
Ménisques vus d'avion

Schéma genou normal et arthrosique
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Les points essentiels pour comprendre:
La mécanique articulaire
-Les extrémités osseuses au genou n'ont pas des formes
qui "collent" bien: le fémur se termine par 2 boules
accolées, le tibia est un plateau, dont une moitié est
légèrement creuse, l'autre bombée.
-Ces extrémités sont recouvertes de cartilage, sorte de
pneu très ferme d'un demi-centimètre d'épaisseur,
qui amortit les chocs entre les os.
-Les ménisques sont des cales en cartilage qui adaptent les extrémités
osseuses l'une à l'autre. Ils avancent et reculent dans le mouvement
de flexion-extension.
-Les ligaments croisés sont tendus du fémur au tibia en
plein milieu de l'articulation. Ils s'enroulent l'un sur l'autre, serrant
les os en flexion, les desserrant en extension.
-La synovie est un liquide fabriqué par l'enveloppe articulaire
(membrane synoviale), à consistance d'huile légère,
présent normalement en petite quantité pour humecter les
cartilages et diminuer les frottements.
-Ce mécanisme peut paraître biscornu, mais est en fait très
performant pour assurer le mouvement essentiel, la flexion-extension,
de façon stable, tout en autorisant de petits mouvements de rotation
pour diminuer les contraintes en torsion sur les os longs, fémur
et tibia (limite le risque de fracture).
-Le fonctionnement du genou est indissociable de
celui de la hanche et de la cheville/pied. La souffrance d'une de ces articulations peut être
favorisée par une anomalie, indolore, sur ses voisines. Le genou
est y particulièrement exposé, lui qui est une liaison
entre 2 points d'appui fixes, pied au sol et hanche fixée par
l'inertie du poids du tronc. Une anomalie d'axe ou de torsion du membre
retentit immédiatement sur le genou.
La réparation des tissus
-L'os comme le cartilage sont des tissus vivants qui s'auto-renouvellent
en permanence, mais de façon beaucoup plus lente que la peau
par exemple.
-L'os est alimenté par des vaisseaux sanguins. Pas le cartilage,
qui est nourri par diffusion des nutriments à travers le plancher
osseux, et par la synovie qui le baigne.
-Si les contraintes quotidiennes provoquent des lésions qui débordent
la vitesse de réparation, des lésions vont apparaître,
diminuant la résistance des tissus:
-Les lésions osseuses sont des microfractures. Elles donnent des
douleurs de type "foulure", apparaissant dès que l'on
appuie sur l'os (station debout), disparaissant en position assise ou
couchée.
-Les lésions du cartilage entraînent un ramollissement du "pneu".
Les frottements articulaires en arrachent des fragments. Ces fragments
aggravent les lésions, comme du sable dans une mécanique.
Ce sont bientôt de véritables filaments de cartilage, voire
des lambeaux, qui se détachent de la surface et peuvent laisser
l'os à nu (A).
-Les débris de cartilage sont très irritants pour l'articulation.
Ils sont captés par l'enveloppe articulaire, membrane synoviale,
qui s'enflamme pour s'en débarrasser. Elle fabrique du liquide
en abondance (épanchement de synovie) pour diluer l'irritation
causée par ces débris. L'afflux de cellules "éboueuses",
qui vont détruire ces débris, entraîne une congestion
douloureuse de la synoviale.
-Ainsi les douleurs causées par les lésions du cartilage
sont plus permanentes que les douleurs osseuses. Parfois même,
elles sont majorées la nuit en position couchée, alors
que le genou n'est pas en charge. Caractéristique des douleurs
d'inflammation. Elles peuvent durer de quelques jours à plusieurs
mois, selon que les lésions se stabilisent ou non (de nouveaux
débris entretiennent l'inflammation).
-La réparation de l'os est plus ou moins intense pour des motifs
génétiques. Chez certains elle est presque trop efficace,
aboutissant, si les microfractures se répètent, à un
os très dense, qui devient un plancher dur pour le cartilage et
dans lequel les nutriments vont moins bien circuler. L'os
est ainsi responsable en partie de la dégradation du cartilage. Chez d'autres personnes
(tendance à l'ostéoporose), la réparation est moins
intense, les microfractures se répètent, les douleurs à l'appui
persistent. C'est le principal motif qui fait réclamer la prothèse.
-La réparation du cartilage dépend d'une bonne circulation
des nutriments, donc d'un bon état osseux, de l'absence de débris
dans l'articulation et de nouvelles contraintes excessives sur la zone
lésée.
-Attention! Le repos complet est un piège: Les pressions répétées
sur l'os et le cartilage sont un facteur important pour stimuler sa réparation.
L'alitement permanent, le repos prolongé, diminuent la résistance
des os et des cartilages. Il faut donc réduire les pressions excessives
et permanentes sur le genou, pas les supprimer.
Ménisque et cartilage d'encroûtement
des os
Le cartilage qui recouvre les extrémités osseuses est tout à fait
indispensable au bon fonctionnement du genou. Sa disparition laisse l'os
sans protection contre les chocs de la station debout. C'est l'arthrose.
En l'absence de cartilage artificiel disponible, les solutions chirurgicales
sont lourdes (prothèse ou ostéotomie, cf ci-dessous).
Le ménisque, croissant stabilisateur intercalé entre les
cartilages d'encroûtement, est moins indispensable. On peut l'enlever
complètement par une opération bénigne, et si les
cartilages des os sont intacts, les douleurs disparaissent complètement.
Mais l'arthrose survient ensuite plus rapidement, car ce stabilisateur
est utile. Après avoir longtemps ôté les ménisques
entiers, les chirurgiens s'efforcent maintenant de ne sacrifier que la
partie abîmée, voire suturer les fissures d'un ménisque
jeune.
Ménisque et arthrose ont des points communs: ce sont des lésions
du cartilage. Mais les présentations sont différentes:
-Le ménisque est un cartilage libre et mobile: il peut se coincer
(-> blocage du mouvement du genou), surtout si des fissures lui font
prendre une forme anormale. Des fissures profondes ou des fractures n'ont
aucune chance de consolider à cause des mouvements quotidiens.
L'immobilisation n'est pas efficace: le ménisque ne saigne pas
et ne forme pas de cal solide comme l'os. Pas d'autre alternative que
la suture (chez le jeune, après un traumatisme du ménisque,
sportif le plus souvent) ou plus couramment l'ablation de la partie instable.
-Le cartilage d'encroûtement est adhérent à l'os.
Son altération libère de petits fragments qui se dispersent
dans le genou et donnent une douleur plus globale. Il est rare qu'un
gros lambeau se détache et provoque des blocages. Le chirurgien
n'a pas de bonne solution: s'il enlève les zones de cartilage
abîmées, l'os est à nu, les douleurs ne disparaissent
pas.
-En fait, à partir d'un certain âge, la
détérioration
est mixte: les lésions du ménisques retentissent sur le
cartilage d'encroûtement et vice versa. Les débris de l'un
agressent l'autre. Il est rare après 50 ans qu'une arthroscopie
pour traitement du ménisque ne trouve pas aussi des lésions
du cartilage -> résultat moins bon, voire médiocre,
sur la douleur.
Avez-vous bien une arthrose ou un
ménisque abîmé?
Vous avez pris l'avis d'un bon clinicien. N'oubliez pas
que, sur le site, seul le nom de votre browser est examiné ;-))
(même pas
en fait).
Mais vous pouvez vérifier votre diagnostic. Si vous êtes
intéressé, nous détaillons en annexe l'examen
d'un genou.
4 grandes catégories de douleurs du genou, par
fréquence
décroissante:
I) Les maladies dites "mécaniques": limitée au
genou, altération des mécanismes articulaires: os, cartilages,
ménisques, ligaments, enveloppes articulaires, tendons, muscles.
Nous les détaillons ci-dessous.
II) Les douleurs projetées au genou: Le genou fait mal, mais la
hanche ou le rachis lombaire sont responsables, par irradiation le long
du nerf crural. Ne croyez pas que la gêne soit moins vive: Ce sont
au contraire les douleurs les plus pénibles que l'on puisse éprouver
au genou. Pour vous en persuader, demandez à un tiers objectif
si votre genou est vraiment gonflé (vos sensations sont perturbées),
et pliez/étendez le genou sans rien bouger d'autre (en particulier
pas de coup de rein) pour vérifier la liberté de l'articulation.
Les douleurs projetées sont volontiers étendues à la
cuisse, ce qui n'est jamais le cas d'une douleur originaire du genou.
III) Les arthrites rhumatismales et infectieuses:
Maladies "inflammatoires",
par opposition aux mécaniques. Elles font mal la nuit et le matin,
touchent volontiers d'autres articulations, sont bien calmées
par les anti-inflammatoires, ne s'expliquent par aucun surmenage ou traumatisme
de votre genou. L'examen clef est la prise de sang, normale dans la catégorie
I), élévation de la vitesse de sédimentation et
de la protéine C réactive dans la catégorie II).
IV) Les douleurs neurologiques du genou:
algodystrophie et maladies neurologiques touchant le nerf crural. Ce
sont des douleurs très mal localisées
sur la région du genou, permanentes quelque soit la position,
avec gonflement et rougeur modérées dans l'algodystrophie,
des radios normales. L'algodystrophie est souvent post-opératoire.
L'IRM ou la scintigraphie la confirme si nécessaire. Les atteintes
neurologiques limitées au crural sont exceptionnelles. De même
que les tumeurs, que nous ne ferons que citer. Vous deviendriez le Maladie
Imaginaire de Molière avant d'être une encyclopédie.
Démembrons un peu les atteintes mécaniques:
-En cas de vrai traumatisme, il faut éliminer une fracture et
une entorse, en particulier des ligaments croisés. Les petits
traumatismes chahutent une articulation qui peut déjà être
détériorée: ils révèlent votre arthrose.
-La tendinite est un point douloureux plutôt précis qui
termine une corde dure, le tendon, près de son attache sur l'os.
Elle ne vient pas sans raison: les tendons du genoux sont épais.
Déclenchement par un surmenage franc, généralement
sportif. -Le syndrome rotulien donne des douleurs très mal localisées à l'avant
du genou, surtout dans les escaliers, à l'accroupissement et au
travail à genoux. Le simple fait de garder les genoux à 90° est
pénible (cinéma, avion, voiture). Si vous avez un peu mal
sur l'autre genou, vos rotules sont presque certainement coupables. Ce
syndrome requiert des conseils particuliers. Il n'évolue pas forcément
vers une vraie arthrose et peut apparaître dès l'adolescence.
-Arthrose et ménisques donnent des douleurs très voisines.
Un petit traumatisme est souvent révélateur.
Si le genou gonfle beaucoup, les douleurs sont globales, y compris à l'arrière,
où le liquide vient gonfler une poche articulaire appelée
bourse poplitée (on parle de kyste poplité quand la communication
avec le reste de l'articulation se ferme, seul l'arrière du genou
reste gonflé).
Si le genou reste sec (peu de débris articulaires), la douleur
méniscale commence volontiers par un point lors de certains mouvements
(rotation, accroupissement, genou qui tape à la course) qui diffuse
progressivement. La douleur de l'arthrose est moins précise, étendue
d'emblée à une face du genou voire à son ensemble.
Le ménisque entraîne des passages ou des accrochages douloureux
(typiquement en flexion/rotation combinées), l'arthrose limite
les amplitudes extrêmes de flexion et d'extension.
Un vrai blocage (le mouvement est impossible, ce n'est pas juste la douleur
qui vous arrête) est parfois arthrosique, mais beaucoup plus typique
du ménisque. Un lambeau de cartilage s'intercale dans la "came" articulaire.
Une manipulation peut débloquer ce genou. Mais ne réparera
pas les dégâts -> arthroscopie quasi-obligatoire.
-Chez l'enfant, d'autres diagnostics doivent être évoqués:
ostéochondrite (infarctus d'une portion d'os -> au voisinage
d'une articulation, risque d'enfoncement du cartilage et de libération
d'un fragment osseux dans l'articulation), maladie d'Osgood-Schlatter
(décollement du noyau osseux où s'attache le tendon rotulien,
sous la rotule, chez les jeunes garçons physiquement hyperactifs).
Stades évolutifs de l'arthrose/ménisque
Très important. Vous devez identifier précisément
le vôtre. Nous ne ferons que citer les stades
anatomiques, que seul
le chirurgien est en mesure de visualiser. Mais l'arthroscopie,
opération
peu agressive, reste trop lourde pour ne servir qu'à faire le
bilan d'un genou.
Nos stades concernent ce qui est en train de se passer à l'intérieur
de votre genou, en fonction des symptômes ressentis, et sont de
gravité croissante.
1) Intolérance à l'effort:
Symptômes: Pointe sur le côté du genou, apparaissant
pour des marches prolongées, un effort sportif, un accroupissement,
les escaliers (typique de la rotule)
Examen du genou: RAS. En cherchant bien, vous pouvez sentir une petite
pointe sensible au fond de la fente articulaire (cf examen du genou (B)
)
Quelles lésions? Fissuration débutante d'une corne de ménisque,
ou du cartilage d'encroûtement.
Autres examens: Les radios sont normales à ce stade. Elles ne
servent qu'à éliminer d'autres causes si les symptômes
ne sont pas typiques.
Comment s'adapter? Esquivez soigneusement le point douloureux: arrêtez
temporairement (2 à 3 mois) le sport qui déclenche et pratiquez-en
un autre, qui ne tape pas sur le genou à cet endroit. Modifiez
l'orientation du pied à la marche et dans les escaliers. Cf Technique
de marche (C).
Traitement médical: Genouillère utile surtout si antécédents
d'entorse ou genou très mobile (personnes hyperlaxes). Aucune
pilule de fond pour l'arthrose n'a démontré d'efficacité certaine,
mais elles sont inoffensives. La viscosupplémentation est sans
doute d'autant plus efficace qu'elle est réalisée tôt,
et aurait ici ses meilleures indications, mais ce n'est pas démontré scientifiquement
et vous trouverez peu de médecins disposés à vous
le faire... comme il y a 10 ans on ne traitait l'ostéoporose que
lorsqu'un os était déjà cassé...
2) Contusion rotulienne:
Symptômes: Après un choc direct sur la rotule, un travail à genoux
prolongé: douleur mal localisée à l'avant du genou,
réveillée à l'accroupissement et dans les escaliers,
parfois simplement en restant assis genou plié..
Examen du genou: peu ou pas de gonflement. Pas de points douloureux nets.
Quelles lésions? Le cartilage rotulien, à l'arrière,
est traumatisé.
Autres examens: tout est normal. Les examens ne sont justifiés
que parce que l'on peut hésiter avec un ménisque.
Comment s'adapter? Le cartilage rotulien se répare mal, parce
qu'il est rarement décompressé. Même au repos, si
vous gardez les genoux fléchis, vous le comprimez. Evitez donc
la position "chien de fusil" nocturne et la station assise "jeune
fille de bonne famille", jambes serrées et ramenées
sous le siège. La positon "PDG", jambes étalées,
est inélégante mais conseillée. Décollez
votre rotule, détendez-la en la poussant lentement mais fermement
sur les côtés, massez les creux qui se dégagent à l'arrière.
Traitement médical: Anti-inflammatoires, repos, traitements de
fond pour l'arthrose, sont inefficaces. Les genouillères rotuliennes
sont utiles mais pas spectaculaires. L'adaptation ci-dessus est le plus
efficace, décollements de rotule éventuellement aidés
de rééducation musculaire de la cuisse. Quand la souffrance
rotulienne survient et récidive sans aucun traumatisme, faites
vérifier l'axe du membre inférieur par un ostéopathe,
avec éventuel traitement de la hanche à la clef. C'est
aussi dans cette situation que les radios ne sont pas toujours normales:
possible anomalie de forme de la rotule ou de l'extrémité inférieure
du fémur, favorisant un mauvais positionnement rotulien.
3) Crise inflammatoire réversible:
Symptômes: Effort inhabituel sur le genou (marche prolongée,
piétinement) ou petit traumatisme déclenchant un gonflement
du genou et une gêne à la marche. La douleur est modérée
et ne bloque pas la marche. Les anti-inflammatoires prescrits quasi-systématiquement
par le médecin, diminuent la douleur mais le genou met plusieurs
jours voire quelques semaines à dégonfler complètement.
Examen du genou: gonflement global, côté intérieur
ou extérieur du genou plus douloureux à la palpation.
Quelles lésions? Une extrémité de ménisque
ou une zone de cartilage d'encroûtement a été suffisamment
malmenée pour laisser échapper quelques fragments, qui
irritent l'enveloppe articulaire avec production de synovie en excès.
En cas de faux mouvement, les lésions ne sont pas toujours sévères,
ce peut être un dysfonctionnement transitoire, déplacement
méniscal ou coincement d'une enveloppe articulaire, résolu
sans séquelles en quelques jours.
Autres examens: Pas nécessaires si l'amélioration est nette
en 1 semaine.
Comment s'adapter? Evitez la station debout statique, ne marchez pas
trop longtemps, massez votre genou pour faire circuler à l'intérieur.
En bref, laissez la réparation se faire dans les meilleures conditions.
Mais ne restez pas des semaines sans marcher: Vous n'êtes plus
dans une crise réversible...
Traitement médical: Anti-inflammatoires: confortables, mais ne
réparent rien. A utiliser seulement si les douleurs sont très
pénibles. Si le genou est très enflé, la ponction évacuatrice
suivie d'injection d'anti-inflammatoire est nettement préférable:
Elle retire le liquide "poubelle" de l'articulation, soulage
rapidement, et évite une distension prolongée des enveloppes
articulaires. Elle fait aussi le diagnostic des hémarthroses (sang
dans la cavité articulaire), qui témoigne chez le jeune
(traumatisé) d'une rupture de ligament croisé (recherche
impérative), d'une luxation de rotule ou d'une fracture.
Lisez Protocle de traitement d'une arthrose en phase congestive.
4) Genou bloqué:
Symptômes: Le genou ne plie pas. Ce n'est pas la douleur qui vous
en empêche. Le blocage est dur, net. Ce n'est pas une raideur,
qui limite seulement la fin de la flexion ou de l'extension. Ce n'est
pas la gêne à la flexion d'un gros genou plein de synovie,
où la résistance est souple. C'est un blocage à la
flexion, pas le pseudo-blocage en ré-étendant le genou,
qui est un trouble de glissement de la rotule.
Examen du genou: Peu ou pas de gonflement. Blocage vers 90 à 110° de
flexion.
Quelles lésions? Gros fragment de cartilage en mauvaise position,
généralement moitié de ménisque fendu, parfois
lambeau du cartilage d'encroûtement replié.
Autres examens: inutiles. Arthroscopie justifiée d'emblée.
Comment s'adapter? Pas possible. Une manipulation peut débloquer
le genou et apporter du confort, mais il est rare que de telles lésions
puissent se réparer spontanément, surtout s'il n'y a pas
eu de franc traumatisme et vous êtes âgé de plus de
40 ans.
Traitement médical: arthroscopie.
5) Arthrose progressive:
Symptômes: Pas de douleurs vives, mais une gêne croissante à la
marche, aux efforts, puis à la simple station debout. Le genou
devient moins souple et se déforme.
Examen du genou: Peu ou pas de gonflement, plutôt déformation "dure" (des
os). Raideur à la flexion et l'extension complète, surtout
si vous êtes un homme avec un genuvarum, tandis que si vous êtes
une femme en surpoids avec genuvalgum, votre genou est plutôt instable
dans les mouvements latéraux, se bloque moins, mais la flexion
forcée est douloureuse.
Quelles lésions? Usure progressive, plus ou moins régulière
et globale, souvent limitée à une moitié de l'articulation,
interne (genuvarum) ou externe (genuvalgum). Le ménisque de ce
côté est en piteux état, mais pas fragmenté.
Il s'est usé comme le cartilage d'encroûtement sous l'effet
des pressions excessives à cet endroit. Son ablation n'amène
aucune amélioration.
Autres examens: Radios nécessaires pour évaluer l'importance
de la perte cartilagineuse et le pronostic des traitements médicaux.
Comment s'adapter? Limitez les stations debout prolongées. "Lissez" votre
activité physique, c'est-à dire que votre temps de marche
et de station debout quotidienne doit être toujours le même.
Si une grande marche est prévue (voyage), préparez-vous
par de petites marches plus importantes tous les 2 à 3 jours.
Une ampoule de hyaluronate dans chaque genou avant un voyage ou une grande
randonnée n'est pas validée scientifiquement mais est dans
mon expérience très efficace.
Traitement médical: Paracétamol en cas de moment pénible.
Viscosupplémentation tous les ans. Evitez les anti-inflammatoires,
très efficaces, mais qui ne permettent que d'ignorer la douleur
sans réparer les dégâts, et qui ont de nombreux effets
indésirables sur votre organisme en prise régulière,
particulièrement après 60 ans.
6) Chondrolyse sévère:
Symptômes: Genou très gonflé, obligeant à marcher
sans beaucoup plier. Les anti-inflammatoires calment, mais ne font pas
dégonfler. Les signes persistent au fil des semaines. La différence
avec une crise simple est que la ponction/infiltration n'empêche
pas le genou de regonfler. Les piqûres se répètent.
Le liquide de ponction contient souvent des débris visibles à l'oeil
nu.
Examen du genou: Gonflement important. Points douloureux prédominants
sur l'intérieur ou l'extérieur du genou.
Quelles lésions? Gros dégâs sur ménisque et
cartilages: une zone est en train de partir en morceaux, sans espoir
de réparation. La production de débris est continue, empêchant
le genou de se calmer après une ponction et du repos. Les débris
de cartilage nombreux sont captés par la membrane synoviale, qui
s'enflamme de façon chronique pour les éliminer. Elle fabrique
beaucoup de liquide, s'épaissit et est très irritable.
Le moindre effort ou petit traumatisme redéclenche le gonflement.
Autres examens: Radio: montre une arthrose assez avancée. Attention:
si le début est récent ou si les débris viennent
surtout du ménisque, l'amincissement du cartilage n'est pas forcément
encore visible. Arthroscanner ou IRM précisent les choses si la
radio est normale, mais ne sont pas indispensables: l'histoire est caractéristique.
Comment s'adapter? Repos beaucoup plus complet, mais s'il n'est pas rapidement
efficace, mieux vaut se faire laver le genou voire choisir la prothèse,
car la fonte des muscles est rapide et va laisser des traces.
Traitement médical: Ponctions évacuatrices obligatoires,
même répétées. Utilisation d'une grosse aiguille
(après anesthésie locale) pour aspirer les gros débris
et éviter qu'elle se bouche facilement. Il faut nettoyer ce genou.
Certains font des lavages articulaires, c'est-à-dire qu'ils injectent
de l'eau salé avant de réaspirer. Mais si votre genou gonfle
spontanément, 3 à 6 ponctions simples avec injection d'anti-inflammatoire
ne sont pas excessives (le médecin utilisera si nécessaire
une cortisone puissante, type Hexatrione). Si ça continue, le
meilleur lavage est arthroscopique. Le chirurgien régularise les
plus grosses lésions, mais c'est un traitement de fortune: Il
faudrait en théorie "replâtrer" les endroits abîmés,
mais on ne dispose pas encore de ce genre de produit. Des débris
continuent à se libérer après l'arthroscopie: attendez-vous à un
soulagement, pas à une guérison. Mais elle facilite le
passage du cap le plus difficile. Et quand le genou cesse d'enfler aussi
facilement, c'est le moment de faire une viscosupplémentation.
Lisez Protocle de traitement d'une arthrose en phase congestive.
7) Os fissuré:
Symptômes: Age > 50 (femme) > 60 (homme). Douleur uniquement à l'appui
sur le genou.
Examen du genou: Peu ou pas de gonflement, peu de déformation.
Douleur diffuse à la pression du tibia lui-même, sous la
ligne articulaire.
Quelles lésions? Cartilage très aminci ou disparu -> l'os
encaisse directement les chocs de la marche. Il se fendille. Les douleurs
sont identiques à une foulure. Vous êtes typiquement une
femme de plus de 60 ans avec ostéoporose: votre os est plus fragile.
Autres examens: Pas utiles si l'arthrose est connue. Les points douloureux
et l'horaire de la douleur sont typiques. Radios: amincissement net du
cartilage, peu de becs osseux (l'os ostéoporotique a une formation
ralentie). IRM: oedème de l'os (hypersignal T2)
Comment s'adapter? Evitez l'appui, comme pour une fracture. L'alitement
complet prolongé altère beaucoup l'autonomie à votre âge
-> à éviter. Station debout et marche fréquentes
mais brèves (évitez d'accentuer les fissures osseuses).
Semelles très souples. Rasez le sol avec le pied à la marche
pour éviter les chocs à l'appui (attention aux marches
et aux tapis!). Utilisez éventuellement des béquilles si
une station debout longue est obligatoire. L'idéal est d'être
le moins possible debout et de garder la forme avec de la gym au sol
ou de la natation. L'appui est repris progressivement au fur et à mesure
que la douleur osseuse diminue. Si vous êtes très attentive,
ces consignes sont efficaces en 4 à 6 semaines.
Traitement médical: La viscosupplémentation n'est pas efficace
sur ces douleurs osseuses. Un traitement contre l'ostéoporose
est indiqué, mais son effet est très lent (6 mois à 1
an). La prothèse est souvent choisie si vous êtes en bonne
forme.
Et les radios?
Elles montrent mal et trop tardivement le stade de votre arthrose: Les signes sont nets quand vous avez déjà un amincissement important du cartilage -> le chirurgien vous guette... Le premier stade, simple ramollissement du cartilage, est invisible à la radio, et même sur un scanner ou une IRM: seule l'arthroscopie le met en évidence (la pression d'une curette sur la surface du cartilage montre sa perte de fermeté), mais c'est un peu agressif comme geste seulement diagnostique.
L'utilité principale de la radio est de servir de référence pour vérifier ultérieurement à quelle vitesse votre articulation se dégrade, mais ça ne semble pas très malin d'attendre que la radio devienne moche pour démarrer les traitements... La viscosupplémentation doit être facile car d'autant plus efficace qu'elle est précoce. En même temps il est nécessaire d'affirmer le diagnostic par un bon examen clinique, pour ne pas injecter un genou pour la moindre tendinite.
Radio normale - Arthrose du compartiment fémoro-tibial interne - avec légendes

(A) Stades
anatomiques de l'arthrose:
Stade 1: ramollissement de la consistance du cartilage
Stade 2: diminution d'épaisseur
Stade 3: fissures allant jusqu'à l'os
Stade 4: ulcération complète du cartilage
(B) L'examen d'un genou
Debout, placez-vous devant un miroir. Rapprochez les pieds. Si vos genoux
se touchent avant les pieds, vous avez un genuvalgum (jambes qui partent
trop vers l'extérieur, facteur d'usure de l'extérieur
du genou et de problèmes de rotule). Si vous avez plus de 2-3
cm entre les genoux quand vos pieds sont collés, vous avez un
genuvarum (jambes de cavalier, facteur d'usure de l'intérieur
du genou). Cet examen n'est pas valable en cas de surpoids. L'épaisseur
des genoux peut donner une impression fausse. Seule la radio montre
le véritable axe des jambes.
Allongez les jambes par terre.
Genoux complètement étendus, comparez-les. Un épanchement
de synovie donne un gonflement au-dessus de la rotule, sur les côtés
du tendon du quadriceps, le gros muscle à l'avant de la cuisse,
qui se termine sur la rotule. Prenez ce tendon large entre pouce et index
et suivez-le jusqu'à la rotule. En comparant vos 2 genoux, il
est très facile de percevoir un empâtement lié à la
présence de synovie en excès.
Si le gonflement n'est pas sur le côté mais sur le dessus
de la rotule, ce n'est pas l'articulation qui est concernée: c'est
un hygroma, poche d'eau entre la peau et l'os qui apparaît après
un choc ou une pression prolongée sur la rotule (travail à genoux,
maladie des carreleurs).
Vérifiez que l'extension des genoux est bien complète de
chaque côté. Il doit être difficile de glisser une
main sous le genou plaqué au sol.
La rotule est détendue. Vous pouvez normalement la prendre et
la décoller d'1 ou 2 mm du fémur à l'arrière,
la pousser latéralement de presque 1 cm vers l'intérieur
et l'extérieur. Tout en poussant, palpez l'arrière de la
rotule dans le creux qui se dégage: c'est le seul endroit où l'on
peut trouver des points douloureux spécifiques d'une rotule abîmée.
Pliez vos genoux à 45° (pas 90!). Palpez l'arrière,
entre les gros tendons qui sont sur les côtés. Ici aussi,
un épanchement remplit l'espace et donne l'impression d'une tension
plus importante. Vous pouvez avoir l'impression d'une vaste grosseur, à consistance
de pâte à pain: c'est la bourse poplitée remplie
de synovie. Elle gêne la flexion complète du genou.
Toujours plié à 45°, poussez légèrement
sur l'intérieur du genou pour faire bailler l'extérieur.
Maintenez la poussée d'une main. Repérez la pointe de la
rotule (vers le pied) de l'autre main. Glissez vos doigts vers l'extérieur, à la
même hauteur. Sentez une fente, pas très large, entre les
surfaces osseuses. Elle se rétrécit vers l'arrière.
C'est l'interligne articulaire, séparation entre fémur
et tibia. Un point douloureux très précis dans cette fente, à l'avant
ou à l'arrière, est très typique du ménisque
externe. Une douleur au milieu et plus diffuse sur les rebords osseux
peut être aussi méniscale, mais est plus souvent une arthrose
(située ici si vous avez un genuvalgum).
Une douleur sous la fente (extrémité du tibia) peut être
ligamentaire (vous avez eu une entorse) ou osseuse (arthrose avancée).
Une douleur au-dessus de la fente (extrémité du fémur)
est ligamentaire. Sur l'extérieur du genou et chez un sportif
qui court beaucoup, ce peut être l'irritation d'une bandelette
tendineuse qui frotte sur l'os à cet endroit.
Poussez maintenant sur l'extérieur du genou pour faire bailler
l'intérieur. Repartez de la pointe de la rotule vers l'intérieur:
fente fémoro-tibiale interne, où vous trouvez vos points
de ménisque interne et d'arthrose interne (sur genuvarum).
Enfin suivez les cordes des tendons à l'arrière du genou.
Ceux complètement à l'arrière, bien faciles à suivre,
ne posent des problèmes que chez les grands sportifs (ischio-jambiers).
Plus répandue est la tendinite de la patte d'oie, tendon plus
large à l'intérieur et à l'arrière du genou
qui vient s'attacher assez bas sur le tibia (un peu en-dessous de la
pointe de la rotule côté intérieur du tibia).
(C) Technique de marche en cas d'axe de jambe anormal
Efficace mais ne remplace pas un amaigrissement: Enlever 20kgs qui pèsent
quotidiennement sur une articulation abîmée garantit d'excellents
résultats au genou, même quand l'articulation est très
abîmée. L'amaigrissement est particulièrement efficace
sur les douleurs osseuses (extrémité du tibia) des gens
corpulents. Si vous êtes mince et de tendance ostéoporotique,
tournez-vous vers un traitement anti-ostéoporotique. Mais son
effet est très lent (6 mois à 1 an de délai sur
les douleurs).
Quel que soit l'axe, il est bon, pendant une marche ou lors de station
debout prolongée, de secouer vigoureusement chacune de ses jambes,
comme si vous vouliez la détacher. Cela décomprime l'articulation,
permet à la synovie de mieux circuler, à vos ménisques
de se repositionner, et à votre cartilage de respirer.
*En cas de genuvarum:
Genoux trop écartés. Pression excessive sur l'intérieur
des articulations. Il faut ramener le genou vers la ligne médiane à la
marche, pour reporter la pression sur l'extérieur de l'articulation.
Cela consiste à marcher comme si vous étiez dans un défilé de
mode, en ramenant le genou vers le milieu de la ligne que vous suivez
en marchant. C'est plus facile en tournant légèrement les
pieds vers l'extérieur. Si vos douleurs surviennent très
vite à l'appui normal (souffrance osseuse) vous devez sentir immédiatement
que cette technique de marche est meilleure, même si elle n'est
pas naturelle. Laissez-vous guider par votre douleur.
*En cas de genuvalgum:
Genoux trop rapprochés. Pression excessive sur l'extérieur
des articulations. Ecartez les genoux à la marche en tournant
légèrement vos pieds vers l'intérieur.
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