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Les tendinites Mise à jour 4/02

Les bases

Le tendon est l'ancrage du muscle sur l'os. Plusieurs parties: jonction muscle/tendon, corps du tendon, jonction tendon/os (enthèse), gaine de glissement pour les tendons les plus longs (main et pied...). La gaine est une membrane analogue à celle qui entoure les articulations (membrane synoviale). Comme pour l'articulation, elle sécrète de faibles quantités de synovie qui facilite le glissement du tendon.

Sous le terme de tendinopathie sont regroupés, selon la partie concernée:
*La déchirure de la zone charnue du tendon ressemble à une déchirure musculaire mais est d'évolution plus prolongée en raison de la faible vascularisation et de la réparation plus lente du tendon.
*Le terme de tendinite concerne habituellement les lésions du corps du tendon.
*L'enthésopathie ou enthésite est la souffrance de la jonction tendon/os. Son évolution ressemble aux fissurations osseuses car le délai de consolidation de cette zone est le même: 4 à 6 semaines en l'absence de toute traction sur le tendon, indéterminé dans le cas contraire.
*La ténosynovite est l'inflammation de la gaine du tendon:
-Il peut s'agir d'une atteinte primitive de la gaine (ténosynovite rhumatismale), analogue au pannus synovial des polyarthrites. Le tendon est agressé par ce tissu. Il se fragilise et peut finir par se rompre.
-Il peut s'agir d'une atteinte primitive du tendon (rupture de fibres par tractions excessives ou choc direct). Un cal se forme, épaississant le tendon. Le glissement de ce nodule peut irriter la gaine et provoquer la ténosynovite.

Un tendon contient 2/3 d'eau, 3/4 du poids sec sont des fibres collagène de type 1, et le reste: fibres d'élastine, protéoglycanes, fibroblastes. Le tendon n'est pas capable de se contracter mais a une certaine élasticité: c'est un ressort rigide qui peut s'allonger jusqu'à 5% de sa longueur sans dommage. Rupture partielle au-delà, rupture complète à 8% d'allongement.
L'entraînement physique développe l'épaisseur du tendon jusqu'à la fin de la croissance. Après, l'exercice ne fait qu'augmenter la taille du muscle, pas celle du tendon. Ainsi, il vaut mieux ne pas démarrer tardivement une musculation intensive.


Mécanismes des tendinopathies

*Par tractions excessives:
-Soit surmenage évident du tendon: sportif ayant majoré la durée ou l'intensité de son entraînement, reprise trop rapide de l'entraînement après une période d'inactivité du tendon. C'est le mécanisme de la tendinite de la rotule, des adducteurs...
-Soit geste répétitif, pas forcément épuisant, mais dont on n'a pas l'habitude ou vraiment trop répété (maladie professionnelle). Par exemple, vous jouez du tournevis pour monter un meuble en kit, vous taillez une haie toute une matinée. C'est le mécanisme de l'épicondylite au coude, qui est une enthésopathie.
*Par frottements répétés:
Balayage ou frottement trop fréquent peut finir par irriter le tendon ou sa gaine. C'est le mécanisme de la tendinite de la bandelette ilio-tibiale chez le coureur (frottement sur le condyle externe) mais aussi de la beaucoup plus fréquente tendinite de l'épaule.
*Par contusion directe:
Cause plus rare. Comme pour les déchirures par traction, la cicatrisation du tendon est beaucoup plus longue que celle du muscle.


Tendinite et repos

La cicatrisation du tendon ne demande pas un repos strict, seulement une grande prudence. Etant donné les délais de consolidation, le repos complet entraînerait une fonte musculaire et d'autres troubles, dont le moindre n'est pas la déprime! Il faut éviter de redéchirer la cicatrice, qui reste fragile longtemps. Les règles:
-reprendre une activité physique différente de celle qui a abîmé ce tendon (sauf en cas de choc direct)
-reprendre progressivement et ne jamais aller jusqu'à une douleur persistante après l'effort
-pratiquer ce que l'on peut bien contrôler (sport solitaire)
-esquiver soigneusement sa douleur en repérant bien les gestes litigieux lors d'un échauffement lent
-s'aider d'appareillages qui soulageront les tractions sur le tendon (talonnette pour la tendinite d'Achille) ou amélioreront les sensations de posture articulaire (genouillère). Mais ne tombez dans la surenchère des vendeurs d'appareils plus ou moins placebos. C'est toujours un traitement d'appoint et non un moyen de raccourcir la période d'économie du tendon. Il faudrait pour cela un traitement activant la réparation du tendon, qui n'existe pas actuellement.


Tendinite et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Utilisée depuis longtemps dans la plupart des douleurs de l'appareil locomoteur, la prise d'AINS repose sur un postulat simpliste: j'ai moins mal donc ça me fait du bien. Leur bénéfice sur le fond n'est pas démontré, voire l'absence d'effet nocif sur le fond n'est pas démontré. Est-il vraiment sans inconvénient de bloquer la réaction inflammatoire, processus réparateur des tissus? Dans une situation au moins -les fissures osseuses- il est démontré que tous les AINS retardent la consolidation de l'os.
Il semble raisonnable de les utiliser dans une inflammation tendineuse aiguë (mais les applications de froid et le paracétamol ne font-ils pas aussi bien?), mais pas dans une inflammation chronique: on a l'impression que cette inflammation/réparation n'est pas assez efficace, pourquoi la brider avec un AINS?
Le meilleur créneau des AINS est l'inflammation rhumatismale, où le tissu inflammatoire devient l'agresseur et non plus le réparateur. Là sont justifiées des prescriptions au long cours de ces produits.


Tendinite et mésothérapie

La mésothérapie agit par l'effet local des AINS, vasodilatateurs (activent la circulation locale) et anesthésiques injectés. Mon point de vue iconoclaste est qu'elle a comme principal intérêt l'observance du repos par le sportif, qui vient régulièrement faire ses séances chez le médecin et n'ose reprendre son entraînement avant la fin du traitement...


Tendinite et infiltrations

La cortisone n'est pas meilleure qu'un AINS sur un tendon malade. Pas pire non plus, tant qu'on ne répète pas les injections. La réputation des infiltrations favorisant les ruptures tendineuses n'est pas démontrée, et sans doute fausse: l'infiltration étant proposée aux personnes les plus handicapées, il est logique que ces tendons très détériorés soient les plus nombreux à se rompre. Rappelons que les ruptures sont très banales en dehors de toute infiltration, en particulier à l'épaule. Seule une faute technique grossière comme l'injection intra-tendineuse (pas facile à faire...) peut certainement favoriser une rupture.
La cortisone a comme l'AINS un rôle bloqueur sur l'inflammation. L'infiltration n'a pas d'intérêt sur une tendinite isolée. Elle est intéressante dans une bursite ou une ténosynovite. La gaine du tendon ou l'espace de glissement adjacent au tendon peut être toujours empli de liquide inflammatoire alors que le tendon est réparé. L'entretien de cette inflammation se fait par les mouvements normaux, le surmenage ou le traumatisme initial ayant disparu. C'est la bonne indication de la piqûre. Ce sera vérifié par la disparition complète et définitive des douleurs en 1 à 2 semaines (si le produit est arrivé au bon endroit...). On n'a donc pas besoin de répéter plus d'une ou deux fois l'injection. La récidive ou la persistance de douleurs oriente vers la rééducation, les conseils techniques, voire dans les cas difficiles vers un bilan pré-chirurgical.


Tendinite et rééducation

Un kinésithérapeute peut se comporter en agent d'entretien ou en éducateur.
L'agent d'entretien, c'est quand vous avez l'impression de lui avoir confié votre carcasse comme on conduit sa bagnole au garage. On vous a malaxé, étiré, chauffé, électrisé, refroidi (!) et on vous a rendu un corps détendu et indolore, mais sans avoir amélioré son mode d'emploi.
L'éducateur est beaucoup plus casse-pieds: il vous abreuve de conseils, s'immisce dans vos habitudes personnelles, veut tout chambouler, et par-dessus tout propose des exercices fatigants voire douloureux.
L'agent d'entretien est utile pour diminuer le recours aux calmants en période très difficile. Il est populaire, parce que vous partez de chez lui avec le sourire. Mais ce n'est pas lui qui va vous tirer définitivement d'affaire. Il doit s'effacer petit à petit en faveur de l'éducateur.
Cette évolution demande une motivation du kinésithérapeute, soutenue par la vôtre. C'est en effet une activité moins rémunératrice. On peut traiter simultanément plusieurs personnes en physiothérapie, on n'en rééduque qu'une à la fois. Les résultats sont plus aléatoires. Le kiné et vous-même pouvez vous décourager rapidement si vous semblez trop étranger à ses demandes ou si la douleur vous fait vite reculer. Il est facile de se limiter au moins risqué et au moins fatigant, mais ce sera sans doute décevant au bout du compte.
L'éducateur est d'autant moins nécessaire que vous pigez vite. Vous pouvez repartir dès la première séance avec votre programme d'exercices, et venir de temps en temps montrer comment vous faites à un oeil critique. Tout dépend de votre proprioceptivité: c'est l'attention que vous portez aux signaux que vous adresse votre propre corps et l'imagination que vous utilisez pour remédier à ces alarmes.

Un exemple de rééducation spécifique: la méthode Stanish dans les tendinites du genou


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