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Quand une paralysie complète ou incomplète
ne récupère pas en quelques semaines, c'est que les fibres nerveuses
ont été détruites.
Malheureusement une fibre nerveuse ne "cicatrise" pas: une lésion
l'ayant interrompue en un point de son trajet ne se referme pas comme une plaie
de la peau. Autour d'une plaie cutanée, les cellules se multiplient et
reforment le tissu. La fibre nerveuse, elle, est un prolongement d'UNE cellule,
le neurone. Si ce prolongement est sectionné, il faut qu'il repousse
à partir de l'extrémité relié à la cellule,
comme le tentacule d'un poulpe.
Cette repousse est lente, de 1 à 3 millimètres par jour. Quand
des fibres sciatiques ont été abîmées au niveau de
la colonne vertébrale, n'espérez pas voir une paralysie du pied
s'améliorer avant de nombreux mois. Ce que la rééducation
permet d'obtenir en général, c'est la prise en charge d'une plus
large partie du muscle par les fibres nerveuses encore intactes (multiplication
des terminaisons musculaires)... quand la paralysie n'est que partielle.
Quand la paralysie est complète, les efforts de rééducation
semblent complètement inutiles. Et pourtant...
Ce qui suit n'est pas validé scientifiquement.
Mais ce n'est pas non plus en contradiction avec les données scientifiques
fiables. Intuitivement satisfaisant, cela explique les variations de récupération
selon les individus.
Qu'est-ce que l'on sait de façon
certaine?
3 types de lésions d'un nerf:
1) L'interruption de l'enveloppe du nerf
ou plus précisément des fascicules nerveux, qui sont des petites
cordes à l'intérieur des nerfs, faisceaux de fibres nerveuses,
séparés par des cloisons: le périnèvre. Aucune réparation
n'est possible si cette structure de soutien du nerf est lésée
(le cas extrême: le nerf est sectionné et ses 2 extrémités
disjointes). La repousse nerveuse bute contre le vide ou un tissu cicatriciel
dur. Une boule se forme à l'extrémité reliée aux
corps des neurones, appelée névrome. C'est une source de douleurs
continuelles très pénibles, cicatricielles.
2) L'interruption des seules fibres nerveuses
La fibre nerveuse ou axone, prolongement du neurone, est très fragile.
La compression peut la détruire sans que sa gaine soit interrompue. La
gaine est un tube formé par d'autres cellules (cellules de Schwann).
Chaque fibre est entourée de sa propre gaine. Les gaines sont regroupées
en fascicules, séparés par des cloisons de périnèvre.
Enfin l'ensemble des fascicules forme le nerf.
Si les tubes sont intacts, l'extrémité de la fibre nerveuse, en
se régénérant, va pouvoir reprendre "le bon chemin"
à l'intérieur de ces gaines et se reconnecter à ses terminaisons
sur le muscle et les récepteurs de la peau. Force et sensibilité
finiront par revenir.
3) La "sidération" du nerf
Les fibres ne sont pas interrompues, mais la compression a été
suffisamment importante pour bloquer le fonctionnement de l'influx nerveux.
La repousse n'est pas nécessaire et la récupération est
rapide, en quelques jours ou quelques semaines.
Dans les compressions par hernie discale,
le nerf n'est pas coupé. On n'est jamais dans la situation (1), mais
dans la (2) ou la (3).
Dans la situation (3), la récupération est bonne et rapide sans
faire beaucoup d'efforts.
Dans la situation (2) la récupération devrait se faire, mais au
bout de plusieurs mois, après repousse nerveuse. En pratique c'est loin
d'être toujours le cas, surtout si la paralysie est complète. Pourquoi?
Peut-être parce que l'inflammation de la racine nerveuse
a été trop importante et a duré trop longtemps: la structure
de soutien des fibres nerveuses a été altérée, il
y a une cicatrice dure du nerf qui gêne la repousse nerveuse. Il faut
probablement opérer les névralgies violentes par hernie discale
qui ne s'améliorent pas nettement en 2 à 3 semaines.
Mais surtout: l'interruption des fibres nerveuses est très proche de
la moelle épinière (où se situe le neurone), très
à distance de la terminaison du nerf (1 mètre jusqu'au pied).
A raison de 1 à 3 mm par jour, la repousse prend entre 1 et 2 ans. Si
le pied est complètement paralysé, il ne recommencera à
bouger qu'au bout de ce délai, malgré tous les efforts que vous
y mettrez.
C'est là le coeur du problème: si un début de mobilité
n'apparaît pas dans les premières semaines de rééducation,
les gens se découragent et font évasivement les exercices. Si
les efforts sont le moteur de la repousse nerveuse, celle-ci va ralentir voire
stopper.
On n'est plus dans le scientifiquement vérifié: Est-ce que l'influx
nerveux est le stimulant de la repousse nerveuse? Intuitivement je réponds
oui. Et je vous encourage à tenter de bouger ce pied, tous les jours,
plusieurs fois par jour, comme s'il fonctionnait normalement, alors qu'il ne
vous rend aucun service.
Qu'avez-vous à perdre? Vous ne pouvez pas aggraver la situation. Mais
si je ne me trompe pas et que la continuité de votre nerf est bonne,
vous finirez par voir un orteil bouger, puis le reste du pied. Vous serez payé
de vos efforts soutenus sur plusieurs mois.
Attendons avec impatience les progrès thérapeutiques
qui faciliteront cette repousse nerveuse (les facteurs responsables sont de
mieux en mieux connus).
Et tant que le pied ne bouge pas, utilisez les atelles adaptées, pour
éviter de trop perturber votre démarche et vous blesser.
Mise à jour sur le blog 5/11 : La stimulation électrique médullaire
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