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Spondylarthrite Mise à jour: 10/02

Spondylarthrite ankylosante (SPA)

Ce rhumatisme inflammatoire fréquent peut démarrer à tout âge, le plus souvent au début de l'âge adulte. On a cru longtemps que c'était une maladie masculine. Mais en fait elle touche aussi souvent les femmes, de façon moins sévère. Elle prend l'allure chez vous mesdames d'un banal mal de dos, particulier par son opiniâtreté, sa prédominance matinale et le soulagement net apporté par les anti-inflammatoires.
La SPA est un rhumatisme "axial", c'est-à-dire qu'il touche surtout la colonne vertébrale, rarement les articulations des membres. Il s'oppose ainsi à la polyarthrite rhumatoïde, l'autre rhumatisme fréquent, qui est lui "périphérique".
La douleur lombaire est la manifestation la plus constante. Pour la différencier de la lombalgie courante, liée à la souffrance du disque intervertébral, voici les éléments les plus évocateurs:
-l'âge de début est inhabituellement jeune pour une lombalgie discale, souvent entre 15 et 30 ans
-douleur diffuse prenant souvent les fesses aussi bien que le bas du dos (lombalgie discale: "point" plus précis, sauf quand la douleur diffuse le long des nerfs, fréquent chez les femmes trop grosses et trop cambrées)
-douleur matinale, s'échauffant avec les activités physiques, enraidissante si on reste sans rien faire (lombalgie discale: aggravée par l'effort, la station assise et debout prolongée dans la journée)
-poussées douloureuses démarrant sans raison, durant plusieurs semaines à plusieurs mois (lombalgie discale: déclenchement par un effort ou une détérioration de l'hygiène de vie, douleur variable d'une journée à l'autre)
-s'allonger ne soulage pas, les nuits sont difficiles lors des poussées (lombalgie discale: on peut avoir du mal à s'endormir si les douleurs sont en fin de journée, mais la nuit se passe bien si on a trouvé sa position)
-d'autres membres de la famille ont eu (jeunes) mal au dos. Bien sûr, s'il y a eu un diagnostic de SPA porté dans la famille, cela augmente nettement la possibilité que vous en ayez une. Mais la lombalgie est un problème tellement courant qu'avoir des parents qui souffrent du dos n'est plus vraiment un critère évocateur.
-les anti-inflammatoires et l'aspirine sont très efficaces, permettant d'avoir une activité physique normale (lombalgie discale: ces médicaments vous sont utiles, mais ne font que masquer la douleur, les efforts importants restent difficiles).
Le médecin confirmera le diagnostic avec des radiographies et une prise de sang. Elle comporte éventuellement un test génétique, la recherche du fameux HLA B27, gène présent plus de 9 fois sur 10 dans cette maladie. Attention, c'est un gène relativement fréquent dans la population générale: avoir mal au dos et être positif pour le B27 ne veut pas dire que vous avez une SPA, les 2 étant fréquents. Ce gène est plutôt un argument de confirmation du diagnostic, utile dans des situations litigieuses plutôt que devant des symptômes typiques. Le test B27 n'est pas remboursé par la sécurité sociale. Inutile de le faire parce que quelqu'un de votre famille a une SPA. Signalez plutôt ce fait à votre médecin et demandez-lui si vos propres douleurs peuvent être en rapport.
La SPA n'est pas un rhumatisme "méchant" dans la très grande majorité des cas. C'est avant l'arrivée des anti-inflammatoires qu'il a bien mérité son titre d' "ankylosant". Les personnes touchées n'ayant pas grand chose d'efficace pour se dérouiller devenaient peu à peu raides comme des bambous, colonne rigide avec la tête regardant les pieds, limitation de l'amplitude respiratoire. Ces SPA "historiques" ne se voient plus car les anti-inflammatoires sont des médicaments efficaces. Ils ne doivent pas être considérés juste comme des médicaments de confort. Vous ne pouvez pas "esquiver" ces douleurs qui n'ont pas de justification (pas d'effort physique déclenchant). Les supporter finira par miner votre bonne volonté et vous ferez des compromis physiquement qui vont favoriser un enraidissement. Les anti-inflammatoires doivent être considérés comme un traitement de fond, comme les exercices de rééducation. Vous n'êtes pas obligé d'en prendre en permanence, car il y a des périodes où votre maladie vous laissera tranquille. Mais n'hésitez pas à en prendre en continu pendant les longs mois que durent parfois les poussées douloureuses.
La rééducation est très utile. Un kiné vous montrera des exercices d'assouplissement pour la colonne et la cage thoracique (vous en trouverez bientôt ici un rappel). La répétition des séries de séances dépendra de votre autonomie dans ces exercices, et votre attirance pour la physiothérapie avec laquelle il adoucira vos périodes les plus difficiles.

La complication à connaître quand on souffre de SPA: l'uvéite. C'est une inflammation rhumatismale de l'oeil. Elle a l'allure d'une banale conjonctivite, mais très douloureuse, survenue sans cause apparente, et ne guérissant pas. Le traitement est urgent: foncez chez l'ophtalmo, il faut mettre régulièrement un collyre à base de cortisone, voire faire des injections intra-oculaires de cortisone dans les cas difficiles (brrr...). Si vous négligez l'affaire, vous risquez de garder des cicatrices à l'intérieur de l'oeil et de subir une baisse définitive de vision. C'est une maladie associée à la SPA plutôt qu'une complication. Elle est également associée au gène B27. Certains peuvent faire des uvéites à répétition sans jamais faire de SPA et vice versa.
A signaler également, une manifestation particulièrement casse-pied, au sens propre et figuré: l'enthésopathie. C'est une inflammation de l'attache d'un tendon sur l'os (enthèse), fréquente au talon (attache du tendon d'Achille). Les enfants et les adolescents sont les plus souvent concernés. La douleur est permanente, majorée par le sport (tractions sur le tendon). Mais elle ne correspond pas à une réelle lésion du tendon. Il n'est pas fragilisé et l'ado peut continuer à faire du sport s'il le souhaite, malgré la douleur. Il est raisonnable de prendre de l'aspirine par exemple, une heure avant l'activité sportive pour la rendre plus tolérable. Les anti-inflammatoires, cependant, sont peu efficaces sur les douleurs continuelles de l'enthésopathie: c'est une zone peu irriguée où les médicaments arrivent en faible concentration. Les gels ou pommades ont du mal à traverser la peau, épaisse à cet endroit, et deviennent fastidieux au bout d'une semaine ou deux. L'infiltration est efficace. Elle est désagréable. Son effet n'est pas éternel mais le médecin peut la répéter si vous trouvez que le résultat vaut le coup. L'enthésopathie finit par disparaître spontanément, au bout de plusieurs mois à quelques années. Elle laisse en cicatrice une ossification de la naissance du tendon ("épine").

Mise à jour traitement 12/09 sur le blog...


Autres spondylarthrites

Un rhumatisme identique peut accompagner le psoriasis et certaines maladies digestives chroniques: rectocolite hémorragique, maladie de Crohn...
Les traitements de la maladie causale et de la spondylarthrite sont généralement les mêmes,
sauf pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens, contre-indiqués par les maladies digestives.


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