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Arthrose Mise à jour: 7/10

Comprendre :
L' arthrose est une détérioration des articulations par le vieillissement, qui a plusieurs visages et plusieurs causes possibles.
Important : Elle se présente de façon très différente selon qu'elle concerne les grosses articulations des membres, la colonne vertébrale, ou les petites articulations des mains. Cette page concerne l'arthrose des grosses articulations. L'arthrose vertébrale est à Douleurs dorsales.
Rappelons les notions anatomiques fondamentales d'une articulation:
-Une articulation comprend 2 extrémités osseuses.
-Chaque extrémité est recouverte de cartilage, couche de tissu ferme mais élastique.
-L'enveloppe de l'articulation (c'est un espace clos) comprend plusieurs épaisseurs. De l'intérieur vers l'extérieur: la membrane synoviale, la capsule, les ligaments.
-La membrane synoviale est fine. Elle sécrète la synovie, un liquide visqueux qui humecte les cartilages et facilite le glissement articulaire.
-La capsule est plus épaisse. Elle limite l'amplitude de mouvement dans toutes les directions (une fois vaincue la raideur musculaire et tendineuse).
-Les ligaments ont aussi ce rôle, mais sont disposés de façon à renforcer la capsule dans les mouvements les plus contraignants pour l'articulation.

Le cartilage :
C'est le "pneu" de l'articulation. C'est une couche mince (quelques millimètres au plus dans les plus grosses articulations) qui recouvre les extrémités osseuses. Sa surface est ferme et élastique, très lisse. Elle est imbibée de synovie, le liquide articulaire, présent normalement en très petite quantité, et de consistance filante (comme du blanc d'oeuf). Ainsi lubrifié, le cartilage glisse plus facilement sur le cartilage adjacent qu'un patin sur la glace ! Il a aussi par son élasticité un rôle d'amortisseur des pressions et des chocs sur l'articulation. Dans l'arthrose (amincissement puis disparition du cartilage), les douleurs viennent en bonne partie de fissures osseuses, l'os encaissant les chocs en direct.

Les conditions qui vont favoriser la détérioration articulaire :
-Le surmenage de l'articulation par une activité excessive : cette cause est largement surestimée. Ce n'est que dans le cadre d'entraînements sportifs de haut niveau que l'on arrive à dépasser les capacités d'adaptation articulaire. Voir sport et arthrose.
-Une malformation ne permettant pas un fonctionnement articulaire idéal. Il s'agit presque toujours de défaut d'axe des os composant l'articulation. Les contraintes ne sont plus réparties de façon homogène. Une zone du cartilage se trouve régulièrement soumise à une pression excessive.
-La capacité de réparation du cartilage est variable selon l'hérédité de chacun. Voir hérédité et arthrose.
-Elle diminue avec l'âge. C'est la cause majeure. Les cartilages sont longtemps capables de s'auto-réparer, même soumis à des contraintes anormales. Comme pour tous les tissus, cette faculté diminue avec les années, ce qui fait de l'arthrose la maladie "de la vieillerie".
-L'arthrose s'auto-entretient : l'usure du cartilage libère de nombreux débris et des enzymes de dégradation qui agressent mécaniquement et chimiquement le cartilage restant. Ce phénomène n'est pas continu. Il a surtout lieu pendant les poussées inflammatoires de l'arthrose. Voir évolution.
-Les arthrites rhumatismales, si elles sont mal maîtrisées, finissent par provoquer une arthrose par le même mécanisme : l'inflammation prolongée de l'articulation agresse chimiquement le cartilage.

Les lésions de l'arthrose comprennent :
-L'amincissement du cartilage : il n'est jamais uniforme, sauf dans les agressions chimiques (arthrites rhumatismales); il prédomine sur la zone mécaniquement la plus compressée.
Il passe par plusieurs stades : ramollissement de la surface du cartilage, abrasion, amincissement, ulcération.
Comme une réparation est possible, s'enchaînent un certain nombre de phases ramollissement/amincissement/raffermissement avant le stade de l'ulcération, qui expliquent les poussées douloureuses successives de l'arthrose. L'ulcération est le stade terminal : l'os est à nu.
-La détérioration de l'os sous le cartilage : quand le cartilage s'amincit puis disparaît, l'amortissement des contraintes sur l'os ne se fait plus correctement. Apparaissent des microfissures de fatigue, responsables des douleurs électives à l'appui, dont la consolidation ne se fait pas si l'on continue d'appuyer à cet endroit.
L'os est moins solide en vieillissant et les fissures apparaissent plus facilement. C'est pourquoi une arthrose évoluée peut être bien supportée avant 55 ans et très mal après 65 ans.
-Les ostéophytes, déformations des rebords de l'os surmené par les contraintes excessives : les cellules osseuses essayent d'y faire face par un renouvellement plus rapide, comme dans une fracture (formation d'un "cal" osseux), et cela entraîne une formation d'os neuf assez anarchique : apparaissent des collerettes et des becs osseux sur les rebords de la zone surmenée. On les appelle becs de perroquet sur la colonne vertébrale.


Evolution de l'arthrose
L'arthrose n'évolue pas de façon uniforme : elle peut s'aggraver rapidement pendant plusieurs semaines à plusieurs mois, à un stade où les radios sont presque normales, puis devenir indolore ou peu douloureuse à d'autres périodes, alors même que l'articulation est très détériorée sur les radios.
Cela provient du fait que la poussée d'arthrose traduit un ramollissement puis d'une destruction de la surface du cartilage, avec production de débris. Au début, l'épaisseur du cartilage est conservée et les radios ne montrent pas grand-chose. Mais les débris et les enzymes de dégradation libérés sont très irritants pour les enveloppes articulaires, qui fabriquent une grande quantité de synovie pour diluer et lubrifier. Les lésions sont entretenues si l'articulation n'est pas mise dans un repos relatif : le cartilage n'ayant plus sa résistance normale, les frottements en arrachent de nouveaux lambeaux. La réparation, lente, ne peut y faire face. La poussée douloureuse se prolonge.
Quand l'articulation s'est finalement nettoyée et réparée, le cartilage a retrouvé sa fermeté de surface. Même s'il est aminci sur les radios, il assure un service normal. Vous pouvez reprendre vos activités habituelles, en analysant ce qui a pu favoriser cette poussée douloureuse pour en éviter d'autres.
L'évolution se fait ainsi en une succession de poussées séparées par des intervalles de moins en moins libres et de plus en plus courts, jusqu'au stade de l'ulcération cartilagineuse : une zone d'os est à nu et les douleurs ne partent plus complètement. Surviennent encore des poussées qui correspondent à la destruction du cartilage restant. Puis, souvent, quand toute la zone portante s'est ulcérée, arrive une période plus calme : les crises cessent, remplacées par des douleurs proportionnelles au temps de marche et de station debout. Une vingtaine d'années peut séparer vos premières crises de ce stade terminal de l'arthrose, mais c'est parfois beaucoup plus rapide.

Les poussées de l'arthrose ne sont pas toujours très douloureuses, si bien que certains les négligent et leur arthrose est découverte à un stade avancé. Ce n'est pas normal de souffrir régulièrement d'une articulation. Seule la colonne vertébrale est un cas à part, des douleurs fréquentes pouvant correspondre à de simples dysfonctionnements.
Venez tôt faire le point chez un médecin. Des examens seront pratiqués et même si les premières radios sont normales, elles serviront de référence pour la surveillance ultérieure de cette articulation.
Ne jetez jamais de vieilles radios, sauf si vous en avez de nombreuses du même endroit à des dates rapprochées. Ces radios font partie de vos antécédents comme les compte-rendus opératoires, les certificats de vaccination, les listes d'allergies. Ils peuvent rendre de grands services lors d'un diagnostic futur et doivent toujours vous suivre dans les déménagements. Pour limiter l'encombrement, vous pouvez en faire des photos numériques. C'est toujours plus facile de promener une clé USB chez le médecin qu'un vieux stock de radios...


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Arthrose et hérédité :
Il y a des facteurs génétiques certains qui nous rendent inégaux devant l'arthrose. Ces facteurs semblent jouer à plusieurs niveaux : capacité du cartilage à s'auto-réparer, morphologie des articulations pouvant favoriser l'arthrose (par exemple genuvalgum = jambes en X, genuvarum = jambes en parenthèses), surpoids.
Mais cette prédisposition génétique n'influencent qu'une faible partie des chances d'avoir ou d'éviter une arthrose. Même si on ne peut intervenir dessus, ne vous découragez donc pas. Une histoire de prothèse dans la famille ? Ne réservez pas déjà votre place en clinique ! Les facteurs d'environnement et d'hygiène de vie sont très importants. En clair c'est surtout ce que vous faites au quotidien avec votre articulation qui va décider de son avenir. Perdez du poids, pratiquez des sports de loisir, évitez le piétinement... Tout le comportement à suivre pour éviter l'arthrose


Arthrose et sport :
Le sport d'intensité raisonnable n'est pas considéré comme une cause d'arthrose. Il existe plus fréquemment des modifications radiologiques des articulations chez les sportifs (ostéophytes = collerettes et becs osseux déformant les rebords des articulations) mais l'épaisseur du cartilage n'est pas modifiée. Dans notre expérience, il semble plutôt que ce soit l'arrêt du sport qui puisse entraîner une arthrose rapide, comme si la disparition des contraintes brèves mais sévères induites par le sport n'incitait plus le cartilage à s'autoréparer**. Le sportif accuse alors à tort le sport qu'il a pu faire jeune alors que le vrai responsable est en fait la décennie d'inactivité récente.
Par ailleurs, quand une arthrose est apparue, les sportifs tolèrent mieux leur arthrose que les sédentaires. En l'absence de crise douloureuse sévère bien sûr.
Ce qu'il faut retenir : une articulation portante (hanche, genou, cheville) ne doit pas être sous pression en permanence. Economisez donc la station debout inutile (piétinement). Par contre l'activité physique de loisir dérouille l'articulation, entretient votre musculature, et stimule la réparation de votre cartilage. Préférez les activités en décharge comme la natation ou la gym au sol. Mais le 1er critère pour choisir un sport d'entretien reste que ça vous plaise ! Sinon bien des bonnes résolutions finissent au placard. Le 2ème critère est que vous soyez à l'aise pour faire l'exercice (vous avez déjà pratiqué).


Traitements de fond classiques de l'arthrose :
Nous ne ferons pas ici un "banc d'essai" des différentes molécules utilisées. Elles sont réputées pour leur très bonne tolérance, mais pas pour leur efficacité mirobolante. S'il existait un anti-arthrosique très efficace, vous le sauriez depuis longtemps par les gros titres de la presse ! Le bénéfice qu'ils peuvent vous apporter est très retardé. Rien à voir avec l'effet rapide d'un anti-inflammatoire.
Les produits actuels ont tous un dossier scientifique les accréditant d'un bénéfice supérieur à un placebo : réduction de la consommation de calmants et d'anti-inflammatoires, amélioration d'échelles de mesure de la douleur et de la fonction articulaire... Certains se targuent même de réduire l'amincissement du cartilage, ce qui en feraient de véritables "chondro-protecteurs", c'est-à-dire d'authentiques conservateurs du cartilage. Mais il y a plusieurs bémols :
-Le bénéfice est très modeste. On a l'impression d'être au stade des premiers traitements de l'ostéoporose d'il y a une quinzaine d'années, où les médicaments obtenaient des bénéfices très limités, excepté l'hormonothérapie de la ménopause. Souhaitons que les traitements de fond du cartilage progressent aussi nettement que ceux de l'os.
-Les études favorables à ces produits sont critiquables sur 3 points essentiels : les effectifs de personnes traitées ne sont pas très importants; le recul pour apprécier les résultats est de quelques années, ce qui est peu pour une maladie lente et cyclique comme l'arthrose; enfin, les études faites à l'instigation des laboratoires qui fabriquent les produits testés sont les plus favorables et "noient" les autres, indépendantes, plus souvent négatives.
-Il faut prendre les pilules quotidiennement, plusieurs fois par jour pour certains produits, à un âge où vous n'avez pas forcément des traitements permanents. Sur plusieurs années minimum, c'est une contrainte non négligeable pour un traitement qui n'a pas l'efficacité ou le caractère obligatoire d'un médicament pour la tension ou le diabète.
En conclusion, les anti-arthrosiques de fond peuvent avoir un effet intéressant sur vous, mais il est difficile de s'en rendre compte. Il ont l'avantage d'être très bien tolérés. Si effectivement au bout de 2 à 3 mois vous constatez avoir réduit votre consommation d'antalgiques ou d'anti-inflammatoires, c'est une justification suffisante pour les continuer.

D'autres mesures, comme corriger un surpoids, sont plus efficaces que les médicaments dans l'arthrose des membres inférieurs.
Pourquoi se ruiner pour des pilules à faire du jeune,
quand c’est plus efficace et qu’on s’enrichit
à faire du jeûn ?


Nouveaux traitements de l'arthrose :

*Acide hyaluronique (hyaluronate) :
Injections "d'huile" dans l'articulation. Article détaillé ici.


Film d'une injection de hyaluronate, vue en arthroscopie (arrivée à l'intérieur de l'articulation).

*Lavage articulaire:
Le lavage du genou est proposé dans l'arthrose en poussée inflammatoire prolongée : le genou reste gonflé par un épanchement abondant malgré les traitements anti-inflammatoires, les ponctions et les infiltrations de cortisone. Cette situation correspond à une dégradation rapide du cartilage: le liquide est chargé en débris cartilagineux, enzymes et microcristaux, un mélange très irritant pour l'articulation, qui entretient son inflammation. Le lavage nettoie tout cela. 1 litre de sérum salé est injecté par une aiguille d'un côté du genou, une autre vide l'articulation à l'opposé. Un repos strict est conseillé : mise en décharge pendant 6 semaines avec 2 cannes anglaises.
Le lavage n'est pas très pratique à réaliser au cabinet d'un rhumatologue : conditions d'asepsie strictes, place et surtout temps nécessaire (30 à 45mn) font que ce geste est surtout pratiqué à l'hôpital. L'arthroscopie réalise la même chose, en ayant l'avantage de faire un bilan précis des dégâts et de traiter éventuellement des lésions méniscales associées, mais c'est un geste plus lourd (anesthésie générale proposée).

*Les cultures de cartilage vont-elles sauver votre arthrose ?
Technique prometteuse, encore en cours d'évaluation. Prélèvement de cellules cartilagineuses en zone saine, culture et réimplantation par arthroscopie sur le site de la lésion cartilagineuse. Taux de succès de 80%, mais attention ! Ce n'est pas réellement un traitement de l'arthrose, mais des lésions traumatiques du cartilage chez des sportifs. Tous les patients ont moins de 50 ans et les lésions du cartilage sont localisées. Ce n'est pas pour l'instant une alternative à l'arthrose avancée ou diffuse pour laquelle on vous propose une prothèse.


Habitudes de traitement de l'arthrose en France :
Une étude de 2001 sur environ 10.000 personnes âgées en moyenne de 66 ans a montré que les médecins utilisent:
- antalgiques 94 % des gens en ont reçu dans l'année
- anti-arthrosiques de fond 90 %
- anti-inflammatoires en comprimés 78%
- anti-inflammatoires en gel ou pommade 60%
- infiltration de cortisone 20%
- mésothérapie 14%
- acupuncture 7%
- phytothérapie 5%
- homéopathie 4%
- infiltration de hyaluronate 2%
On ne peut guère en tirer de recommandation pratique : le degré de satisfaction des personnes traitées par chaque méthode n'est pas évalué. L'infiltration de hyaluronate reste confidentielle parce que plus onéreuse et pratiquée presque exclusivement par les rhumatologues, qui représentent moins de 10% des consultants interrogés dans cette étude. Tout au plus peut-on remarquer que la large utilisation des anti-arthrosiques de fond ne semble pas avoir changé le paysage de l'arthrose.


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