Il est important
d'avoir bien compris l'anatomie de l'épaule et le mécanisme de
cette tendinite.
-Conseils généraux: ne portez pas d'objets du côté
douloureux; à l'habillage, enfilez d'abord le bras douloureux; au déshabillage,
défaites le bras indolore en premier; évitez les tee-shirts
et pulls, préférez chemises et gilets; ne vous coiffez pas avec
le bras douloureux.
-Conseils moins connus: évitez de vous accouder (compression du bras
sur l'épaule), ne lisez pas au lit appuyé sur un coude, ne dormez
pas sur ce bras relevé. Surélevez votre position de travail pour
avoir l'épaule plus tombante, surtout si vous avez le bras douloureux
proche de l'horizontale (souris d'ordinateur, travail de classement...).
-Le sport: stoppez au moins quelques semaines les sports qui réveillent
habituellement votre douleur, soit pendant soit après. Ce sont habituellement
les sports d'armer et de lancer du bras (sports de balle et de raquette), ainsi
que certaines nages (crawl, papillon). L'arrêt est d'autant plus nécessaire
que vous êtes un pratiquant récent: si vos articulations n'ont
pas "grandi" avec ce sport pendant l'adolescence, il y a plus de chances
qu'il soit directement responsable de votre tendinite. Si au contraire vous
êtes un grand habitué de ce sport, il ne pourra probablement être
responsable d'une tendinite qu'après un traumatisme ou une interruption
prolongée de votre pratique. Mais il peut aussi entretenir une tendinite
déclenchée ailleurs.
-Posez-vous quelque part: prenez le temps d'analyser chacun des gestes de votre
épaule: élévation sur le côté (abduction),
élévation vers l'avant, main dans le dos (rotation interne), main
vers l'extérieur coude au corps (rotation externe), coude vers l'arrière
bras à l'horizontale (rétropulsion), mouvement pour attraper son
épaule opposée (adduction). Pour la plupart de ces gestes vous
pouvez encore les décomposer en mettant votre bras en rotation externe
(pouce vers l'extérieur) ou interne (pouce vers l'intérieur).
Repérez soigneusement les passages qui "accrochent": ce sont
ceux qui déclenchent le conflit entre votre plaie tendineuse et le rebord
osseux. Faites le rapprochement avec vos gestes quotidiens: utilisez les
voies de passage indolores en essayant différents degrés de rotation
du bras.
-Si la douleur est déclenchée très facilement, voire permanente,
le mieux est de nouer une bande velpeau autour du cou et de placer son bras
en écharpe, épaule basse, quand on n'en a pas un besoin indispensable.
-Quotidiennement: au réveil faites quelques mouvements de rotation
de l'épaule, sans déclencher de douleur vive; puis étirez
tous les axes de l'épaule, gentiment au début puis en insistant
bien tant que vous ne réveillez pas nettement votre douleur habituelle
(cf auto-rééducation ci-dessous). Le but est de décompresser l'espace entre votre
tendon enflammé et l'os qui l'irrite. Comme vous mobilisez la zone de
conflit, c'est volontiers pénible sur le moment (cela doit rester supportable),
mais vos gestes habituels de la journée seront ensuite moins crispés
et entretiendront moins votre tendinite. Si vous avez des difficultés
à réaliser ces exercices, vous avez besoin d'un avis médical
sur l'opportunité d'un traitement anti-inflammatoire (infiltration),
et d'un oeil extérieur (un kiné) pour vérifier l'exécution
des mouvements.
-Pour prévenir une rechute, en cas de tendinite récidivante, votre
kiné vous montrera une gymnastique de renforcement des muscles abaisseurs
de l'épaule, pectoraux et grand dorsal, à faire hors période
douloureuse.
Vidéo de l'auto-rééducation d'une épaule: à faire une dizaine de fois par jour. Bien sûr, l'épaule ne doit pas être bloquée (-> avis ostéopathique) ou tellement douloureuse qu'on ne peut pas lever le bras (-> avis rhumatologique pour infiltration)
Comment j'ai traité
ma tendinite à l'épaule sans infiltration:
Il n'est pas toujours nuisible qu'un médecin expérimente
soi-même un problème de santé: il peut trouver des
moyens de s'en sortir qu'il n'aurait pas forcément conseillé
à ses patients (ne me souhaitez pas de faire toutes les affections
décrites sur ce site, merci).
J'ai donc fait une tendinite à l'épaule typique dans un
club de vacances. J'avais commencé à éprouver de
vagues douleurs en reprenant l'entraînement de volley plusieurs
semaines auparavant. En augmentant la fréquence des matchs lors
des vacances, cette tendinite est devenue franchement invalidante, douloureuse
en permanence y compris la nuit. Mon propre examen mettait en évidence
une inflammation de la bourse sous-acromiale au contact de la lésion
tendineuse. J'aurais conseillé à n'importe qui dans cette
situation d'arrêter provisoirement le sport responsable et de faire
une infiltration. Mais se piquer soi-même... Certains collègues
l'ont fait, mais brrr... J'avais de toute façon l'échappatoire
royale de ne pas disposer du produit nécessaire. Je me suis mis
à faire une bonne heure de kayak en mer tous les jours: un peu
difficile pour l'épaule au début, mais la douleur s'échauffait
et ne se réveillait pas dans les heures suivant l'effort. Au bout
de 4 jours de ce régime, je n'avais plus du tout mal à l'épaule!
Que s'est-il passé? D'une part j'ai pris bien soin de choisir un
sport qui ne reproduise pas du tout l'agression du tendon. Au volley,
c'est essentiellement le smash au filet qui est responsable: on cherche
à gagner un maximum de hauteur de bras (surtout quand on n'est
pas 50 cm au-dessus du filet comme moi-même) et on frappe dans une
situation de compression des tendons sous l'os acromial (Cf schémas
du conflit). Le kayak n'induit pas cette compression: on peut ramer l'épaule
basse. Le geste étant régulier et répétitif,
il induit un massage de l'espace sous-acromial bien plus élaboré
que ce qu'un kiné pourrait obtenir, et l'activation de la circulation
locale facilite la résorption du liquide inflammatoire. Cet espace
est mal vascularisé et en l'absence d'une mobilisation adaptée,
le nettoyage naturel par l'organisme se fait mal. Le liquide peut persister
des semaines voire des mois, ce qui fait que les douleurs de tendinite
s'éternisent, alors même que parfois la lésion tendineuse
est guérie. C'est d'ailleurs l'explication de l'effet souvent spectaculaire
des infiltrations, qui n'a pourtant aucun effet sur la cicatrisation tendineuse,
mais est capable pareillement de venir à bout d'un liquide inflammatoire
persistant.
Ce qu'il faut en retenir:
-le repos global de l'épaule n'est pas une bonne solution (sauf
si une crise bloque complètement l'épaule). Il faut essayer
de repérer les gestes agressant le tendon et ne supprimer que ceux-ci.
-une activité de remplacement peut constituer un traitement, mais
il faut respecter une consigne essentielle: que la douleur réveillée
au départ s'atténue si l'on insiste dans l'activité
(ne pas aggraver la lésion du tendon).
-tout le monde ne peut pas faire une heure de kayak par jour, donc les
infiltrations ont encore des indications...