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Comment améliorer tout seul son épicondylite Mise à jour: 8/11

Comprendre:

L'épicondyle est une bosse osseuse sur le côté poilu du coude. C'est une extrémité de l'humérus, l'os du bras.
Dessus s'attache un tendon assez étroit, commun aux muscles épicondyliens de l'avant-bras.
A leur autre extrémité par contre, ces muscles ont des tendons différents, et donc leur contraction produit des gestes différents.
Pour bien traiter une épicondylite, il faut identifier le mouvement contrarié le plus douloureux, qui indique le muscle qui a trop forcé sur son attache épicondylienne.
En effet, même si ce tendon est commun à plusieurs muscles, ce n'est toute sa zone d'accrochage qui est fragilisée, mais la zone correspondant aux fibres du muscle en question, que vous pouvez trouver en vous palpant soigneusement tout autour de la bosse épicondylienne.

Etre sûr qu'on a bien une épicondylite par surmenage tendineux:

Il existe en effet d'autres douleurs épicondyliennes qui simulent parfaitement une épicondylite en ayant une origine très différente:

1) Dérangements articulaires du coude:
Le point douloureux n'est pas situé aussi précisément sur l'épicondyle: il est dans la région et parfois on ne trouve pas vraiment son point sensible.
Les mouvements sans résistance sont douloureux si on les pousse à fond: extension complète, flexion complète, pronosupination (coude étendu, tournez la main vers l'intérieur puis vers l'extérieur): l'un de ces mouvements ne va pas correctement jusqu'au bout. Dans l'épicondylite très inflammatoire, ces mouvements peuvent être douloureux mais vous sentez qu'ils ne sont pas bloqués.
Les causes sont des traumatismes plutôt que des efforts répétitifs comme dans l'épicondylite. Avez-vous eu une traction brutale sur le coude, une entorse, un faux-mouvement?
20% des gens ont un ménisque au coude, qui peut se fissurer comme au genou.
Les radios sont le plus souvent normales dans ces causes articulaires. Elles ne peuvent montrer qu'une arthrose, rare au coude et presque toujours conséquence d'un ancien traumatisme.
Si vous pensez qu'il puisse s'agir d'un dérangement articulaire, voyez un ostéopathe.

2) Epicondylalgies:
La véritable épicondylite est une fragilisation de la jonction os-tendon par des tractions très soutenues et répétitives: métiers très physiques pour le bras ou sports très dynamiques. Il peut arriver que l'on ait oublié ce qui a surmené le coude si le début n'a pas été brutal, mais les personnes sédentaires ne font pas d'épicondylites de surmenage.
Les épicondylalgies, elles, ont 2 causes principales, souvent intriquées:
-Irritation chronique des nerfs au niveau cervical, liée à des postures statiques prolongées de la tête: cette irritation se traduit par des douleurs aux endroits du territoire de ces nerfs particulièrement riches en terminaisons nerveuses. C'est le cas de ces bosses du coude, épicondyle et épitrochlée, et de la base du pouce. Ce problème touche non pas les métiers manuels mais les travailleurs sur écran, entraînant des pseudo-tendinites bilatérales et touchant à la fois épitrochlées et épicondyles, sans qu'il y ait réellement de lésion tendineuse. Ce phénomène peut aussi majorer beaucoup une petite tendinite d'effort qui aurait été autrement peu gênante.
-Tensions permanentes sur les tendons, caractéristique des gens dits "nerveux", qui ne sont jamais complètement détendus -> c'est la permanence de la tension davantage que des tractions brutales répétées qui fait la souffrance des insertions. Mais ce problème est presque toujours intriqué avec la cause cervicale.
Là encore, dans un tel contexte, il est préférable de voir un ostéopathe compétent pour un bilan cervical. Cependant le traitement manuel ne vous débarrassera pas définitivement des problèmes si vous gardez des positions très statiques pour la tête.

3) Signalons enfin les névralgies radiales:
moins faciles à confondre avec l'épicondylite car il s'agit d'une douleur de nerf irradiée à l'avant-bras et non d'un point douloureux. Mais le départ est dans la région de l'épicondyle, la zone est sensible car c'est là que le nerf est comprimé, et les mouvements de l'avant-bras réveillent la gêne -> même les médecins s'y trompent.
Il s'agit d'une sensation désagréable à l'avant-bras côté radius, douleur mais aussi sensibilité anormale de la zone, impression de gonflement ou courant électrique, fourmillements...
C'est lié à compression du nerf radial au passage du coude, où il est exposé à une irritation par des mouvements trop répétitifs. La sensibilité en palpant n'est pas sur la bosse osseuse mais profonde dans les muscles juste à côté.
Le repos est efficace (mais pas rapidement). L'ostéopathie ne donne pas grand-chose sauf si un blocage articulaire favorise l'irritation du nerf. C'est l'infiltration qui est la plus rapide si elle est fait au bon endroit (ce n'est pas sur l'épicondyle mais en profondeur dans les muscles sur la zone où vous avez le plus l'impression de réveiller votre gêne à l'avant-bras).

Toute douleur qui traîne malgré un traitement adapté ou n'est pas typique des contextes décrits ci-dessus justifie une radiographie systématique.

Muscles épicondyliens: Les mouvements concernés:

Posez la main sur une poignée de porte. Les mouvements à tester sont:
-La flexion des doigts: serrez la poignée de porte.
Si la douleur est nette, vous devrez éviter la manipulation d'outils, le serrage (y compris de donner des poignées de main), et si vous avez des outils indispensables, grossissez les manches pour les empaumer plus facilement, sans être obligé de serrer fort (manches en mousse dense par-dessus les manches en bois, ou un rouleau d'élastoplaste sur votre manche habituel, une bonne épaisseur de grip sur votre raquette de tennis...)
-La pronation: tournez la poignée vers 'lintérieur (vers la gauche si c'est la main droite, vers la droite pour la main gauche):
Normalement c'est le geste le moins douloureux, assuré par les muscles épitrochléens, qui s'attachent sur la bosse du côté glabre du coude -> ce geste est possible.
-La supination: tournez la poignée vers l'extérieur:
Plus douloureuse que la pronation. C'est normal: les épicondyliens sont supinateurs. Evitez donc les torsions contrariées de l'avant-bras dans ce sens. En fait il faut proscrire tous les outils genre tournevis, le fer à repasser, l'ouverture de couvercles de bocaux, le revers au tennis... Débrouillez-vous de l'autre main tant que possible, apprenez à devenir ambidextre, ce n'est pas facile mais toujours utile pour l'avenir.
-L'extension du poignet: tentez de relever votre poignet, coude étendu, main bloquée par la poignée, paume vers le bas:
C'est le mouvement le plus difficile. L'épicondylite concerne le plus souvent le muscle 2ème radial, le plus concerné par cette extension contrariée du poignet
-> quand vous soulevez le moindre poids, pensez à tourner l'avant-bras de façon à placer systématiquement la paume vers le haut: c'est le biceps qui va faire le boulot et non plus votre malheureux 2ème radial.

Principe de la rééducation:

Guérir une épicondylite n'est pas seulement une affaire d'économies de mouvement.
S'il suffisait de mettre les muscles au repos, on pourrait traiter avec un plâtre: traitement lourd, mais qu'accepteraient facilement des personnes qui traînent une épicondylite depuis plusieurs mois.
Cela ne marche pas. Du moins cela pourrait être un début de traitement pour une déchirure sévère des épicondyliens, mais il faut, pour qu'une lésion guérisse sous plâtre, qu'il y ait au départ une inflammation ou un saignement important, qui assurent une réparation très active. Ce n'est presque jamais le cas dans une épicondylite, où une inflammation modeste mais gênante n'arrive pas à compenser efficacement les effets des tractions quotidiennes sur ces muscles.

Le principe de l'autorééducation est:
1) détendre les épicondyliens par des étirements, de façon à limiter les tractions permanentes sur la zone fragilisée
2) tirer sur cet ancrage fragilisé jusqu'à apparition de la douleur, qui stimule la réparation, mais sans insister trop non plus
3) augmenter l'intensité et la durée de traction très progressivement au fil des jours
4) masser la zone sensible pour stimuler la micro-circulation locale.

Le protocole:

1) Etirements des épicondyliens:
Etendez le coude du côté douloureux, fléchissez le poignet, tournez-le vers l'intérieur (vers la gauche pour le poignet droit). Avec l'autre main, passer par-dessus le bras pour aller croiser les doigts de votre main tordu vers l'intérieur. Accentuez la torsion en tirant avec votre bonne main. Attention! le coude douloureux doit être toujours en extension complète. Si le mouvement est bien fait, il réveille votre douleur habituelle.
Maintenez la traction pendant une petite minute en essayant de détendre l'avant-bras.

Extension du coude -> flexion du poignet

-> supination (la main tourne comme pour ouvrir un bocal) -> les autres doigts croisent et accentuent la torsion, le coude coude restant bien étendu et le poignet fléchi.

2) Renforcement excentrique:
Prenez une petite haltère (seulement la barre métallique au début) dans la main du côté douloureux, tendez le bras à l'horizontale, fléchissez le poignet, tournez lentement la main vers l'intérieur puis l'extérieur, en allant bien jusqu'aux extrêmes dans les 2 sens.
Puis revenez en position main horizontale, paume vers le bas. Relevez lentement le poignet, puis fléchissez-le. A nouveau insistez bien jusqu'aux extrêmes.
Variante: montez et descendez la main en petits cercles, dans le sens des aiguilles d'une montre puis sens inverse.
Enfin, serrez lentement mais fortement la poignée, puis relachez.
Faites une série de 10 fois l'exercice. Recommencez une 2ème, puis une 3è série en allant légèrement plus vite.
La séance est quotidienne, et chaque jour vous augmentez légèrement le poids de l'haltère.
Système D économique: utilisez une bouteille en verre ou en plastique résistant que vous remplissez d'eau un peu plus chaque jour. Commencez à 300 grammes (300ml) et montez jusqu'à 2kgs ou plus.
Comment devez-vous régler l'intensité et la vitesse de progression selon la douleur?
La douleur est normalement nette lors des étirements et en début d'exercice, puis s'échauffe, puis réapparaît si vous insistez plus longtemps.
Il faut aller jusqu'à la réapparition de la douleur, et continuer encore 1 à 2 minutes: l'inflammation est réveillée et stimulée, mais vous n'irez pas jusqu'à redéchirer l'ancrage comme lors de mouvements brusques ou trop répétitifs dans votre profession.
En pratique:
Si la douleur n'apparaît pas à la 3ème série, vous pouvez augmenter le poids.
Si elle apparaît pendant les 2 premières séries, réduisez le poids.
La progression concerne aussi la vitesse des mouvement: Vous pouvez accélérer progressivement au bout de 10 jours. Mais commencez toujours la 1ère série à vitesse lente.

3) Nouvel étirement des épicondyliens

4) Glaçage par cryopack pendant 2 minutes

5) Massage transverse et longitudinal: A un autre moment de la journée, repérez votre point sensible au voisinage de la bosse osseuse de l'épicondyle. Appuyez fermement et massez très lentement perpendiculairement au tendon (dans le sens de la largeur du coude), puis glissez plus vigoureusement le long des fibres du tendon dans le sens longitudinal (longeur de l'avant-bras).

La technique à la mode pour "asticoter" le point douloureux est le traitement par ondes de chocs :
Le principe est d'agresser l'attache du tendon sur l'os avec un appareil qui "tape" répétitivement. C'est un peu agressif et laisse d'ailleurs facilement des bleus… mais cela stimule la réparation locale, très paresseuse dans cette zone, ce explique la durée de la tendinite.
Le traitement est pratiqué en général dans les centres sportifs et n'est pas remboursé. Ce n'est pas donné…
Le système D est de se taper soi-même à cet endroit, certains le font par exemple avec le dos d'une grosse cuillère en argent (lourde). Mais lancer un objet dur contre l'épicondylite agresse un peu trop la peau. Reproduisez plutôt le principe des ondes de choc en calant par exemple la tête d'un marteau contre l'os, et en tapant dessus avec un autre marteau pour transmettre les vibrations sans amocher trop la peau. Il ne faut pas taper trop fort bien sûr, mais répéter rapidement des petits coups pendant 2 à 3 minutes, 2 fois par semaine, pendant 3 semaines.
A éviter cependant sur une épicondylite très douloureuse, avec un gonflement local : dans ce cas l'irritation est déjà suffisante et c'est surtout un repos relatif qu'il faut observer.
Si vous décidez d'entreprendre cette technique de choc, ne faites pas simultanément les exercices de renforcement décrits plus haut, cela ferait trop d'agressions pour votre tendon. Commencez alors par les ondes de choc, puis faites du renforcement au bout d'un mois, surtout si vous devez reprendre des activités physiques importantes. Vous pouvez également commencer par les exercices, et passer aux ondes de choc si vous trouvez que ça n'avance pas beaucoup.

Les autres consignes:
-pas de sport de raquette ou de manipulation d'outils lourds pendant la période de rééducation
-portez éventuellement une coudière anti-épicondylite, dont l'effet est surtout un pense-bête pour éviter les mouvements forcenés de ce bras.

La suite:

Soyez attentif dans l'avenir: Les efforts rapides, répétés et surtout inhabituels, peuvent redéclencher votre tendinite. Vous devez maintenir un niveau d'activité moins répétitif sur les gestes de ce bras si vous vous en servez en permanence, ou activité plus constante si vous êtes bricoleur ou sportif forcené du week-end, mais sédentaire en semaine. Si vous envisagez des gros travaux, réhabituez votre tendon à l'effort plusieurs semaines à l'avance en reprenant des exercices de renforcement progressif selon la méthode décrite ci-dessus.

Le sport et les efforts importants:
Si les douleurs s'améliorent, n'essayez pas de tester le résultat par des efforts plus violents, sportifs en particulier, pendant les 3 premiers mois: vous pouvez casser la consolidation que vous étiez en train d'obtenir. C'est en arrivant, par la méthode progressive, à des forces de traction sur le tendon quasi-équivalentes au sport que vous pratiquez, que vous pourrez reprendre cette activé sans risque.

La profession manuelle:
Il y a des professions où l'économie gestuelle n'est pas possible, en particulier quand le poste de travail impose un geste répétitif de l'avant-bras.
Le repos complet n'est pas souhaitable, vous déconditionne du travail, risque de nuire à votre ambiance professionnelle, parfois... vous vous rendez compte que vous n'avez pas vraiment envie d'y retourner. Mais faites alors rapidement des projets pour vous recycler avant de vous transformer en téléphage et de vous être fait un ennemi du médecin-conseil !
La meilleure solution est le changement de poste, provisoire ou définitif, en vous faisant assister du médecin du travail, muni d'une lettre explicative du médecin traitant. Car même les traitements les mieux suivis peuvent n'avoir qu'un effet temporaire si le travail a un rôle central dans le déclenchement de la tendinite.
La reconnaissance en maladie professionnelle est possible quand le métier comporte des gestes très répétitifs du bras.

FAQ épicondylite

Q: Vous conseillez de masser transversalement le point le plus sensible du tendon 5 à 6 x/j. La lésion de l'enthèse nécessitant une immobilisation suffisante, n'est-il pas plus approprié d'opérer ce massage 3 x/sem. ?

R: L'enthésopathie n'est pas une solution de continuité nécessitant une immobilisation. Si l'on plâtre une épicondylite, elle récidive facilement par la suite car l'insertion s'est réparée mais n'est pas plus résistante qu'auparavant.
Il faut stimuler la réparation de l'enthèse jusqu'à la rendre plus solide.
2 méthodes physiques:
1) les tractions régulières mais limitées en intensité sur le tendon: ce sont ces facteurs mécaniques qui stimulent l'activité réparatrice cellulaire, mais ils ne doivent pas aller jusqu'à la rupture de nouvelles fibres tendineuses,
2) le massage ferme du tendon et du périoste stimule la micro-circulation locale et favorise le métabolisme cellulaire. Il devrait être répété aussi souvent que possible.
Le traitement à la mode par ondes de choc agit probablement par le même mécanisme: stimulation de la circulation locale, micro-traumatismes en nappe, effusion de cellules sanguines et stimulation de la réparation.

La solution n'est donc pas le repos mais juste l'éviction de tractions brutales, trop répétitives ou prolongées, tout en réentraînant le tendon à l'effort. La méthode est donné dans les pages adhérents.

Notez que tout ceci n'est qu'hypothèse de bon sens: Il n'y a pas de données scientifiques sur la pertinence de la fréquence des massages.


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