque. Le surpoids joue un rôle, mais surtout quand il entraîne une modification de courbure vertébrale (on prend du ventre ce qui cambre le dos).
-L'insuffisance de la ceinture musculaire abdominale: provoque une plus grande exposition du disque aux contraintes asymétriques. Situations fréquentes: grossesse entraînant un relachement des abdos, diminution de l'activité sportive avec l'âge ou les obligations professionnelles, problèmes de santé ayant entraîné l'arrêt prolongé des activités physiques.
-Causes héréditaires: les gènes peuvent avoir une responsabilité à 2 niveaux: la morphologie vertébrale et la capacité des disques à se réparer. Il ne faut pas trop charger son hérédité: les problèmes de dos sont très fréquents et peuvent se voir chez plusieurs membres d'une famille sans qu'il y aie une participation génétique. Celle-ci reste toujours accessoire.
-L'instabilité de l'articulation vertébrale: comme toute articulation le disque intervertébral est entouré de ligaments. Un traumatisme peut entraîner une entorse de ces ligaments et secondairement une instabilité détériorant plus rapidement le disque. L'instabilité est plus importante s'il y a rupture de l'arc osseux postérieur, l'autre zone d'union entre les vertèbres. Cette rupture, appelée lyse isthmique peut être d'origine congénitale ou traumatique. Voir aussi spondylolisthésis.

Dossier lombaire Backswing Coussin de soutien lombaire: à utiliser en voiture ou sur un siège de bureau pour ceux qui maintiennent ces postures de façon prolongée. Testez l'effet en bourrant 2 ou 3 pulls derrière votre dos avant d'acheter l'accessoire.


Détaillons les circonstances souvent accusées de favoriser les lombalgies:
-Les professions imposant des efforts physiques importants: nous n'avons pas connaissance d'études faisant la relation entre les charges quotidiennes sur les disques et leur détérioration au fil des années. Ce qui suit est basé sur notre expérience personnelle. Les charges favorisent sans doute la détérioration discale, mais ne semblent pas majorer la fréquence des lombalgies. Ce n'est pas paradoxal: les efforts physiques maintiennent une musculature en bonne forme et donc une meilleure protection lombaire. Il y a peut-être plus de lumbagos aigus chez les travailleurs physiques, mais moins de lombalgies chroniques. Les douleurs les plus traînantes se voient chez les sédentaires peu sportifs et ne sont pas liées à l'importance de la détérioration discale. Voir lombalgie et examens complémentaires. Souvent, les douleurs des travailleurs physiques se majorent en fin de carrière et à la retraite. Cela semble du en grande partie à la réduction importante de leurs activités physiques et de la moins bonne protection musculaire qui s'ensuit. Retenons les axiomes suivants:
*La situation idéale est d'avoir peu d'efforts physiques imposés, mais une activité de loisir régulière pour maintenir sa musculature en forme. Un encouragement aux études et aux 35 heures!
*Si vous avez des efforts imposés, soignez votre préparation physique. Car si vous êtes constamment surmené au boulot, votre colonne va trinquer! Le cercle vicieux habituel: trop de fatigue au boulot >> on ne fait plus grand-chose pendant ses loisirs >> vous faites exclusivement les efforts qui vous cassent! Voir un peu d'exercice.
*Toujours pour ceux qui sont physiquement très actifs: restez-le toute votre vie, même si votre activité change. Sinon les ennuis vont démarrer. Ils viennent moins des efforts que vous vous êtes imposés que de leur réduction et de son effet sur votre musculature.
-Dans les professions du secteur tertiaire, travail de bureau, fréquents déplacements en voiture, on peut avoir l'impression d'être physiquement très actif. Mais on est plutôt nerveusement très actif que soumis à des efforts physiques épuisants. Si vous rentrez chez vous mort de fatigue, c'est un épuisement nerveux. Tous ces problèmes à gérer, collègues pas sympa, supérieur hiérarchique exigeant, clients difficiles. Et puis il faut bien tenir cette tête et ce dos droits pendant des heures d'affilée. Ceux qui ont le courage de ressortir pour faire un peu de gym s'en rendent facilement compte: on a encore une bonne réserve d'énergie physique à dépenser. C'est même le meilleur moyen de faire céder les tensions accumulées par le stress. Vos muscles sont presque heureux de constater que ça bouge enfin quand ils se contractent!
-Sport et lombalgie: le sport est bien utile pour entretenir la musculature, d'accord; mais ne peut-il pas agresser la colonne à la faveur d'un faux-mouvement, d'un effort trop violent, d'une chute? Le sport peut déclencher des problèmes, c'est vrai. Mais ceux qui ne le pratiquent pas en ont bien davantage! Les ennuis liés au sport s'arrangent généralement d'eux-mêmes avec un peu de repos. Ils peuvent être prévenus avec quelques conseils: faites ce que vous savez bien faire, de préférence les sports avec lesquels vous avez grandi; ne négligez pas votre échauffement, pratiquez régulièrement, surtout si vous êtes en phase de redémarrage: vos courbatures partiront d'autant plus vite que vous retournerez rapidement exercer vos muscles.
-Les traumatismes de la colonne: accident de voiture, chute, effort de soulèvement provoquant une douleur aiguë du dos. Les situations sont très diverses, les mécanismes de lésion sont multiples, la gravité du traumatisme est variable. Mais d'une façon générale, les dégâts causés par un traumatisme consolident dans les semaines qui suivent. La persistance des douleurs au-delà n'est plus liée aux dégâts eux-mêmes mais aux troubles de fonctionnement vertébraux qu'ils ont enclenchés ou révélés. Le traitement doit en tenir compte, le repos ne favorisant que la réparation des dégâts, pas la disparition des douleurs séquellaires. Trop souvent, après plusieurs mois, on est toujours en train d'attendre passivement que les douleurs cèdent, en réduisant toujours ses efforts, voire en n'ayant pas repris son activité professionnelle. Un déconditionnement à l'effort s'est installé. La guérison va être beaucoup plus difficile. Voir aussi lombalgie et accident du travail.
-Que penser d'une talonnette compensant une inégalité de longueur des jambes?
De nombreuses personnes arrivent très inquiètes chez le rhumatologue parce qu'une radio a mis en évidence "une importante bascule du bassin par inégalité de longueur des membres inférieurs". Vous n'auriez pas été bâti correctement? Plusieurs situations se présentent:
1) Vous avez été opéré du bassin ou d'une jambe, avec un raccourcissement important consécutif à l'intervention. Bien qu'aucune étude ne permette de vérifier le bien-fondé de cette pratique, il paraît logique de vous proposer une talonnette compensatrice car vous n'aviez pas l'habitude de marcher avec cette différence.
2) L'inégalité est découverte sur des radios demandées pour une lombalgie. C'est le plus litigieux. Y a-t-il un rapport entre les deux? Là encore, pas d'études objectives. Aucun rapport direct sûrement. Tout au plus cela pourrait-il être un facteur favorisant. N'oubliez pas que vous fonctionnez ainsi depuis la fin de votre croissance. Votre colonne s'est "organisée" pour tenir compte de cette différence. Une compensation ne promet absolument pas une amélioration. Notre expérience est formelle. Le résultat est imprévisible. Certains sont améliorés, d'autres aggravés (!), la plupart ne voient aucun changement. Pourquoi ce flou? Rappelons que la lombalgie est liée d'une façon très mineure aux déviations de la colonne, beaucoup plus à la façon dont on se sert de sa colonne dans la journée, à la protection par la ceinture musculaire abdominale. La talonnette ne joue donc pas sur l'essentiel. Le rôle qu'on peut lui supposer est de reporter le poids d'un côté de la colonne vers l'autre. Elle pourrait donc être intéressante si vous avez mal en vous penchant d'un côté seulement: vous devriez alors essayer la talonnette de l'autre côté. Ce n'est pas forcément la jambe la plus courte. Cela explique les résultats paradoxaux des talonnettes trop systématiques.
3) L'inégalité est découverte alors que vous n'avez pas mal au dos. Vous aurez déjà compris qu'une "prévention" n'a aucun intérêt. Vous risquez en fait de vous déclencher des douleurs! Le seul créneau intéressant pour la talonnette serait un adolescent en fin de croissance ayant une forte inégalité (2 cm ou plus). Mais les médecins n'ont aucune preuve formelle de son intérêt.
A retenir: Il ne faut pas se polariser sur une inégalité de longueur des jambes. C'est un facteur mineur dans la lombalgie. La talonnette est un traitement d'appoint. Vous pouvez toujours l'essayer car ce n'est pas un traitement agressif. Le résultat se jugera au bout d'un mois minimum. Si vous voulez savoir si c'est vraiment la talonnette qui vous a sorti d'affaire, enlevez-la pendant un autre mois. Vous pouvez vous offrir une talonnette en pharmacie: vendues habituellement par paires pour les douleurs du talon et les tendinites d'Achille, elles font 8 mm de hauteur, vous n'en utiliserez qu'une bien sûr. Vous pouvez aussi découper des rectangles semi-circulaires dans une plaque de liège et les empiler pour essayer différentes épaisseurs sous le talon. Commencez par une faible hauteur, un tiers maximum de la différence mesurée sur la radio. Sinon vous aurez l'impression désagréable d'être monté sur une échasse!

Le roman de la lombalgie:
Après cette longue introduction, racontons l'histoire de Ernist, un lombalgique:
Jeune, le petit Ernist est un enfant dynamique comme les autres. Il est peut-être un peu moins charpenté que la moyenne, mais c'est surtout parce qu'il a pris beaucoup de centimètres une année, et ses muscles ne se sont pas étoffés aussi vite. Il fait du sport à l'école avec les autres, mais n'en éprouve pas une passion au point d'y consacrer ses loisirs. Il fait de bonnes études et trouve un job: un travail de bureau avec une heure de transport par jour, aller et retour. Ses compétences sont appréciées, son travail l'intéresse et occupe beaucoup de son temps. Il s'est marié et a acheté une maison avec son épouse. C'est un bricoleur énergique. Il fait lui-même une bonne partie des finitions. Par la suite, il y a toujours à faire dans une maison. Les derniers travaux de peinture lui ont occasionné son premier lumbago. Ou c'est le déménagement, peut-être. Il a ressenti cette classique "barre" au bas des reins, pendant quelques jours. Elle est partie avec un peu d'aspirine et en faisant attention aux efforts. Le 2ème lumbago survient 2 ans plus tard. Ernist se sent un peu moins invulnérable et il a une mutuelle maintenant, alors il voit son médecin généraliste. Les choses s'arrangent avec une semaine d'anti-inflammatoires. Coup de bol, il n'a pas même pas eu les brûlures d'estomac que tout le monde lui prédisait! L'épisode suivant, cinq ans plus tard, s'atténue un peu avec les anti-inflammatoires, mais les douleurs persistent trois semaines après le début. Le médecin est rassurant mais Ernist en a marre et va voir l'ostéopathe que lui a indiqué un collègue de travail. Heureuse initiative, les douleurs disparaissent en 48 heures. L'ostéo dit à Ernist qu'il ne peut plus laisser sa colonne sans soins et lui conseille de venir le voir régulièrement. Ernist passe donc "au garage" une fois par an pour se faire "remettre" sa colonne. Parfois malgré tout il a des crises et s'offre une séance supplémentaire. Les douleurs ne disparaissent pas toujours complètement. Il est obligé de faire un peu attention à ses efforts. Son médecin lui a conseillé de la rééducation. Le premier kinésithérapeute se contente de lui faire des massages et des infra-rouges, qui l'améliorent sur le moment mais lui donnent au final l'impression de perdre son temps. Du temps, il n'en a pas beaucoup pour faire les exercices que lui a conseillés le 2è kiné. Ca allait un peu mieux à la fin des séances, mais ces mouvements répétitifs, quelle barbe! Les douleurs sont de plus en plus fréquentes, réveillent parfois Ernist la nuit quand il n'est pas en bonne position. Il ne se bloque plus comme avant, c'est déjà une bonne chose. Mais il devient difficile d'oublier son dos. L'ostéo n'améliore plus la situation que pendant quelques jours. Ernist trouve que son investissement dans ce "contrat d'entretien" n'est plus très rentable. Il en reste un qu'il n'a pas consulté: le rhumatologue. Mais celui-ci n'a-t-il pas la réputation d'avoir des aiguilles à la place des ongles?
Vous êtes perdu dans ce dédale? Pour les adhérents: Tout savoir des lombalgies

Coussin pour décambrer en position allongée.

Il peut être encore plus efficace de piquer les coussins du canapé pour se mettre carrément les jambes à l'équerre (les coussins empilés font la hauteur de la cuisse)

Traitement de la lombalgie:
Rubrique difficile car il n'y a pas une mais des lombalgies, et la solution à votre problème en particulier doit être personnalisée au maximum. Postulons qu'il s'agit d'une lombalgie traînante depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. Il y a heureusement des lumbagos qui s'arrangent tous seuls en quelques jours aidés de repos et d'anti-inflammatoires. Ce ne sont pas eux qui posent problème. Commençons par passer en revue les traitements disponibles:
- Les antalgiques: ne sont là que pour vous rendre les douleurs plus supportables, mais sont importants en soutien si vous avez décidé d'ignorer vos douleurs, ce qui est la meilleure solution la plupart du temps.
- Les anti-inflammatoires: ne sont pas en réalité plus efficaces sur le fond. Ils ne vous guérissent pas. Ils atténuent les douleurs excessives en cas d'inflammation importante et ont un effet calmant propre qui peut être meilleur que celui des antalgiques chez certaines personnes. Les cibles d'action ne sont pas les mêmes et vous pouvez associer ces produits.
- Les relaxants musculaires: la contracture musculaire est une réaction normale de protection de la colonne. Le muscle n'est pas malade, cela peut donc paraître inadapté de prendre un médicament qui le vise. Les relaxants sont utiles quand la contracture est excessive et trop prolongée. L'effet est surtout net chez les personnes d'un naturel tendu et nerveux. Les benzodiazépines sont les plus efficaces mais certains n'apprécieront pas les effets secondaires sur la vigilance.
- Les traitements par voie externe: baumes chauffants, compresse thermique. L'effet n'est pas très prolongé mais est plus rapide que les comprimés, et avec moins de risques. C'est un complément voire une bonne alternative aux médicaments pour ceux qui n'ont pas de fortes douleurs en permanence.
- Mésothérapie, physiothérapie antalgique, massages chez le kiné, acupuncture: toutes ces méthodes agissent par une contre-stimulation antalgique. N'en attendez pas de bénéfice sur le fond. Comme les médicaments, c'est un entourage de la crise et non un traitement des douleurs chroniques. La plupart de ces méthodes ne sont pratiquées que chez le thérapeute et demandent que vous soyez disponible. L'électrothérapie peut être appliquée soi-même à domicile mais réclame un investissement. Il est préférable de l'avoir testée chez un kiné au préalable. Le résultat n'est pas durable mais avec votre propre appareil, vous pouvez le répéter aussi souvent que vous le désirez. Une méta-analyse n'a pas démontré d'efficacité de l'acupuncture sur la lombalgie, mais il y a probablement des indications particulières (hypersensibilité anormale des tissus au toucher) où elle peut être utile.
- Infiltrations: traitement anti-inflammatoire plus puissant, c'est un moyen d'abréger plus rapidement une situation aiguë, mais elles ne sont pas non plus très performantes sur des douleurs chroniques.
- Ceinture lombaire et lombostat: nous abordons maintenant les vrais traitements de fond. L'immobilisation va de légère avec la ceinture à sévère avec un lombostat en plastique. Elle améliore certains problèmes: surtout les souffrances discales entretenues par des efforts physiques importants. Mais elle va en enterrer d'autres: les blocages répétés, les surmenages liés aux stations assise ou debout prolongées, les insuffisances de la ceinture musculaire abdominale, ces problèmes d'hygiène de vie ne seront pas résolus par le lombostat. Un vrai lombostat est contraignant, surtout en position assise, et ne sera acceptable que par ceux qui ont des douleurs très invalidantes. Vous l'avez compris, comme pour tous les traitements du dos, l'important est de bien préciser le type de votre lombalgie.

- La rééducation est le coeur du traitement de la lombalgie. Mais les méthodes sont mal codifiées. Et appliquées souvent sur des problèmes mal identifiés. Cela ressemble à 2 nébuleuses d'étoiles en train de se croiser: de temps en temps des étoiles se téléscopent par hasard et une illumination jaillit: un lombalgique et son thérapeute idéal se sont rencontrés! En fait le kiné est souvent trop solitaire dans sa prise en charge des traitements physiques. Ce devrait être un travail d'équipe: diagnostic précisé par le médecin qui rédige une prescription détaillée, éducation physique par le kiné, dérouillage occasionnel par le manipulateur quand vos propres étirements n'arrivent pas à vous sortir d'une passe difficile, intervention du psy si le stress transforme régulièrement vos lombaires en hérissons, et relais par le prof de gym pour vous sortir finalement du circuit médical. Ce circuit peut être étouffant mais salutaire s'il arrive à vous convaincre que vous pouvez en sortir. Il est important que vous ayez confiance dans les traitements que vous pratiquez. Une gymnastique pénible devient insupportable si vous imaginez dans un coin de votre esprit que vous bousillez votre colonne! L'effet le plus pervers des consultations de la lombalgie est d'entendre un discours différent à chaque fois! Fuyez ceux qui dramatisent comme ceux qui négligent vos plaintes. Ouvrez vos oreilles pour connaître la bonne équipe, éduquez-vous pour comprendre parfaitement les buts du traitement, et commencez la gym. Quelques exercices de base ici.
Y a-t-il une méthode de rééducation préférable à une autre? Elles sont nombreuses, et comme leur résultat n'est pas prévisible chez une personne en particulier, un bon thérapeute devrait pouvoir modifier son travail si le résultat est décevant. Attention de ne pas faire un banc d'essai de toute la gamme des exercices sur une dizaine de séances! La rééducation est un traitement lent et il faudra vous astreindre à faire régulièrement les exercices pour juger véritablement de leur bénéfice. Ce peut être douloureux au début. Disons même qu'une rééducation trop "gentille" a peu de chances de vous sortir d'affaire. La règle d'or: les exercices doivent devenir plus faciles et moins douloureux quand vous insistez. Sinon, parlez-en à votre kiné et changez de méthode.
Pour les adhérents: Quand un exercice de rééducation est douloureux, faut-il insister ou non? Répondez vous-même en quelques questions
*La technique Mézières a bonne réputation: ses adeptes gardent leurs patients longtemps et le bénéfice est ressenti assez rapidement. Vous aurez l'impression d'une prise en charge très complète. Il s'agit d'étirements actifs agissant à la fois par un dérouillage et une musculation de votre colonne. Simplifions en disant que c'est à mi-chemin entre une gym classique et de l'ostéopathie. Un reproche: le mézièriste assurant l'essentiel du traitement, vous êtes un peu orphelin quand il s'arrête. Si vous ne changez pas votre hygiène de vie, vous reviendrez souvent à la case départ. La technique n'ayant pas de cotation spécifique par la Sécurité Sociale, le kiné vous prend généralement un dépassement d'honoraires.
*L'école du dos: très à la mode dans les années 90, elle n'a pas pu en fait démontrer son efficacité dans la lombalgie chronique. C'est bien de faire attention à son dos, mais ça ne le muscle pas. Ce n'est pas un traitement de fond.
Pour les adhérents: Les conseils d'école du dos sont particulièrement valables lors de crises aiguës.
*Le reconditionnement à l'effort est plus efficace. C'est le bagne! On ne vous fait pas casser des cailloux mais presque. Le contrat c'est: vous prenez tous les calmants que vous voulez mais vous faites les exercices jusqu'au bout. Vous êtes pris en charge en centre de rééducation pendant 3 semaines. Les places ne sont pas faciles à obtenir, les lombalgiques étant nombreux et non prioritaires dans ces centres (lits occupés avant tout par des opérés, des accidentés de la route, des handicapés neurologiques (hémiplégies...)). Mais vous n'êtes pas obligé de médicaliser ce reconditonnement. C'est même plus sympa de le faire dans un club de vacances, avec équipements sportifs, mer et cours de stretching à disposition. Prévoyez 3 heures d'activités physiques diverses chaque jour, après avoir casé les enfants au club junior. Vous avez toutes les chances de rentabiliser votre "investissement".
*Améliorer ses problèmes vertébraux par des auto-manipulations:
-La grande majorité des douleurs vertébrales (hors traumatisme récent) s'améliore par une augmentation de l'activité physique plutôt que par le repos.
-Les douleurs vertébrales sont davantage favorisées par les positions figées longtemps maintenues (bureau, voiture, piétinement) et l'inactivité physique générale. Un effort à l'origine d'une lésion (lumbago) a été agressif moins par sa violence que parce qu'il est survenu sur une colonne non préparée, fragilisée par des micro-traumatismes antérieurs.
-C'est la limite de la classique école du dos: elle apprend la meilleure façon de faire les efforts, mais ce n'est pas un mode de vie. Appliquée au bon moment, elle limite le risque de se faire mal, et facilite la fin d'une crise, mais permet très rarement de guérir un lombalgique chronique.
-Une colonne doit s'entretenir régulièrement, particulièrement chez ceux qui n'ont pas d'activité physique vive. Attention, le fait de courir partout n'est pas synonyme de journée physiquement active. Il ne faut pas confondre journée stressante et journée physiquement épuisante. Une fatigue musculaire vraie signale d'ailleurs que votre corps n'est pas assez entraîné pour ce que vous lui demandez, donc que vous n'êtes pas assez actif le reste du temps. Dans notre société automatisée, l'épuisement est généralement nerveux: les routines sont très envahissantes et il y a peu de véritable relâche pour l'esprit. Quand vous rentrez le soir "crevé", c'est la commande nerveuse qui est à plat, pas vos muscles, comme vous vous en apercevez si vous avez le courage de ressortir faire du sport après un petit break.
-Les auto-manipulations sont réalisées par la plupart des activités sportives de loisir. Il ne s'agit pas ici d'un traitement médical mais d'un entretien du bon fonctionnement de votre colonne. Choisissez donc un sport plutôt par affinité personnelle que parce qu'il est particulièrement conseillée pour le dos: il y a beaucoup plus de chances que vous soyez toujours en train d'en faire six mois plus tard.
-Si vous ressentez des douleurs, le dérouillage non sélectif induit par le sport peut aggraver vos douleurs: la solution la plus simple serait de supprimer les activités qui vous posent problème et de poursuivre les autres. Mais c'est rarement aussi facile. Une meilleure attitude est de changer carrément de sport, ou de faire un mélange différent. L'échauffement est rarement pratiqué comme il le devrait. Obligez-vous par exemple à faire 20 bonnes minutes de stretching avant un sport de raquette ou de ballon, cela peut suffire.
-La dernière solution, davantage médicalisée et coûteuse, est de préciser votre problème de fonctionnement vertébral et de vous donner un traitement personnalisé, mélange d'étirements, d'exercices ostéopathiques et de musculation.

50 exercices contre le mal de dos de Jean-Christophe Berlin: Un kinésithérapeute explique de façon détaillée la réalisation d'exercices pratiques, adaptés au niveau de condition physique de chacun. Résultat garanti si l'on si colle tous les jours. Un must, même pour ceux qui ont le temps de faire des séances chez le kiné... qui ne sont jamais quotidiennes Programme anti-mal de dos de Johannes-H. Heilmann: Un médecin chiropracteur, un médecin du sport et un neurologue proposent un programme d'entraînement personnalisé et détaillent explications et conseils sur les différents maux de dos Le mal de dos de Christophe Delong: Un médecin répond à 100 idées reçues sur le mal de dos. Info ou intox? Chaque point est expliqué, réfuté, argumenté, dans un langage accessible à tous.
Mal de dos, mal de vivre de Michel Cymes, Jean-François Elberg: Un médecin chroniqueur dans les médias et un chirurgien décryptent les différents maux de dos et l'interaction qu'ils peuvent avoir avec le mal de vivre De nouvelles armes contre le mal de dos : Guide de postures auto-correctives & curatives
de Olivier Plaize de Beaupuy: Un kinésithérapeute formé à la technique Mézières propose des postures auto-correctives pour le mal de dos. Un livre destiné aux kinés et au grand public.
Lombalgie, dix etapes sur le chemin de la guérison de Chenard: Prise en charge progressive et originale, en dix étapes, de la lombalgie. Illustration percutante, proche de la bande dessinée.

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- La chirurgie ne doit pas être considérée comme le traitement ultime du mal de dos. N'oubliez pas que le principal problème est la richesse en nerfs de la colonne vertébrale. Vos nerfs n'apprécieront guère l'arrivée du bistouri. On ne peut pas revenir sur des cicatrices. Il existe pourtant des situations où la chirurgie (arthrodèse) peut donner de bons résultats: spondylolisthesis (décalage entre 2 vertèbres) qui s'accentue, souffrance sur un disque qui refuse de s'immobiliser. Mais il faut que le diagnostic soit très précis, et que votre handicap soit particulièrement sévère et prolongé pour être sûr d'y gagner. La grande majorité des lombalgies finit par s'atténuer spontanément, même si cela prend jusqu'à plusieurs années. En fait si la lombalgie a si mauvaise réputation, c'est que les efforts nécessaires pour changer son hygiène de vie sont difficiles à appliquer. C'est une situation identique à ceux qui essayent d'arrêter de fumer ou de perdre du poids. Il n'est pas nécessaire de vous faire violence. Il faut simplement croire que vous pouvez y arriver. Ne voyez pas votre pièce d'exercice comme la dernière salle de torture à la mode mais comme votre salon de beauté. Sculptez-y votre avenir.


Spondylolisthesis:
Ce terme ésotérique indique un défaut d'alignement de vos vertèbres. "Spondylo" est la racine correspondant à "vertèbre" dans le vocabulaire médical. Le spondylolisthésis (SPL) désigne habituellement un glissement dans le sens avant-arrière entre 2 vertèbres, cas le plus embêtant. On parle de latérolisthésis pour les glissements droite-gauche. Certains de ces SPL sont congénitaux: dus à un défaut de fermeture de la partie arrière de la vertèbre (lyse isthmique) lors de la croissance. Ce n'est pas directement une cause de douleur lombaire, mais certainement une cause favorisante pour générer un surmenage du disque intervertébral à cet endroit. Les autres SPL sont dits "acquis": la partie arrière de la vertèbre se détériore progressivement avec les années et permet finalement le glissement à un âge très mûr. Une situation particulière est le SPL des jeunes sportives, gymnastes et danseuses soumises à des entraînements intensifs: les efforts de cambrement répétés peuvent fragiliser et fissurer la partie arrière d'une vertèbre, lyse isthmique provoquant des douleurs lombaires et pouvant évoluer vers un glissement.
Le spondylolisthésis n'est généralement douloureux que s'il s'accentue: les vertèbres étant maintenues par des ligaments très solides et la musculature vertébrale, le glissement peut rester en l'état. Il est indolore. S'il progresse, cela retentit sur le fonctionnement du disque et des articulations situées à l'arrière des vertèbres (articulaires postérieures). Ce n'est pas systématiquement douloureux, mais si ça l'est, c'est quasi-continuel.
Le glissement du spondylolisthésis peut rendre plus agressif un bombement du disque, une vraie hernie discale ou une arthrose, car les espaces libres sont rétrécis. Dans certains cas extrêmes, le glissement prend des proportions telles que les racines nerveuses sont comprimées, donnant des pertes de sensations et de force dans les jambes, des difficultés à uriner et à déféquer. L'opération devient impérative.
Mais le traitement est généralement beaucoup plus simple: aucun s'il n'y a pas de douleurs. Il est conseillé néanmoins de garder une ceinture musculaire abdominale en bonne forme. En cas de douleurs, toujours commencer une rééducation active visant à tonifier les abdos et à décambrer légèrement les lombaires. Dans les cas difficiles, le lombostat devient acceptable. Enfin, l'on réservera l'arthrodèse (fixation chirurgicale des 2 vertèbres entre elles) aux personnes jeunes voulant conserver une activité physique importante, en sachant qu'elles vont perdre en souplesse et qu'elles ne sont pas définitivement à l'abri des problèmes de dos.


Lombalgie et examens complémentaires:
Les examens complémentaires dans la lombalgie ne sont pas d'une importance cruciale. Vous souffrez depuis longtemps et de plus en plus, et vous aimeriez bien qu'on vous mette une image annotée sous les yeux: "Voici, monsieur, ce qui vous fait souffrir". Pour le rachis, ce n'est pas si simple. Les examens complémentaires ont en fait 2 indications essentielles: 1) chercher autre chose qu'un problème mécanique vertébral (le mal de dos courant, 99% des cas), quand des éléments atypiques dans vos douleurs éveillent l'attention du médecin (douleurs uniquement la nuit, pas de points douloureux sur la colonne, vous n'avez jamais eu mal au dos auparavant...); 2) faire le bilan pré-opératoire d'un mal de dos sur lequel les traitements traditionnels ont échoué. On doit donc en théorie avoir épuisé un certain nombre de moyens thérapeutiques avant de vous envoyer pratiquer un scanner ou un IRM. Ce n'est pas comme si vous aviez pris une porte dans l'épaule ou étiez tombé dans l'escalier, où l'on commence par vous radiographier sous toutes les coutures avant d'entreprendre un traitement quelconque.
Pourquoi procède-t-on ainsi pour la lombalgie? Parce que parmi tous les facteurs reconnus influencer le pronostic du mal de dos, aucun ne concerne l'importance des dégâts sur les examens complémentaires. En clair, que le scanner montre un dos en piteux état ou non, ça ne précise en rien combien de temps vous mettrez pour vous en sortir. Parfois même, ces examens provoquent des doutes mal venus: on trouve une petite hernie discale (c'est assez banal même chez des gens qui n'ont jamais souffert du dos). Elle peut être ancienne et sans rapport avec vos douleurs actuelles. Elle risque de focaliser vos craintes, de provoquer une décision chirurgicale hâtive, et de brider votre bonne volonté à tenter une rééducation sérieuse. Mieux vaudrait souvent n'avoir pas fait ce scanner.
Il n'y a pas non plus de nécessité de "surveillance" par les examens complémentaires, pour les mêmes raisons. C'est à chaque fois un coût et une irradiation inutiles. Utilisons plutôt ce budget pour vous assister régulièrement en rééducation, vous en retirerez un véritable bénéfice à long terme.


Lombalgie et accident du travail (AT):
La législation de l'accident du travail a été créée à une époque où l'assurance-santé des ménages était beaucoup moins bonne que maintenant. Peu de personnes à revenus modestes avaient une mutuelle. Beaucoup de travailleurs irréguliers n'avaient pas de couverture du tout. Or c'est dans ces catégories sociales, chez les travailleurs manuels, que l'on rencontre les accidents les plus graves. L'inspection du travail était moins sévère que maintenant et les postes à risque élevé étaient nombreux. Des handicaps sévères (amputations...) après accident du travail étaient fréquents et cette législation a considérablement amélioré leur prise en charge financière.
Actuellement une grande partie des AT sont des problèmes de maladie ordinaires, parfois à la limite du bobo. Une fraude s'est installée, la législation étant particulièrement favorable: le premier jour non travaillé est payé, pas de diminution des indemnités journalières même si l'arrêt se prolonge sur plusieurs mois ou années. Des lombalgies survenues en bricolant chez soi sont déclarées le lendemain au travail. On se justifie facilement du fait que l'on fait plutôt davantage d'efforts sur son lieu de travail. Ces petites tricheries ne sont à vrai dire pas bien graves. Le contexte de l'AT est surtout nocif quand existe un problème social: employé qui n'apprécie guère son boulot, conflit plus ou moins larvé avec l'employeur, impression de ne pas être apprécié à sa juste valeur. Ce conflit social va parasiter le problème médical, devenir parfois un mur entre le malade et sa guérison: payé normalement, l'employé n'a plus à affronter un travail difficile. Il lui est facile de se piéger lui-même, en s'apesantissant sur ses douleurs persistantes, s'il ne reconnaît pas le contexte favorisant.
De ce fait, les médecins n'apprécient guère la prise en charge des accidents du travail, et ce n'est pas à cause de la paperasserie supplémentaire! Certains seront peut-être ravis de voir arriver ce gros budget à leur cabinet (les consultations, rapides et gratuites pour le patient, se multiplient), et ont tendance à pérenniser la situation chez un patient qui souvent ne demande qu'à se laisser faire. Mais la plupart cherchent à sortir leur malade des ennuis et savent que le contexte de l'accident du travail va multiplier par dix la durée d'évolution d'un lumbago ordinaire. Vous ne serez donc pas surpris s'ils font la grimace quand vous leur présentez vos papiers d'AT.
Le médecin n'a pas à prendre parti sur les circonstances de l'accident ou les justifications de votre conflit avec l'employeur. Ces justifications peuvent être excellentes. Vous avez peut-être les meilleures raisons du monde de revendiquer des conditions de travail correctes. Le règlement de ceci est social: parlez-en à un autre échelon, changez de boulot, déposez une plainte à l'inspection du travail, aux prudhommes si vous êtes licencié. Le médecin se fait juge s'il prolonge une maladie qui est en fait un conflit social. Ce n'est pas son rôle. Il ne vous rend pas service, vous êtes dans une impasse: la prolongation de votre arrêt ne va sûrement pas améliorer vos rapports avec l'employeur. Il ne pourra pas durer indéfiniment: même si le médecin traitant est cool, le médecin-conseil va finir par jouer les gendarmes et vous serez au pied du mur: vous reprenez un travail où plus personne ne vous désire, ou votre état justifie une inaptitude par le médecin du travail et vous êtes au chômage. Dans tous les cas, cet épisode laissera des traces sur votre confiance en vous, votre aptitude à gérer la douleur, et votre capacité à retravailler.
La lombalgie étant souvent traînante, quand un effort au travail la déclenche, il n'est pas toujours facile de savoir quand sa durée devient "anormale". Mais vous constatez vite que si le repos améliore les premiers jours, il devient rapidement inefficace et donc inadapté car il a un effet pervers sur votre musculature et votre habitude du travail. Vous pouvez imaginer avoir des lésions plus sévères qu'il n'y paraît. Votre médecin doit répondre à ces questions en vous examinant et en vous prescrivant éventuellement des examens complémentaires. Attention aux examens sophistiqués comme le scanner ou l'IRM qui peuvent mettre en évidence des lésions anciennes: le médecin doit affirmer la bonne correspondance entre les lésions et vos difficultés actuelles. Vous saurez que vous n'avez rien de grave si: le médecin est rassurant, les examens aussi (ne prenez pas mal si "il n'y a rien", c'est fréquent dans beaucoup de lombalgies), les médicaments ne vous font pas grand chose (ils sont actifs sur une lésion évolutive) et le repos non plus.
Si vous êtes dans une telle impasse et arrêté depuis longtemps, la reprise promet d'être difficile: n'hésitez pas à prendre les doses maximales de calmants les premiers jours (sans être trop "shooté" quand même) et voyez avec votre médecin s'il est possible de mettre en place un mi-temps thérapeutique pour faciliter votre réinsertion au travail. Soyez lucide: un mi-temps peut dégrader votre ambiance de travail si l'on considère autour de vous que vous avez déjà beaucoup "tiré sur la ficelle". Nous vous le conseillons surtout si vous avez un travail très physique.
La consolidation de l'AT intervient quand votre état n'évolue plus: soit vous êtes guéri, soit les médecins n'ont rien à vous proposer de plus et vos ennuis persistants sont des séquelles. Il n'y a pas d'intérêt à repousser la date de consolidation quand on a véritablement fait le tour de la question: la gratuité des soins en AT n'est pas un gros avantage si votre médecin est en secteur 1 et si vous avez une mutuelle; si les soins sont encore importants et réguliers, le médecin peut prolonger leur prise en charge en AT après la consolidation. Si vos séquelles sont indemnisables, la pension sera versée à partir de cette date de consolidation. Inutile d'attendre.


Arthrose lombaire:
L'essentiel:
L'arthrose de la colonne est différente de l'arthrose des membres.
On en parle à un âge jeune sur les radios.
Mais il n'y a pas de lien entre ce que l'on voit sur les radios et les douleurs ressenties.
Il ne faut donc pas attacher trop d'importance à votre compte-rendu de radio ou de scanner.
Les douleurs de colonne liées à l'arthrose peuvent s'améliorer avec l'âge.
C'est souvent l'affaiblissement de la musculature qui rend l'arthrose lombaire douloureuse.
La complication la plus pénible de l'arthrose n'est pas la douleur dans le dos mais la sciatique et la cruralgie.
Rarement et seulement à un âge avancé la moelle épinière peut être coincée par l'arthrose et donner une sensation de jambes coupées à la marche: c'est la claudication médullaire.


Kyste articulaire postérieur:
Kyste développé à partir de l'articulation interapophysaire postérieure . Habituellement bénin. S'il est découvert dans le cadre d'un bilan de lombalgie, les douleurs sont plutôt dues à la souffrance de l'articulation et non au kyste lui-même. Parfois son volume peut entraîner une irritation de la racine nerveuse voisine et provoquer une sciatique ou une cruralgie. Le traitement est la ponction-infiltration du kyste sous contrôle radioscopique, efficace 8 fois sur 10. Rarement, il peut être nécessaire de l'opérer.


Maladie de Scheuermann lombaire
Cf Scheuermann dorsal


Déchirures musculaires et ligamentaires
Elles existent mais sont très difficiles à différencier des lésions vertébrales : Celles-ci entraînent très facilement des contractures réflexes et un muscle dur et sensible n'indique pas forcément qu'il est lui-même lésé. De telles déchirures ne surviennent que pour des traumatismes suffisamment importants, pas pour un banal faux-mouvement. Qu'elles ne soient pas diagnostiquées n'est pas très grave à vrai dire car le muscle cicatrise spontanément et en quelques semaines maximum. Une douleur qui n'est pas améliorée au bout d'un mois ne peut pas être purement musculaire.


Lombalgie et chirurgie
Faut-il se faire se faire opérer du dos quand on a tout essayé sans succès? La chirurgie proposée, généralement une arthrodèse (blocages des dernières vertèbres lombaire par une greffe osseuse ou plaques/vis), ne doit pas être considérée comme une solution ultime. C'est une opération qui contre de façon irréversible le fonctionnement normal d'une colonne vertébrale. Rien à voir avec le retour d'une fonction naturelle comme avec une prothèse de hanche. Le caractère pénible des lombalgies provenant de la richesse en nerfs de cette zone, la fait d'y placer du matériel et une cicatrice n'apporte pas une garantie d'amélioration. Certains sont nettement aggravés. Cela explique que les études peinent à démontrer une quelconque supériorité de l'arthrodèse sur le traitement médical de la lombalgie.
Ne vous trompez pas sur l'intitulé: "tout essayé sans succès" c'est rarement vrai. Peu de candidats à l'opération ont réellement tenté un reconditionnement physique à l'effort très suivi et bien entouré par des méthodes anti-douleurs adaptées. Il faut du temps, et une motivation franche pour passer les caps difficiles.


Lombalgie de l'enfant
L'enfant n'a pas normalement de problèmes d'hygiène de vie et il faut chercher d'autres causes à un mal de dos que chez l'adulte. Ce n'est pas tout à fait vrai chez le grand adolescent qui a déjà passé bien des journées assis en classe et n'est pas toujours un grand sportif, mais il ne faut pas utiliser dans la douleur de l'enfant des raccourcis faciles tels que "il se tient mal" ou "ce sont des douleurs de croissance". L'enquête du médecin doit être détaillée. Les examens complémentaires seront faciles. Si l'enfant est au contraire très sportif, particulièrement s'il fait beaucoup d'hyperextensions du dos (gymnastique), il faut rechercher une lyse isthmique, fracture ou défaut de soudure de l'arc osseux postérieur d'une vertèbre lombaire, qui peut évoluer plus tardivement vers un spondylolisthésis, glissement vertébral qui surmène beaucoup le disque et crée des douleurs durables, alors que la lyse isthmique traitée rapidement par immobilisation (corset) peut consolider de façon satisfaisante. La lyse isthmique se voit généralement sur des radios simples, mais il faut avoir pensé à faire les clichés de 3/4.
La scoliose et la maladie de Scheuermann sont des causes favorisantes de lombalgies, mais ne sont pas systématiquement douloureuses. Il faut bien préciser ce qui fait mal exactement, car il n'est pas toujours nécessaire de s'engager dans des rééducations très suivies.


Rhumatismes inflammatoires
Certains rhumatismes peuvent simuler un mal de dos banal mais particulièrement chronique : Il s'agit surtout de la spondylarthrite ankylosante, un rhumatisme habituellement très sensible aux anti-inflammatoires, si bien qu'il n'est pas difficile à améliorer par les médecins, mais la nécessité d'en prendre en permanence finit par faire se poser des questions. Il faut réaliser des examens complémentaires et le médecin évoque ce diagnostic sur un "score" qui le différencie d'une lombalgie mécanique. Cette possibilité est plus fréquemment oubliée chez la femme qui présente des symptômes moins marqués et plus proche d'une lombalgie banale.


Pour les adhérents:
Diagnostiquez vous-même l'origine de vos douleurs lombaires, de votre sciatique ou cruralgie, en déterminant dans laquelle des 15 catégories vous vous situez, avec pour chacune, l'explication de la lésion, son histoire, les conséquences ressenties, le traitement adapté.


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