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Arthrose du pouce (rhizarthrose) Mise à jour: 9/08

 

 

 

 


Orthèse moulée pour arthrose de la base du pouce

L'essentiel:
-arthrose de la base du pouce, fréquente.
-entraîne des douleurs très diffuses de la racine du pouce
-pièges diagnostiques: tendinite, dérangement articulaire, névralgies
-l'immobilisation (orthèse) est utile en période de douleurs fortes et continues
-mais il existe des protocoles plus actifs et rapides
-le traitement de fond est un recentrage actif de la base du pouce
-découvrez comment le pratiquer vous-même.

En détail:

Localisation:
Rhizarthrose = arthrose de l'articulation trapézo-métacarpienne, à la racine du pouce, très proche du poignet: ne confondez pas avec l'articulation où le pouce se sépare de la main, qui est la métacarpo-phalangienne.

Les causes:
Arthrose fréquente car le pouce travaille en opposition avec les autres doigts (beaucoup de contraintes) et sa base est mobile dans toutes les directions -> favorise les phénomènes d'instabilité, la distension des ligaments et finalement une usure du cartilage plus précoce que sur les autres doigts.

L'évolution:
Les douleurs nettes et continues correspondent à une crise d'arthrose: les débris cartilagineux irritent et enflamment les enveloppes articulaires.
C'est une articulation large et particulièrement riche en terminaisons nerveuses -> les douleurs sont diffuses à toute la région de la racine du pouce, avec des points douloureux plus précis quand vous en faites le tour en palpant.

Contrairement au poignet et aux articulations des autres doigts, la base du pouce ne s'enraidit pas facilement quand elle est usée: les mouvements quotidiens de la main "dérouillent" trop bien cette articulation.
Or l'enraidissement est le stade où l'arthrose devient moins douloureuse: l'articulation fonctionne peu. Le cartilage est complètement usé. Il n'y a plus de débris irritants dans la cavité articulaire. L'os est à nu mais ne souffre guère dans ces petites jointures où s'exerce peu de poids, contrairement à un genou par exemple.
Le handicap vient de la limitation des mouvements articulaires: gênant dans les activités manuelles fines, mais on s'y est adapté parce que l'évolution a été très lente, et on n'a jamais les déviations très marquées de la polyarthrite qui ôtent toute force à la main.

Les pièges diagnostiques:
-Les lésions osseuses: En cas de traumatisme à l'origine de vos douleurs, une radio doit être systématique pour éliminer une fracture ou une nécrose d'un des petits os du carpe.
Les autres causes sont à évoquer quand la radio ne retrouve ni lésion osseuse ni usure de l'articulation trapézo-métacarpienne (rhizarthrose):
-La tendinite de De Quervain: est l'irritation des tendons du pouce: Contrairement à la rhizarthrose où on ne voit pas grand-chose à part la saillie inconstante de la base du pouce, la tendinite gonfle et efface les reliefs des tendons sur le bord du poignet. Il faut comparer avec l'autre côté et tenir compte du fait que vous avez un poignet plus musclé que l'autre.
-Les lésions ligamentaires et les dérangements articulaires: le carpe est un enchevêtrement de petits ligaments parfois très sollicités dans des mouvements répétitifs ou effectués en mauvaise position. Les lésions partielles de ces ligaments, les décentrages des surfaces articulaires, provoquent des douleurs mal comprises et tenaces. Le bord du poignet côté pouce est particulièrement concerné.
-Les douleurs d'origine nerveuse: pas tellement le syndrome du canal carpien, qui s'étend typiquement à plusieurs doigts et surtout le majeur. Le piège est la névralgie cervico-brachiale C6, irritation de la 6ème racine nerveuse cervicale. Il faut donc sans hésiter vérifier la liberté des mouvements de la tête et palper le cou du côté du pouce douloureux, à la recherche d'un point pas forcément très sensible, mais qui pourrait être le point de départ de cette douleur de l'extrémité.

Le traitement d'une phase douloureuse continue:
Ce n'est pas là qu'il faut se lancer dans une gymnastique agressive: l'articulation est irritable et il est utile de la mettre au repos une partie de la journée (et éventuellement la nuit) par une orthèse pour rhizarthrose
Mais l'immobilisation permanente a l'inconvénient de diminuer le drainage articulaire et la réparation. Suivez donc le Protocle de traitement d'une arthrose en phase congestive.

Les anti-inflammatoires calment médiocrement cette arthrose très localisée, il faudrait les prendre plusieurs semaines, mauvaise balance bénéfice / risques -> déconseillés.
L'infiltration est le traitement le plus spectaculaire si votre patience est à bout, mais est délicate: la piqûre est assez pénible, et pas toujours facile à réussir (produit bien envoyé dans l'articulation). Mais quand elle est bien réussie, les douleurs disparaissent souvent complètement et durablement (plusieurs mois à un an).

Le traitement des douleurs plus modestes et la prévention des crises:
L'infiltration vous semble agressive. L'orthèse est trop contraignante par rapport à votre gêne.
Si c'est l'injection de cortisone plus que la piqûre qui vous inquiète, sachez que l'injection de hyaluronate, bien que n'ayant pas fait l'objet d'une évaluation scientifique spécifique, est souvent efficace en pratique courante.

Le vrai traitement de fond est le recentrage actif de l'articulation.
Il est très connu à l'épaule, beaucoup moins au pouce. Ainsi, ne comptez pas sur un kiné pour vous le montrer. Voici comment procéder:

La déformation de la rhizarthrose, c'est la base de l'os métacarpien qui a tendance à "sortir" vers la surface de la peau. C'est pourquoi beaucoup de gens ont l'impression de la voir former une saillie anormale.
Pourquoi cette déviation? Aucune donnée scientifique, mais on peut imaginer que la main travaillant beaucoup en serrage (flexion des doigts autour d'un manche), le pouce qui travaille en opposition aux autres doigts subit d'importantes contraintes en translation sur sa base -> distension ligamentaire progressive.

La technique de recentrage
consiste à renforcer les muscles qui ramènent la base du métacarpien vers le fond de l'articulation: ce sont les abducteurs du pouce.
1) Tractez doucement mais fermement votre pouce dans l'axe (vers l'extrémité du pouce). Inutile d'appuyer sur des zones sensibles: tirez à partir de la tête du métacarpien (la 1ère articulation du pouce, côté métacarpien)
2) Procurez-vous 2 ou 3 élastiques standarts, assez longs pour faire le tour de votre main. Placez-les autour de tous vos doigts, pouce compris,
3) Placez la main à plat sur une table.
4) Pressez gentiment sur la base du pouce avec votre autre main, en direction du bord opposé de la main, comme si vous vouliez aplatir la bosse que forme cette base du pouce.
5) Ecartez le pouce des autres doigts. Les élastiques vous obligent à forcer. Insistez lentement jusqu'au bout du mouvement, relachez, recommencez. Faites 3 séries de 10 fois l'exercice, chaque jour.

Si vous avez l'impression de réveiller vos douleurs au début:
C'est normal: une articulation souffrante travaille. Essayez de trouver le secteur et l'orientation du mouvement qui vous paraît le plus confortable. Vous n'êtes pas obligé de bouger beaucoup le pouce: il suffit de maintenir une tension en écartant une vingtaine de secondes, qui fatigue vos muscles et va les tonifier.
Glacez éventuellement la base du pouce avec un cryopack en fin d'exercice.

L'orthèse poignet-pouce de rhizarthrose
enraidit électivement la base du pouce. Les doigts restent assez libres, permettant la plupart des activités quotidiennes. Facilement amovible, on peut l'ôter pour les gestes de précision. On distingue l'orthèse d'immobilisation nocturne et l'orthèse de fonction.
L'orthèse d'immobilisation est plus efficace, particulièrement celle en plastique moulé sur mesure. Pour un soulagement rapide, elle sera de préférence utilisée aussi dans la journée. Mais elle est plus gênante: plus grande et maintenant le pouce dans une position peu fonctionnelle.
Les orthèses de fonction sont conçues pour la journée, plus petites, moins raides et avec le pouce plus mobile. Mais elles restent irritantes pour les "nerveux" et les manuels, auxquels je conseille plutôt la technique de recentrage ci-dessus.

En pratique:
Pour des douleurs importantes et continuelles, voyez plutôt un orthésiste pour un moulage sur mesure, plus cher mais nettement plus efficace.
Pour des douleurs moins gênantes, le meilleur compromis entre efficacité et confort est la Rhizogib® de Gibortho (9/08).


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