Il existe une confusion constante dans l’esprit des gens entre «différence» et «inégalité», de même qu’entre «égalité» et «clonage».
Les êtres humains sont tous fondamentalement différents et simultanément organisés autour des mêmes «briques» psychiques, d’instinctives aux étages inférieurs jusqu’aux «valeurs» communes des étages supérieurs. C’est la qualité de leur auto-organisation conjointement avec le parcours environnemental spécifique à chacun qui produit l’originalité individuelle. Du moins le pensent ceux qui ont abandonné l’idée d’un principe métaphysique quelconque — l’âme restant le plus populaire — déterminant cette originalité, dont on n’a trouvé aucune trace jusqu’à présent, et qui ne semble nécessaire que si l’on n’a pas fait son deuil de la divinité d’Homo sapiens.
Ce qui sépare «inégalité» et «différence» est l’existence de principes moraux. Ils tranchent entre différences «éthiques» et «inacceptables». Nous percevons immédiatement la difficulté de la tâche, surtout avec le caractère multistandard, nous l’avons vu, de la morale. Pour limiter les conflits résultant de l’application de principes qui ne contiennent aucunement l’absolu qu’on leur prête, la solution est de les restreindre à ceux recueillant une relative unanimité parmi les membres d’un groupe. C’est là une des fonctions essentielles du groupe : cloisonner des ensembles capables d’une relation harmonieuse parce que partageant la même morale. Un groupe, comme ses préceptes, n’a aucune vocation à s’étendre — erreur responsable des conflits majeurs de l’humanité — ; un groupe a vocation à entrer en relation avec les autres, de façon à former des sociétés de groupes, échelons successifs, chacun doté de ses propres règles morales spécifiques. Continue reading »