Qui ne s'est pas fait mal au moins une fois en pratiquant une activité
sportive?
Selon la gravité et l'endroit du traumatisme, vous
avez entendu des conseils variés, de rassurants ("il n'y aura
plus rien dans 10 jours") à inquiétants ("ça
va recommencer") en passant par casse-pieds ("arrêtez
le sport pendant 3 mois"). Vous n'êtes guère tenté
d'arrêter et vos partenaires sportifs continuent à pratiquer
avec vous comme si de rien n'était. Mais souvent les pépins
se multiplient: une déchirure, puis une deuxième survenant
plus facilement, un blocage du dos. Vous voulez continuer à pratiquer
au même niveau voire progresser davantage, mais vous vous sentez
plus vulnérable, un mauvais génie guette ce mollet ou cet
adducteur qui a déjà laché quelques fois.
Il faut bien différencier 2 types de problèmes: 1) le traumatisme,
d'un muscle ou d'un tendon auquel on impose une tâche pour laquelle
il n'est pas préparé; 2) le conflit ou le surmenage chronique,
où le muscle, le tendon ou l'articulation ont une résistance
normalement suffisante pour l'activité imposée, mais il
existe un trouble de fonctionnement qui déclenche une lésion
si l'on insiste un peu trop.
Ce chapitre ne concerne que les traumatismes limités (déchirures,
élongations, entorses) qui se multiplient souvent chez le sportif
avec les années qui passent. Les tendinites et autres surmenages
chroniques sont traités par région au chapitre Maladies.
Le traumatisme peut survenir chez n'importe qui. Un accident est toujours
possible, dérapage, collision, imprévu quelconque. Ce n'est
pas cette situation qui pose problème: le repos est rapidement
efficace et on peut reprendre normalement son activité au bout
de quelques semaines. Mais souvent, il s'agit d'un incident plutôt
que d'un accident, ce n'est pas votre première déchirure,
vous avez l'impression que ce ne serait pas arrivé aussi facilement
quand vous aviez 18 ans. Cela vous rend prudent, vous réduisez
l'intensité et la fréquence de votre pratique, voire vous
abandonnez certaines activités un peu trop dynamiques. Le contexte
est généralement une pratique déjà irrégulière
du sport: vous avez été très sportif plus jeune,
mais les obligations professionnelles et familiales ont rétréci
vos créneaux. Vous essayez de garder le même niveau. Vous
vous retrouvez ainsi à faire un sport plutôt intense, mais
seulement une ou deux heures par semaine, et avez un mode de vie sédentaire
le reste du temps.
Notre but est de vous rassurer sur l'intérêt d'une activité
physique et de vous aider à contourner les ennuis rencontrés.
Il n'est pas de régenter votre mode de vie, mais vous devez éviter
de faire trop de compromis avec l'entretien physique. Une journée
stressante peut démotiver pour ressortir se défouler sur
un terrain de sport. L'épuisement est nerveux plutôt que
physique, et vous vous apercevez en fait que ce corps qui vous semblait
si fatigué a encore plein de ressources. Vous vous videz l'esprit
et récupérez finalement mieux que si vous aviez passé
la soirée effondré dans un fauteuil. En rentrant du sport,
vous avez les idées claires et avez l'impression que la nuit peut
être encore productive. Quelques reculades n'ont pas d'incidence,
tandis que plusieurs mois sans activité physique entraînent
forcément des modifications de votre musculature et une accumulation
de tension nerveuse.
Vous venez de "casser". Quoi faire?. Nous présumons que
votre traumatisme n'est pas sévère: si vous êtes incapable
de poser le pied par terre ou de marcher, si une articulation a doublé
de volume, vous devez voir un médecin.
Il s'agit d'une élongation: sensation de lâchage musculaire,
la douleur siège sur le corps d'un muscle ou près de son
attache osseuse, mais n'est pas sur l'os même. Des mouvements précis
réveillent la douleur alors que d'autres "passent". Il
s'agit d'une déchirure: même problème, mais avec un
traumatisme plus sévère du muscle: le saignement fait gonfler
et ultérieurement bleuir la peau. Dans l'entorse, la déchirure
du ligament peut provoquer un gonflement localisé par saignement,
ou un épanchement de l'ensemble de l'articulation. Tout traumatisme
sévère avoisinant un os et en particulier une articulation
doit faire pratiquer des radios. Les fractures franches et déplacées
sont évidentes parce que l'impotence est complète, mais
les fractures "engrenées" (os imbriqués l'un dans
l'autre) et les arrachements osseux (ligament arrachant son attache osseuse)
ne sont guère plus douloureux qu'une entorse banale et seront dépistés
par une lecture attentive des radios, éventuellement en les renouvelant
1 à 2 semaines plus tard si l'évolution n'est pas favorable.
A la phase aiguë, immobilisez et comprimez. L'immobilisation est
la conduite spontanément choisie comme la plus raisonnable par
le traumatisé... La compression limite l'importance du saignement.
Un hématome volumineux peut avoir plus tard des difficultés
à se résorber et laisser une cicatrice non fonctionnelle
au sein du muscle. La compression ou le bandage n'ont pas besoin d'être
prolongés. Ce n'est pas une hémorragie artérielle!
Il ne faut pas couper trop longtemps la circulation du membre. 5 à
10 minutes suffisent, mais il faut le faire immédiatement. La glace
est utile car réduit le saignement par constriction des vaisseaux
et engourdit la douleur. Mais elle n'est pas disponible instantanément
et ne remplace pas la compression. Dès les premières minutes,
vous pouvez commencer à bouger. Vous êtes devenu un digne
représentant de la Cour des Miracles! Terminé le sport pour
la journée. Et pour le reste des vacances?
Tout dépend de la gravité du traumatisme. Mais une cicatrice
musculaire commence à gagner rapidement de la solidité.
Elle est protégée par la contracture persistante que vous
sentez autour de votre douleur principale. C'est à vous de sentir
jusqu'où vous pouvez aller. Pas d'effort violent au début.
Mais le fait de remarcher et de s'étirer gentiment dès les
premiers jours n'est pas une bêtise. Elle vous évitera sans
doute une cicatrice trop rétractée qui favorise les rechutes.
Passées les premières heures et les applications de froid,
nous conseillons de faire le soir des pansements
alcoolisés pour leur effet décongestionnant. Commencez
à vous masser au bout d'un ou deux jours seulement, pour ne pas
faire resaigner. Massez légèrement au début puis
plus agressivement au fil des jours et avec l'atténuation de la
douleur. Les médecins pratiquent facilement des échographies
qui montrent bien les lésions. Nous ne vous conseillons pas d'en
faire une dans l'immédiat. Pas la peine de se faire peur pour rien.
Il n'y aucune démonstration qu'un aspect sévère en
échographie doive inciter à une économie particulière
ou à un traitement chirurgical d'emblée. Vos douleurs sont
le meilleur guide. C'est différent si elles s'éternisent
et surtout ne progressent plus au bout de quelques semaines. Vous avez
peut-être une lésion autre que musculaire ou un hématome
collecté à l'intérieur du muscle. Les examens deviennent
nécessaires.
N'en gardez pas une prudence excessive vis à vis du sport. La vraie
leçon de ces accidents, c'est que vous devez pratiquer plus régulièrement
et vous échauffer plus soigneusement!
Les accidents de ski et de surf sont en nette augmentation. C'est une
conséquence de l'amélioration du matériel, qui permet
à davantage de skieurs d'aller vite, du développement du
surf qui se pratique également à des vitesses importantes,
et surtout de l'encombrement croissant des pistes avec la généralisation
des remontées mécaniques à gros débit. Les
collisions ont beaucoup augmenté (près d'un accident sur
cinq). L'enneigement médiocre est sans doute aussi en cause (neige
dure, cailloux).
Les lésions progressent au membre supérieur (fractures luxations
poignet épaule). Au membre inférieur, les fractures de jambe
diminuent grâce à l'amélioration des fixations mais
le genou arrive du coup en première ligne (entorses).
Volley-ball
*L'épaule: Les problèmes d'instabilité sont fréquents,
à cause de la vitesse et de la répétition du geste
de smash, de la taille réduite des surfaces articulaires. Ils se
traitent en rééducation par renforcement des muscles rotateurs
et fixateurs de l'épaule. Evitez de porter le bras vers l'intérieur
et de tourner la tête en fin de smash (smashez "droit"
vers l'avant), cela peut favoriser l'étirement de nerfs à
l'épaule (sous-scapulaire et grand dentelé). En résumé,
si vous avez des douleurs à l'épaule, évitez le smash!
*Les entorses des doigts: très fréquentes; c'est un rituel
chez les pros de se "strapper" les doigts. Méfiez-vous
de ne pas passer à côté de la rupture du tendon extenseur:
la dernière phalange tombe un peu et vous n'arrivez pas à
la relever (doigt en maillet). Comme les douleurs disparaissent rapidement
et que ce n'est pas très gênant, vous le négligez.
Au départ une attelle est suffisante. Après quelques semaines
c'est la chirurgie. Une rupture ancienne n'est pas toujours réparable.
*Le genou: fréquence de la douleur d'attache du tendon rotulien,
juste sous la rotule, à cause des sauts répétés.
Traitement en rééducation par étirements et la méthode
du
Pour les adhérents:travail excentrique.